Toyota Rav 4 : l'ex-roi du 4x4 compact séduira les familles

Pionnier du « Crossover » compact en 1994, il fut longtemps le 4x4 le plus populaire de France. La quatrième génération perd sa compacité et sa sportivité. Beaucoup plus grand, le nouveau Rav4 devient une solution alternative au monospace familial. Un changement d'orientation au bénéfice du confort, de la douceur de conduite et de l'espace à bord. Dommage qu'il soit si triste !
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Né en 1994, le Rav 4 fut le pionnier des 4x4 compacts. Avec un énorme succès à la clé. Doté d'une bouille rondouillarde de bande dessinée, ce modèle archi-compact, gai avec ses sièges colorés, vif et amusant à conduire, avait une personnalité folle. Malheureusement, comme si elle avait eu peur d'une telle audace, la firme nippone n'a cessé depuis, au fil des générations, d'édulcorer la personnalité de son modèle emblématique. La quatrième version rentre dans le rang. Carré, massif, taillé un peu à la serpe - mais bien protégé par de vrais pare-chocs et des bourrelets latéraux en plastique -, ce Land Cruiser en réduction devient de plus en plus « Toyota », c'est-à-dire dessiné sans audace ni fantaisie dans un style consensuel pour ne déplaire à personne à travers le monde... Quitte à ne jamais provoquer de coup de foudre.

Rationnel et triste

Même chose à l'intérieur, avec des formes géométriques, fonctionnelles. Tout est à sa place, rationnel, correctement pensé, mais froid, sans vraiment de charme. C'est triste, avec une ambiance noire uniforme - même sur la version huppée « Lounge », Toyota ne propose aucun choix de coloris -, des plastiques durs sans doute costauds mais peu valorisants, des tissus de sièges doux au toucher (déjà ça !) mais sans raffinement particulier et qui accrochent la poussière. Et ce ne sont pas les « décorations » en faux aluminium gris ou le skaï sur la planche de bord censé suggérer le cuir, qui rehaussent l'ensemble. Comme toujours, les assemblages sont certes sérieux et la position de conduite se révèle satisfaisante. Devenu un « gros » 4x4 compact (+24 centimètres par rapport à l'ex-Rav4 III et +90 par rapport au premier de la lignée), le nouveau venu est extrêmement habitable, pratique avec ses sièges arrière qui peuvent s'effacer pour offrir un vaste espace de chargement plat. Il se voit doté d'un grand coffre carré. Les familles apprécieront. Mais, on aurait aimé un peu de chaleur, de sensualité !

Défauts d'ergonomie

Notons aussi quelques défauts d'ergonomie. Les logements pour de menus objets sur la console sont toujours dépourvus de feutre ou de caoutchouc, ce qui fait que tout se balade à chaque virage. L'accoudoir central non réglable est mal placé. Mais le plus grave reste le compteur de vitesses, pas du tout adapté aux limitations françaises. Il n'y a pas de chiffres impairs (50, 90, 110, 130), tellement précieux à visualiser si l'on veut garder son permis. Et les tout petits repères correspondant à ces chiffres impairs absents sont quasi-illisibles par grand soleil ou... par temps très sombre. On ne sait donc jamais précisément si l'on est en-dessous ou au-dessus de la vitesse limite ! A quand des gros chiffres devant les yeux comme chez Peugeot, Citroën, Renault, Volkswagen, Volvo ? Saluons l'écran central tactile placé en hauteur. Mais, impossible d'afficher le GPS et de changer une station de radio mémorisée en même temps. Agaçant. En outre, l'antiparasitage de la radio est médiocre... Critiquons aussi le hayon électrique. Un progrès ? Non, car l'ouverture et la fermeture automatiques sont d'une désespérante lenteur. On a donc vite envie de le manipuler manuellement. Mais, le système déteste qu'on le force ! Enfin, déplorons que la banquette arrière ne soit plus coulissante comme avant, histoire d'agrandir le coffre mais de garder tout de même trois places habitables derrière.

