Bourse et entreprises familiales : un tandem toujours gagnant ?

Depuis lundi, Peugeot n'est plus dans l'indice CAC 40. L'entreprise sochalienne plus que centenaire a été remplacée par le groupe belge de chimie Solvay. Alors, Bourse et entreprises familiales sont-elles incompatibles ? Dans la plupart des cas, la réponse est (plus que) négative. Selon, une récente étude de la société de gestion SYZ Asset Management, les entreprises familiales (dont au moins 20% du capital est contrôlé par une même famille) ont généralement des performances boursières supérieures aux autres valeurs.

 La surperformance des entreprises familiales du Stoxx 600, c'est-à-dire la différence entre leur performance et celle de l'indice européen, atteint respectivement 32%, 26% et même 60% au cours des 3, 5 et 10 dernières années, selon les données de l'étude. Ces résultats ne sont pas une surprise en soi, ils ne font que conforter l'étude d'Anderson et Reeb publiée en 2003. Elle montre que, pendant la période de 1992 à 1999, les sociétés en mains familiales américaines cotées en bourse ont largement surperformé les entreprises non familiales.

Pourquoi alors une telle différence ? Les entreprises familiales ont une vision à long terme dans leurs investissements quitte à rogner sur la profitabilité à court terme. Cette approche patrimoniale à long terme aligne ainsi « les intérêts entre l'entreprise et ses actionnaires. » explique Eric Bendahan, l'auteur de l'étude. Il prend l'exemple du chocolatier Lindt qui a souhaité se diversifier aux Etats-Unis. « Même si l'entreprise a perdu de l'argent pendant 5 à 7 ans sur ses activités américaines, la direction a maintenu le cap et Lindt gagne aujourd'hui des parts de marché et a réussi à s'imposer comme un acteur important sur l'un des plus importants marchés mondiaux », souligne Eric Bendahan.

Bilans plus solides

Aussi, le gérant explique que ces sociétés présentent des bilans plus solides et ont une « tendance à consentir des dépenses d'investissement et de recherche & développement plus importantes ». Cette approche leur offre une plus « grande flexibilité » financière, ce qui leur permet d'agir rapidement sur des acquisitions potentielles ou d'avoir un matelas confortable en cas de conjoncture difficile. Dans ces conditions, ces entreprises sont plus armées pour « engager des dépenses d'infrastructure et de recherche & développement plus importantes et anticycliques. » et ainsi devenir moins dépendantes des mouvements des marchés boursiers.

Mais les entreprises familiales ne sont exemptes de risques, ils sont juste différents d'une société lambda. Un des risques les plus évidents est celui de la dépendance de l'entreprise à son fondateur ou à son PDG. Eric Bendahan ne néglige pas ce risque «en particulier pour une entreprise de première génération, car il n'est pas rare qu'une entreprise à première vue florissante ne survive pas à la disparition de son fondateur. Une planification successorale appropriée est donc essentielle. » C'est le cas de Pernod-Ricard dont le président du Conseil d'Administration, Patrick Ricard est décédé brutalement en août dernier. Si cette nouvelle tragique a sonné comme un coup de tonnerre, du point de vue purement opérationnel, aucun bouleversement notable est à prévoir. C'est en effet Pierre Pringuet qui est à la barre du paquebot Ricard depuis 2008. Et la relève est assurée pour la suite puisque c'est Alexandre Ricard, le petit-fils du fondateur Paul Ricard, qui sera appelé aux responsabilités d'ici 2015, date à laquelle Pierre Pringuet aura atteint la limite d'âge statutaire pour les fonctions de Directeur Général. En attendant, Danièle Ricard, la soeur du défunt sera à la présidence du groupe. Un mois après le décès de Patrick Ricard, le titre du groupe de spiritueux s'en tire bien avec un gain de 2% dans sa musette. Une succession bien préparée est toujours appréciée du marché.

Mieux vaut nommer un CEO externe à la famille

« La question de la génération à laquelle appartiennent les propriétaires familiaux est également importante » souligne l'auteur de l'étude. Notamment dans le cas des sociétés dont le dirigeant est aussi le fondateur à l'image d'Iliad, le fournisseur français d'accès et de téléphonie mobile sous la marque "Free", fondée par Xavier Niel en 1996. Le titre Iliad s'adjuge 30% depuis le début de l'année pour coter sur ses plus hauts historiques avec le lancement d'une offre de téléphonie mobile à prix cassés.

Pour assurer la pérennité de l'entreprise, l'auteur de l'étude rappelle qu'il est préférable de « de constituer une fondation de famille et de nommer un CEO externe à la famille. C'est d'ailleurs dans cette situation qu'on obtient le meilleur rapport risque/performance. 

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