Pétrole : avec la fusion des groupes APA et Callon, le marché américain accélère sur le bassin permien

D'un montant de 4,5 milliards d'euros, la fusion entre les deux pétroliers américains démontre l'attractivité de l'abondant bassin permien aux Etats-Unis. L'opération est d'autant moins anodine que plusieurs autres sociétés se positionnent sur cette région.
Callon possède près de 500 km2 dans le bassin permien (Photo d'illustration).
Callon possède près de 500 km2 dans le bassin permien (Photo d'illustration). (Crédits : Reuters)

Nouvelle grosse opération dans le secteur pétrolier nord-américain. Les groupes APA Corporation et Callon Petroleum ont annoncé ce jeudi leur projet de rapprochement, pour un montant évalué à 4,5 milliards de dollars. Le projet a été approuvé à l'unanimité des deux conseils d'administration, mais doit encore recevoir l'accord des actionnaires des deux groupes.

« Callon a constitué un portefeuille solide dans le bassin permien qui est complémentaire avec nos propres actifs permiens, et qui ajoute une opportunité dans le [bassin] du Delaware », a justifié John J. Christmann IV, patron d'APA, cité dans un communiqué commun.

Dans le détail, Callon possède près de 500 km2 dans le bassin permien. Or, pour rappel, ce dernier constitue la première réserve de pétrole de schiste aux États-Unis. La position d'APA dans les bassins du Delaware et du Midland va notamment grossir de plus de 50% grâce à cette union. Leur production quotidienne combinée dépasse les 500.000 barils.

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Selon le communiqué, l'opération doit être réalisée exclusivement en actions avec 1,0425 action APA pour une action Callon, ainsi valorisée 38,31 dollars. Pour ce faire, APA compte procéder à l'émission de 70 millions de titres pour réaliser cette opération à 4,5 milliards de dollars, dette comprise. Vers 15 heures GMT, l'action APA perdait 6,27% 34,44 dollars et celle de Callon prenait 4,37% à 35,11 dollars.

La finalisation de l'opération est attendue dans le courant du deuxième trimestre, après les feux verts réglementaires. Les actionnaires actuels d'APA détiendront alors environ 81% de la nouvelle entité et ceux de Callon, le solde.

Les transactions qui se multiplient dans le secteur

Cette annonce marque la dernière transaction en date dans l'industrie pétrolière américaine. En décembre dernier, la compagnie pétrolière américaine Occidental Petroleum avait fait part de son intention d'acquérir CrownRock, un producteur de gaz et de pétrole, également américain, pour quelque 12 milliards de dollars. Objectif, là encore, se renforcer dans le bassin permien, au sud des Etats-Unis, en ajoutant environ 170.000 barils d'équivalent pétrole par jour en 2024, précisait alors le communiqué.

Le secteur pétrolier, fort d'une trésorerie solide après les importants bénéfices enregistrés en 2022, voit se multiplier les opérations de grande ampleur ces derniers mois aux Etats-Unis.

Chevron et ExxonMobil en position

Au second semestre 2023, les géants américains ExxonMobil et Chevron se sont renforcés dans les énergies fossiles et notamment dans le secteur controversé du pétrole et du gaz de schiste. Le premier a bouclé début novembre l'achat de Denbury, spécialisé dans la captation de CO2, pour 4,9 milliards de dollars. Il a ensuite annoncé le 11 octobre le rachat de Pioneer Natural Resources pour 60 milliards de dollars.

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ExxonMobil a subi au troisième trimestre une division par deux de son bénéfice net, tombé à 9,07 milliards de dollars, après le record de 19,66 milliards établi un an plus tôt lorsque les cours du pétrole et du gaz avaient bondi, dans le sillage de l'offensive russe sur l'Ukraine. Son chiffre d'affaires, lui, a fondu à 90,76 milliards, contre 112 milliards de dollars au troisième trimestre 2022.

Son concurrent Chevron a également frappé un grand coup avec l'annonce le 23 octobre dernier du rachat du producteur américain de gaz et de pétrole Hess, pour 60 milliards de dollars (dette comprise). Le groupe a enregistré une forte baisse de son bénéfice net au deuxième trimestre. Son chiffre d'affaires a fondu à 48,80 milliards de dollars, contre 68,78 milliards un an plus tôt, et le bénéfice net ressort à 6 milliards de dollars contre 11,62 milliards au deuxième trimestre 2022.

« Cette rafale d'acquisitions par Chevron et ExxonMobil rappelle aux experts de Third Bridge la constitution de ces "super majors" débutée il y a 25 ans, une ère qui a transformé l'industrie pétrolière », avait relevé Peter McNally, analyste de marché, auprès de l'AFP.

Selon lui, il s'agissait à l'époque de synergies de coûts, tandis que l'objectif aujourd'hui consiste à « concentrer des actifs et à bâtir des expertises dans des ressources spécifiques ».

(Avec AFP)

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