Pour la première fois, le réchauffement climatique dépasse 1,5° pendant 12 mois consécutifs

Jamais un mois de janvier n'a été aussi chaud qu'en 2024 et, pour la première fois, la planète a dépassé sur 12 mois consécutifs la barre de 1,5°C de réchauffement par rapport à l'ère préindustrielle. Cela ne signifie pas que la barre des 1,5°C fixée à Paris en 2015 est franchie, il faudrait pour cela que cette limite soit dépassée de façon stable sur plusieurs décennies.
L'Organisation météorologique mondiale a déjà averti que 2024 pourrait bien battre le record de chaleur établi l'an dernier - Photo d'illustration
L'Organisation météorologique mondiale a déjà averti que 2024 pourrait bien battre le record de chaleur établi l'an dernier - Photo d'illustration (Crédits : REMO CASILLI)

Il faisait 16 degrés, tôt, ce matin, à Biarritz. Une température anormalement douce en plein hiver mais qui illustre les données recueillies par les données de l'observatoire européen Copernicus. Il révèle que la planète a dépassé sur 12 mois consécutifs la barre de 1,5°C de réchauffement par rapport à l'ère préindustrielle. Pour rappel, il s'agit du seuil fixé par l'Accord de Paris à ne pas dépasser d'ici à la fin du siècle pour éviter des catastrophes naturelles en tous genres.

 Plus précisément, entre février 2023 et janvier 2024, la température mondiale de l'air à la surface du monde a été de 1,52°C supérieure à la période 1850-1900.

« Cela ne signifie pas que nous avons franchi la barre des 1,5°C fixée à Paris » en 2015 pour tenter d'enrayer le réchauffement climatique et ses conséquences, précise Richard Betts, directeur des études sur les impacts climatiques à l'office national de météorologie britannique.Pour cela, il faudrait que cette limite soit dépassée de façon stable sur plusieurs décennies. « Néanmoins, il s'agit d'un nouveau rappel des profonds changements que nous avons déjà apportés à notre climat mondial et auxquels nous devons maintenant nous adapter. »

De son côté, Brian Hoskins, directeur de l'Institut Grantham sur le changement climatique de l'Imperial College London, estime « qu'il s'agit d'un avertissement brutal sur l'urgence des mesures à prendre pour limiter le changement climatique ».

Lire aussiClimat : selon l'ONU, l'année 2024 devrait être « encore plus chaude que 2023 »

« C'est un signal très important et désastreux, une alerte pour dire à l'humanité que nous nous rapprochons plus vite que prévu de la limite de 1,5 degré », a abondé auprès de l'AFP Johan Rockström de l'Institut de Potsdam pour la recherche sur l'impact du climat (PIK). Le climat actuel s'est déjà réchauffé d'environ 1,2°C par rapport à 1850-1900

« Régionalement, les fortes chaleurs ont notamment touché l'Arctique », a expliqué mi-janvier lors d'une conférence de presse Russell Vose, scientifique de l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA).« L'Amérique du Nord et du Sud, ainsi que l'Afrique, ont chacun expérimenté leur année la plus chaude enregistrée. Pour l'Europe et l'Asie, c'était la deuxième. »

Et au rythme actuel d'émissions, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec) prévoit que le seuil de 1,5°C a une chance sur deux d'être atteint en moyenne dès les années 2030-2035.

Des incendies ravageurs en Colombie et au Chili, une douceur exceptionnel en Europe du Sud

C'est d'autant plus probable qu'avec une température moyenne de 13,14°C, janvier 2024 est le mois de janvier le plus chaud jamais enregistré depuis le début des mesures, après une année 2023 record. C'est 0,12°C, selon Copernicus, de plus que le précédent record de janvier 2020 et 0,70°C au-dessus des normales de la période 1991-2020. Et comparé à l'ère pré-industrielle, c'est 1,660°C plus chaud. Janvier même est le 8e mois d'affilée pour lequel le record de chaleur mensuel est battu. Selon NOOA, « il y a une chance sur trois que 2024 soit plus chaude que 2023, et 99% de chances que 2024 se classe parmi les cinq années les plus chaudes de l'Histoire ».

