Le nouveau patron d'EDF atomise Areva au profit d'Alstom

Ses propos ont pas mal agité les marchés ce mercredi. Et pour cause : ils sont potentiellement créateurs de valeur, tant pour Areva que pour Alstom et pour EDF.

Depuis ce mercredi matin, tout le monde essaie de décrypter les propos du nouveau PDG d'EDF, et président non exécutif de Veolia, son entreprise d'origine, Henri Proglio. En appelant dans Les Echos à un démantèlement du groupe public nucléaire Areva et à une refonte totale de la filière, il réussit un coup de billard à nombreuses bandes. Mais comme le disait un ex PDG du CAC, "il faut savoir si le nombre de bandes est pair ou impair : si la boule revient d'où elle est partie ou finit de l'autre côté".

Ses propos ont en tout cas pas mal agité les marchés ce mercredi. Et pour cause : ils sont potentiellement créateurs de valeur. D'abord pour Areva (coté sous forme de certificat d'investissement ) qui pourrait valoir plus découpé en morceaux - d'un côté l'activité industrielle avec l'ex-Framatome, de l'autre l'amont à savoir le minerai d'uranium et son traitement, et l'aval, le retraitement, avec l'ex-Cogema.

Ensuite pour Alstom dont le titre est celui qui profite le plus de cette spéculation car il serait le repreneur naturel d'Areva-Framatome, sous l'égide de son grand actionnaire Bouygues qui rêvait un temps de s'associer à Areva dont la patronne Anne Lauvergeon y semblait alors favorable.

Enfin, Henri Proglio sert aussi les intérêts de sa nouvelle maison à l'heure où celle-ci connait des tensions internes sur fond de production en berne. Car les cours d'EDF n'intègrent pas le rôle qu'il lui dessine : tête de pont, pointe avant de la filière nucléaire française à l'exportation. Une façon de mettre fin à une ambiguïté car quand Pékin veut acheter des réacteurs à la France, il parle certes à Areva mais aussi au grand exploitant qu'est EDF. Idem quand Washington envisage de confier à un groupe tricolore la fabrication de certaines de ses futures centrales : cela se ferait surtout via la récente union EDF-Constellation.

Tout cela a de quoi plaire à l'Elysée, plutôt proche d'Alstom et de Bouygues et à qui l'ex grand chiraquien qu'est Henri Proglio doit donner des gages. Mais pas à Anne Lauvergeon. Ses oreilles doivent siffler à force d'entendre dire qu'Areva n'a décidément pas la compétence de maîtriser un projet complexe comme celui du futur réacteur nucléaire EPR qui accumule les retards, notamment sur son chantier pilote en Finlande.

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