Les députés européens souhaitent serrer un peu plus la vis contre la Russie, en guise de représailles à son offensive depuis plus d'un an et demi en Ukraine. Dans une résolution adoptée ce jeudi 9 novembre, les eurodéputés estiment nécessaire que l'Union européenne collabore avec les pays du G7 pour imposer une interdiction totale des importations russes de gaz naturel liquéfié (GNL) et de GPL. Pour le moment, le gaz russe ne fait l'objet d'aucune sanction ni restriction de la part de l'UE.
Sans un embargo, se passer rapidement du GNL russe apparaît très compliqué dans l'immédiat, estiment les experts. « Il existe une réalité commerciale : des entreprises européennes ont des contrats à long terme avec des fournisseurs russes » et pourraient donc ne réduire leurs achats que progressivement à mesure qu'expirent ces contrats, indiquait Simone Tagliapietra, de l'institut Bruegel, mi-octobre. Pour surmonter l'obstacle légal, il faut soit instaurer un embargo sur le GNL russe, soit restreindre son importation à des volumes coordonnés via une plateforme commune, à un prix plafonné, estimait le chercheur.
L'UE toujours accro au GNL russe
Il faut dire que les Vingt-Sept ne se privent pas du GNL russe. Certes, la part de la Russie dans les importations de gaz de l'UE (gazoduc et GNL) est tombée à 15% au cours des sept premiers mois de 2023, contre 24% en 2022 et 45% en 2021. Mais ce recul camoufle le bond des achats de GNL russe, à 12,4 milliards de m3 (bcm) sur janvier-juillet (17% des achats européens de GNL), contre 19,3 bcm sur l'ensemble de 2022 et 13,5 bcm pour toute l'année 2021, selon la Commission européenne. La moitié du gaz russe importé par l'UE était du GNL en janvier-juillet, contre seulement un quart l'an dernier.
« Nous pouvons et devons réduire ces livraisons russes de GNL, voire les éliminer complètement. J'exhorte entreprises et États membres à tous faire leur part », avait d'ailleurs lancé la commissaire à l'Energie Kadri Simson mi-septembre depuis Varsovie.
Bruxelles rappelle toutefois qu'il s'agit d' « un volume relativement limité » et que les livraisons venant d'autres pays ont parallèlement gonflé. En effet, investissant dans des terminaux portuaires, les Vingt-Sept ont augmenté de 70% l'an dernier leurs achats de GNL, transporté par navires et importé à plus de 40% des États-Unis.
L'ONG Global Witness, avance de son côté des estimations d'importations européennes plus élevées encore que ces chiffres officiels. Selon son rapport publié fin août, les Vingt-Sept ont augmenté de 40% leurs importations de GNL au cours des sept premiers mois de l'année par rapport à la même période en 2021, pour une valeur de quelque 5,29 milliards d'euros.
La France mauvaise élève
Plusieurs pays, comme le Portugal ou la Suède, ont sabré leurs achats de GNL russe en 2022. Ce n'est pas le cas de tous et notamment de la France. Ses importations ont bondi à +41% entre janvier et septembre 2023 par rapport à la même période en 2021, selon le groupe de réflexion IEEFA (Institute for Energy Economics and Financial Analysis) dans un rapport publié mardi 31 octobre. Au point que, sur cette période, la Russie a été le deuxième plus gros fournisseur de GNL de l'Hexagone, derrière les États-Unis.
Les revenus de ces ventes alimentent directement la machine de guerre russe, selon certains membres de l'UE, d'où l'idée d'un embargo. Mais d'autres pays européens y sont plus réticents en raison du déséquilibre qu'une telle mesure pourrait provoquer sur le marché européen du gaz dont les prix pourraient alors flamber.
Vers un nouveau paquet de sanctions
Dans leur texte non contraignant de ce jeudi, les eurodéputés réclament également un embargo sur les importations de diamant en provenance de la Russie ou réexportés par la Russie à destination de l'UE.
Des mesures sur les diamants doivent justement être incluses dans le prochain paquet de sanctions contre la Russie que préparent les Vingt-Sept. Il s'agirait alors du 12ème. Les membres de l'UE devraient en discuter lors d'une réunion en début de semaine prochaine, selon des sources diplomatiques européennes.
(Avec AFP)
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