Moteur doux et souple

Ceux qui ne s'attarderont pas sur l'austérité de l'ambiance intérieure seront toutefois comblés par les qualités dynamiques de la voiture. Car, ce nouveau Rav4 fait preuve d'une homogénéité exceptionnelle. Tout d'abord, le moteur diesel de 124 chevaux sera un fidèle compagnon. Pas très expressif vu le poids à tirer, ce 2 litres est néanmoins doux, souple, élastique. Et oui, une cylindrée relativement forte, c'est quand même bien, non ? Ce moteur Toyota est dépourvu du trou au démarrage dont sont affublées bien des mécaniques modernes. Rien à voir avec un Nissan Qashqai +2 doté du petit 1,6 diesel Renault totalement amorphe au démarrage. Quelle docilité, ici ! Ce moteur a du couple, tout en se montrant économique. Nous n'avons consommé qu'un peu plus de 7 litres de gazole aux cents durant notre essai. Raisonnable pour un tel engin. Le levier de vitesses a perdu sa rugosité d'antan et les rapports s'enchaînent désormais sans problèmes. L'embrayage manque un peu de consistance lors d'un démarrage rapide. Mais, vu la vocation familiale de ce véhicule, ce n'est pas tellement gênant.

Confort plaisant

Par rapport à l'ancienne mouture, la surprise vient aussi du confort. Fini la sécheresse, place à une grande souplesse ! Surtout avec les pneus à flancs hauts des versions de base (65R17). Malheureusement, sur les versions plus puissantes et huppées, on a « droit » à des jantes plus grandes et des flancs plus bas qui détériorent un peu le confort. Cette douceur est une des qualités marquantes du véhicule, sauf sur de brutales dénivellations comme les murets de béton, alias « ralentisseurs », dont nos élus ont parsemé les chaussées de notre belle France. Sur des pavés disjoints, la voiture trépide aussi désagréablement. Mais, ça reste marginal. Cet assouplissement général se fait... au détriment de la précision. Si la conduite du précédent Rav4 pouvait être amusante, avec une étonnante sûreté de trajectoire sur routes sinueuses, ce n'est plus le cas aujourd'hui. L'agilité en a pris un coup. Mais, le Rav4 demeure toujours très neutre en conduite normale, ce qui rassurera la plupart des conducteurs. Et, comme on a gagné beaucoup en confort, nous acceptons ce moindre plaisir de pilotage. Notons quand même au passage que les pneus nippons Yokohama ne sont pas les meilleurs en matière d'adhérence. En fait, Toyota a américanisé son Rav4... Logique. Auparavant, le constructeur proposait deux versions, une « européenne » courte et une « américaine » longue aux réglages différents. Dans un souci d'économies, la marque a uniformisé son offre, l'alignant sur la... version « américaine ». Bref, ceux qui ont connu et apprécié les précédents Rav4 doivent absolument essayer la nouvelle mouture avant de l'adopter. Car, s'ils croient retrouver la même voiture, ils risquent d'être un rien déçus. La vocation du véhicule a en effet changé. C'est désormais une vraie solution alternative aux monospaces des familles.

Version 4x2

Nous avions à l'essai une version de base 4x2, sans transmission aux quatre roues. Tel quel, en simple traction avant donc, un peu plus sobre et moins cher, « notre » Rav4 interdisait évidemment toute escapade boueuse ou neigeuse. Mais, nous n'avons pas de critiques à formuler. Le train avant passe bien la puissance, il est vrai modeste. Ce qui n'est pas tout à fait le cas sur un Volkswagen Tiguan 4x2 ou un Mazda CX-5 4x2! En fait, ce Rav4 4x2 se conduit comme... un bon monospace compact. D'ailleurs, pour ceux qui voudraient faire du tous chemins avec un Rav4, rappelons un défaut traditionnel du véhicule, à savoir la ligne d'échappement très saillante sous la voiture. Attention aux chemins trop creux ou aux pierres !