Le mois a été marqué par une vague de chaleur en Amérique du Sud, qui a enregistré des températures record et des incendies ravageurs en Colombie et au Chili, avec des dizaines de morts dans la région de Valparaiso. Malgré quelques épisodes de froid et des précipitations parfois importantes sur certaines parties du globe, une douceur exceptionnelle a également été constatée en Espagne et dans le sud de la France ainsi que dans certaines parties des États-Unis, du Canada, de l'Afrique, du Moyen-Orient et de l'Asie centrale.

Les océan en surchauffe

Mi-janvier, l'Organisation météorologique mondiale et l'Agence américaine d'observation océanique et atmosphérique (NOAA) ont déjà averti que 2024 pourrait bien battre le record de chaleur établi l'an dernier. La surface des océans est elle aussi en surchauffe, avec un nouveau record en janvier de 20,97°C de température moyenne. Cette valeur s'inscrit au deuxième rang des plus chaudes tous mois confondus, à moins de 0,01°C du précédent record d'août 2023 (20,98°C). Cette chaleur s'est poursuivie au-delà du 31 janvier, atteignant de nouveaux records absolus et dépassant les valeurs les plus élevées des 23 et 24 août 2023, souligne Copernicus.

Plus de mille catastrophes naturelles au Brésil

Le Centre national de surveillance des désastres naturels (Cemaden) a recensé au Brésil 1.161 catastrophes naturelles au total l'an dernier, notamment des inondations et glissements de terrain, du jamais vu depuis le début des relevés en 2011. Selon cet organisme public, ces événements liés à des précipitations extrêmes ont fait au moins 132 morts, plus de 9.000 blessés, et plus de 74.000 personnes ont perdu leur logement. Les dégâts matériels ont été évalués à plus de cinq milliards de réais (environ 925 millions d'euros). « Les changements climatiques ont eu un impact direct sur l'augmentation de la fréquence et de l'intensité des désastres », a expliqué à l'AFP Francisco Eliseu Aquino, climatologue de l'Université fédérale du Rio Grande do Sul (UFRGS).  Le tout combiné selon lui avec la montée en puissance du phénomène météorologique El Niño, synonyme de réchauffement mondial supplémentaire. Le Brésil a en outre déjà été endeuillé par un désastre climatique en ce début d'année, des inondations ayant fait au moins 12 morts à Rio de Janeiro.

(Avec AFP)

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 5
à écrit le 11/02/2024 à 10:08
Signaler
Il y a eu, en 140 ans, depuis les années 1880, un petit réchauffement global de 0,8°C environ, qui a quasiment cessé depuis le début des années 2000, malgré une très forte inflation des émissions anthropiques de CO2. Ce plateau s’est terminé en 2022,...

à écrit le 11/02/2024 à 10:04
Signaler
Selon NOOA, « il y a 99% de chances que 2024 se classe parmi les cinq années les plus chaudes de l'Histoire ». C’est évidemment un énorme, un épouvantable, un affreux mensonge. Il y a eu de très nombreuses périodes bien plus chaudes que la période ac...

à écrit le 11/02/2024 à 9:54
Signaler
"Jamais un mois de janvier n'a été aussi chaud qu'en 2024". C'est faux. Il aurait fallu mettre ". Depuis le début des observations, donc depuis 140 ans, pas un mois de janvier n'a été aussi chaud qu'en 2024"

à écrit le 08/02/2024 à 21:26
Signaler
ILS sont ou tous ceux qui nous disaient qu’on pouvait l’empêcher... En clair c’est foutu! Scénario guerres,pandemies, catastrophes naturelles, famines manqued’eau, famines etc

à écrit le 08/02/2024 à 8:23
Signaler
"Le tout combiné selon lui avec la montée en puissance du phénomène météorologique El Niño, synonyme de réchauffement mondial supplémentaire." C'est indispensable de le rappeler, histoire de nous donner un petit espoir quand même parce qu'en effet no...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.