Hy24, le champion français de l’hydrogène vert

Créé en 2021 et doté d’une force de frappe de 2 milliards d’euros, ce fonds détient un portefeuille d’une vingtaine d’investissements.
Pierre-Étienne Franc, directeur général du fonds d’investissement consacré à l’hydrogène décarboné.
Pierre-Étienne Franc, directeur général du fonds d’investissement consacré à l’hydrogène décarboné. (Crédits : © CHLOÉ VOLLMER-LO)

Si l'issue de la COP28 a longtemps suscité des craintes, le communiqué final de la conférence sur le changement climatique les a en partie supprimées. Tous les acteurs engagés dans la transition énergétique l'ont salué. Parmi eux, Pierre-Étienne Franc, le directeur général de Hy24, le gérant du plus grand fonds mondial consacré aux infrastructures d'hydrogène décarboné, y a vu un double encouragement : « La COP28 a acté non seulement la nécessité de s'éloigner des énergies fossiles, mais aussi la volonté de tripler la capacité d'énergie renouvelable à l'échelle mondiale, souligne cet ancien d'Air liquide. Ce qui implique un recours croissant à l'hydrogène pour décarboner les grandes industries telles que la sidérurgie ou la chimie, très consommatrices d'énergie. »

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Mieux, la coalition d'une cinquantaine de pays en faveur de ces dispositions renforce, selon lui, la dynamique de soutien à un déploiement massif de l'hydrogène vert - produit à partir d'énergie solaire ou éolienne. Hy24, détenu à parité avec Ardian, le géant français du private equity, a été créé en octobre 2021. Il détient déjà un portefeuille d'une vingtaine d'investissements en Europe et ailleurs sur la planète (États-Unis, Australie, Arabie saoudite...), avec une force de frappe de 2 milliards d'euros. Le fonds compte parmi ses investisseurs une douzaine de grands groupes français ou européens, dont Airbus, TotalEnergies, EDF, Vinci, Air liquide, CMA CGM (propriétaire de La Tribune Dimanche), Axa ou encore le Crédit agricole. Mais aussi des partenaires asiatiques, notamment le fonds souverain de Singapour, GIC.

100 000 milliards de dollars devront être investis

« Il n'existe pas d'autre fonds de cette envergure à ce stade », souligne Pierre-Étienne Franc. En moins de deux ans, les projets financés sont à 80 % en construction ou déjà en phase de démarrage, comme Green Steel, en Suède, futur premier site de production d'acier décarboné grâce à l'hydrogène, ce qui permettra de diminuer les émissions de CO2 du site de 7 millions de tonnes par an. Ou ICE (InterContinental Energy), en Australie et à Oman, pour produire de l'hydrogène vert à partir de solaire et d'éolien.

Outre ceux de Hy24, près de 1 500 projets internationaux au total sont actuellement recensés, pour un montant global de 600 milliards d'euros. « L'accélération est perceptible mais nous n'allons globalement pas assez vite, relativise le PDG de Hy24. Il faut passer des paroles aux actes. C'est toute la problématique du secteur, qui a besoin d'investissements multipliés par dix chaque année. »

Selon les estimations des experts, 1 milliard d'euros investi permet la création de dix projets, dont la valeur atteindra in fine 1 milliard d'euros pour chacun. Un effet multiplicateur qui se répercutera ensuite tout au long de la chaîne de valeur, y compris dans l'équipement industriel ou les transports. « Notre rôle consiste à faciliter la bascule pour qu'un écosystème mondial de l'hydrogène vert se mette en place », ajoute Pierre-Étienne Franc. Les enjeux sont colossaux : jusqu'à 100 000 milliards de dollars devront être investis dans l'hydrogène pour parvenir à atteindre la neutralité carbone d'ici à 2050. Un délai très court, alors qu'il a fallu quarante ans au gaz naturel liquéfié pour représenter 20 % de la consommation d'énergie mondiale, et cinquante ans pour le nucléaire, avec 10 % du total.

De multiples incertitudes subsistent, notamment aux États-Unis, où le volet hydrogène du plan anti-inflation (IRA) reste pour l'instant bloqué. Et en Chine, qui concentre à elle seule 50 % de la production mondiale d'hydrogène vert, mais qui ne fait pas partie de la trentaine de pays signataires de l'accord de reconnaissance mutuelle de l'hydrogène propre. L'autre frein au développement des projets est financier, à cause de la hausse continue des taux d'intérêt depuis deux ans. « Pour un changement de modèle aussi fondamental, il faudrait des outils de financement spécifiques et des taux d'intérêt adaptés », estime le directeur général de Hy24.

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