Tarifs compétitifs

Le Rav4 IV diesel 4x2 démarre à 26.590 euros. En finition intermédiaire « Life » un peu mieux dotée (caméra de recul, anti-bouillards, six haut-parleurs au lieu de quatre...) comme sur notre modèle de test, la voiture monte à 28.990 euros. Les tarifs sont compétitifs vu l'espace intérieur. Il y a quelques options. Un « pack sécurité » à 900 euros propose notamment des avertisseurs de changement de file et d'angles morts. Bof. Le radar de stationnement arrière est à 350 euros, le toit ouvrant électrique à 900. Le GPS requiert 700 euros de plus. La finition de pointe « Lounge » grimpe à 33.990 euros, toujours avec le 124 chevaux à gazole, en ajoutant le cuir (noir), le « pack sécurité », le GPS de série. Pour les quatre roues motrices, qui se couplent avec un moteur plus puissant de 150 chevaux, comptez presque 3.000 euros de supplément.

Réputation de fiabilité

Quintessence du savoir-faire et du style Toyota, ce modèle est parfaitement réussi dans son genre. Il sera comme un ami fidèle, sérieux, sur qui on peut toujours compter, quoi qu'il arrive, mais que l'on trouvera un peu terne, voire parfois ennuyeux. En tous cas, Toyota se classe toujours parmi les meilleurs dans les enquêtes sur la satisfaction des consommateurs. Après des problèmes de fiabilité sur les diesels il y a quelques années, le Rav4 semble redevenu une valeur (très) sûre. Un point crucial à prendre en compte lors de la décision d'achat. Quant au réseau Toyota en France, il est tout aussi réputé pour la qualité de ses prestations. Une Toyota, c'est souvent un peu tristoune et sans panache. En revanche, question rigueur et fiabilité, foncez les yeux (presque) fermés !
Alain-Gabriel Verdevoye

Modèle d'essai : Toyota Rav 4 124 D-4D 4x2 Life : 28.990 euros

Puissance du moteur : 124 chevaux (diesel)

Dimensions : 4,57 mètres (long) x 1,84 (large) x 1,66 (haut)

Qualités : Confort, moteur doux et souple, vaste habitabilité, carrosserie bien protégée, réputation de fiabilité,

Défauts : Comportement moins dynamique, intérieur triste, compteur de vitesses peu lisible, hayon électrique agaçant

Concurrents : Kia Sportage 1,7 CRDi Active Smart Drive : 28.100 euros ; Nissan Qashqai +2 1,6 dCi Optima : 28.190 euros ; Ford Kuga TDCi 140 4x2 Titanium : 29.350 euros

Note : 14,5 sur 20


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Commentaires 6
à écrit le 04/10/2013 à 14:25
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Autant j'adore le tableau de bord, autant je trouve ridicule et hors d'âge les clignotants arrières oranges !!! C'est d'un laid !

à écrit le 20/06/2013 à 12:09
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j'aime : "traction avant" j'ai aussi un pléonasme : "propulsion arrière" :-D

à écrit le 15/06/2013 à 9:47
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Ce n'est pas efficient du tout comme véhicule ! Un Twike électrique entre autres modèles, par exemple le tw4xp consomme l'équivalent de 0,25 litre aux 100 km et utilise bien moins de matières premières ! La C1 de Lit Motors fait pas mal non plus en t...

à écrit le 15/06/2013 à 9:30
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Un tableau de bord dessiné dans les anees 80, c'est ca le style qui plait aux journalistes ...

le 17/06/2013 à 8:41
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Lisez l'article, on dit justement le contraire!

à écrit le 14/06/2013 à 22:09
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Bref, aussi sympa qu'une allemande..

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