L'inquiétude domine sur les marchés européens. A Paris, le CAC 40 a terminé de 0,55% ce mercredi à 3.030,04 points, dans un volume d'échanges plutôt faible de 2,95 milliards d'euros. De mauvais chiffres américains qui alimentent les perspectives d'un ralentissement de la croissance outre-Atlantique sont venus s'ajouter à la crainte d'une sortie de la Grèce de la zone euro. A quelques jours d'un scrutin décisif dans le pays, l'appréhension reste forte à ce sujet. "La perspective d'un éclatement de la zone euro et les mauvais chiffres macro-économiques incitent les investisseurs à se dégager de l'ensemble de la zone euro", indique ainsi un courtier CapitalEconmics interrogé par l'AFP.

Des opératieurs soucieux des cas espagnol et chypriote

Ce sentiment de défiance envers l'Europe a été renforcé par l'annonce du plan d'aide aux banques espagnoles qui a soulevé de nombreuses questions et ajouté aux incertitudes, souligne-t-on dans les salles de marché. "Pour les investisseurs internationaux, l'Europe est devenue incompréhensible, donc ils préfèrent vendre", résume Xavier de Villepion, vendeur d'actions chez Global Equities. Le cas des banques chypriotes est également en train de prendre de l'importance après que Moody's eut abaissé les notes de deux banques de ce pays, invoquant "le risque accru de sortie de la Grèce de la zone euro".

Progression des producteurs de métaux précieux à Londres

A Londres, où l'indice FTSE-100 des principales valeurs a gagné 10,07 points, soit 0,18% par rapport à la clôture de mardi à 5.483,81 points, la prudence était aussi de mise. "Les investisseurs restent sur la réserve jusqu'au résultat des élections en Grèce la semaine prochaine", a commenté Jordan Lambert, courtier chez Spreadex.

Par ailleurs, "les coûts d'emprunt de l'Espagne et de l'Italie continuent de grimper", alimentant les inquiétudes sur la zone euro, a-t-il ajouté. Les producteurs de métaux précieux ont bien progressé grâce à la montée des cours de l'or. Fesnillo a ainsi gagné 4,06% à 1.487 pence et Randgold 2,08% à 5.885 pence. Royal Dutch Shell a pris 1,21% à 2.170 pence, en dépit de la décision du gouvernement français de suspendre la campagne d'exploration pétrolière qui devait démarrer ce mois-ci au large de la Guyane.

Le distributeur Sainsbury a pour sa part perdu 2,61% à 283,5 pence. Il a annoncé mercredi des ventes en hausse au premier trimestre, bénéficiant des célébrations pour le jubilé de diamant de la reine Elisabeth II, et a dit prévoir de continuer à faire mieux que le marché à l'avenir. Toutefois, ces résultats "sont positifs mais moins bons que ce qu'attendait le marché", a noté Freddie George, analyste chez Seymour Pierce. Enfin, WPP a abandonné 1,95% à 753 pence. Les actionnaires du groupe de publicité ont voté à une large majorité mercredi contre l'augmentation de la rémunération de son patron Martin Sorrell, nouvel épisode du "printemps des actionnaires" dans les entreprises britanniques.

Le secteur de l'energie brille à Francfort

A Francfort, l'indice Dax des trente valeurs vedettes a clos en recul de 0,14% à 6.152,49 points. Le MDax des valeurs moyennes a perdu 0,63% à 9.981,88 points. Outre l'Espagne et l'Italie, dont les taux d'emprunt se sont envolés ces derniers temps, l'issue des élections législatives en Grèce occupaient les esprits des investisseurs.

Du côté des valeurs, les énergétiques ont progressé, à la faveur d'informations selon lesquelles elles comptaient réclamer des milliards d'euros de dédommagement à l'Etat allemand qui a décidé l'abandon de l'énergie nucléaire d'ici 2022. EON, qui a confirmé qu'il voulait réclamer 8 milliards d'euros, a pris 1,85% à 14,89 euros. RWE a gagné lui 0,82% à 28,99 euros.
"L'issue de ce litige est très incertaine", tempérait Michael Schäfer d'Equinet, se gardant de tout pronostic. La justice allemande pourrait se prononcer à la fin de l'année prochaine au plus tôt, selon la FAZ.

Les valeurs automobiles ont fini en queue du Dax, alors que le gouvernement français vient d'annoncer qu'il étudiait un éventuel soutien des pouvoirs publics au secteur automobile, à la suite de la demande d'aide formulée par Renault. Daimler a perdu 2,10% à 34,26 euros, Volkswagen 1,81% à 122,05 euros et BMW 1,31% à 57,81 euros. Volkswagen a souffert d'une information du Financial Times Deutschland selon laquelle l'intégration de la part restante de Porsche va lui coûter 4,5 milliards d'euros, soit 600 millions d'euros de plus que prévu au départ.

Chahutée, la Bourse de Madrid grimpe de 1,42%

Enfin, secouée depuis plusieurs semaine, la Bourse de Madrid a terminé mercredi en hausse de 1,42% à 6.615,3 points, dans un marché toujours hésitant, l'annonce d'un plan d'aide européen pour les banques espagnoles, dont les détails ne sont pas connus, n'ayant pas rassuré les investisseurs.

Les valeurs bancaires notamment ont profité de cette hausse: Santander, première banque en zone euro par la capitalisation, a fini la séance en hausse de 1,29% à 4,878 euros, BBVA a gagné 1,28% à 5,21 euros et Caixabank a progressé de 1,62% à 2,382 euros. Bankia, la troisième banque du pays par les actifs, fortement chahutée depuis l'annonce en mai qu'elle va devoir bénéficier d'un sauvetage public de 23,5 milliards d'euros, a elle perdu 1,26% à 1,015 euro.

"Les Bourse s restent dans l'expectative avant les élections en Grèce dimanche", dans "un environnement de rumeurs continuelles sur les conditions de l'aide financière (à l'Espagne), sur l'Italie...", notent aussi les analystes de Renta4.