"Dans l'assurance, les proies potentielles sont rares"

Hugues Doumenc, directeur de la recherche chez Fideuram Wargny, estime que les opérations de rachat dans le secteur de l'assurance n'entraîneront pas de grands mouvements transfrontaliers en raison de la rareté des cibles potentielles. Toutefois, il prévoit une hausse de 15 à 20% des cours dans ce secteur à horizon six mois.

latribune.fr- L'acquisition de Toro par Generali pourrait-elle donner lieu à une accélération du phénomène de consolidation du secteur de l'assurance en Europe?

Hugues Doumenc- Je ne le crois pas. En effet, le dossier Toro était sur le marché depuis quelque temps. Generali a pu d'autant plus payer le prix fort et l'emporter sur les autres candidats à la reprise, notamment étrangers, que les synergies dégagées par la fusion des deux groupes en Italie sont très importantes. En outre, Generali a réalisé cette opération car le groupe a pour objectif de grandir. Il se sent menacé et craint de devenir une proie potentielle car Generali est le plus petit des grands assureurs européens. De fait, cette opération a manifestement un caractère défensif et s'inscrit dans la volonté du groupe de faire monter sa capitalisation pour se protéger.

Toutefois, Axa a récemment acheté Winterthur, confirmant une consolidation du secteur...

Certes, mais la difficulté pour le secteur c'est que les cibles sont rares. En outre, les acquisitions ne sont financièrement intéressantes que lorsqu'il y a des synergies réalisables localement. Dans le cas de Winterthur, Axa a des activités communes dans plusieurs pays. Ce qui facilite le rapprochement, d'autant que l'assureur suisse avait bien redressé ses comptes. C'était surtout une opportunité à saisir.

Malgré le manque de cibles, les assureurs ne cherchent-ils pas à accélérer leur croissance?

Il est vrai que le marché européen de l'assurance est très mature, notamment dans le dommage. Ce qui n'est pas le cas des marchés émergents, et des grands marchés porteurs comme l'Amérique et l'Asie. Toutefois, en Europe, il reste trois pays où la consolidation est encore relativement peu avancée: l'Italie, l'Espagne et l'Allemagne. On pourrait notamment assister à des désengagements par des banques de leurs activités assurance. A l'inverse, la consolidation pourrait aussi prendre la forme à terme de rapprochement de réseaux bancaires et d'assureurs.

En outre, les opérations de rachats, qui ont concerné notamment les participations minoritaires de leurs filiales européennes pour Allianz et Generali, ont été soutenues par la situation d'excédent de fonds propres dans laquelle se retrouvent la plupart des assureurs après leurs efforts de redressement de leur rentabilité

Dans ce contexte, Groupama, qui est à l'affût d'acquisition, n'est-il pas en difficulté?

Groupama a en effet beaucoup de mal à trouver des proies pour mettre en route son processus de cotation en Bourse. Le groupe était d'ailleurs intéressé par Winterthur.

En Bourse, quel est le potentiel du secteur assurance?

Le secteur a sur-réagi à la récente correction des marchés boursiers et sa valorisation actuelle ne prend pas en compte la capacité de résultat des groupes pour les deux ans à venir. Certes l'assurance est en haut de cycle dans le dommage, mais dans l'assurance-vie, le marché est encore très favorable. Le potentiel boursier du secteur est de 15 à 20% dans les six mois (notamment pour Axa et Allianz) et cette progression ne devrait reposer que sur les résultats des entreprises, puisque le caractère spéculatif du secteur est très faible.

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