Le plongeon du pétrole met les experts en alerte

Le recul brutal de plusieurs matières premières, la semaine dernière, pourrait signifier la fin momentanée du super cycle.
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Même les experts les plus aguerris du marché du pétrole se sont fait avoir par le brusque retournement du baril. Jeudi dernier, le contrat le plus traité sur le pétrole, le West Texas Intermediate, est passé dans la même séance de 109 à 98 dollars. Or une large majorité d'acteurs étaient alors « haussiers » : ils avaient pris des paris à la hausse.

« Dans ce cas, les détenteurs d'options d'achat doivent régler des appels de marge énormes » explique un expert. Pour Clive Capital, un des plus gros fonds de gestion alternative investi sur les matières premières, l'addition a grimpé à 400 millions de dollars selon le « Financial Times », soit 8,7 % des actifs sous gestion. D'autres fonds auraient subi des pertes encore plus importantes en pourcentage. Les pertes ne seront pas forcément très lourdes au final: les performances des fonds se calculent plutôt sur le trimestre que sur le mois. Une forte chute, sur une semaine, n'est donc pas forcément très significative.

Le changement brutal de sentiment sur le pétrole, ainsi que sur les autres matières premières, puisque l'argent et l'or avaient également beaucoup baissé, pourrait toutefois signifier une certaine lassitude quant à la classe d'actifs. D'autant que la période de « quantitative easing » de la Réserve fédérale, qui a largement favorisé les afflux de fonds sur les matières premières en faisant craindre une reprise de l'inflation, touche à sa fin. « En dollars, les positions spéculatives à la hausse sur le pétrole étaient à un niveau record, alors que les informations sur les fondamentaux du marché n'avaient rien de particulièrement positif », rappelle Olivier Jakob chez Petromatrix en Suisse. L'arbitrage en faveur du pétrole ou des autres matières premières représentait ces derniers temps une opération financière simple. Vu l'abondance de liquidités qui affluaient en permanence sur le marché, les matières premières, en tant que rempart contre l'inflation, ne pouvaient que grimper. Acheter des matières premières était donc forcément gagnant, qu'il s'agisse de l'or, ou du pétrole. Or la tendance de l'afflux de liquidités touche clairement à sa fin.

Raisons monétaires

Pour les experts matières premières de Morgan Stanley, la raison de l'effondrement brutal du secteur - l'indice S&P GSCI a chuté de 11,2 %, soit un recul jamais vu depuis 2008 -, doit être attribuée à une conjonction de facteurs macroéconomiques et surtout aux questions monétaires. « La conférence de presse plutôt négative de Jean-Claude Trichet, a suscité un rally dans le dollar », constatent les experts. Dans le même temps, la forte croissance dans les pays émergents a rappelé l'urgence de resserrer les flux monétaires dans les « BRIC », alors que l'effondrement brutal des prix de l'argent soulignait le risque de recul des prix sur le secteur.

« Il y a de plus en plus d'inquiétudes sur la question des prix des produits pétroliers, qui affectent négativement la demande », assure l'équipe « commodities » d'UniCredit, qui envisage un recul du baril de pétrole sur la seconde partie de l'année. Une perspective qui vaut aussi pour le reste des matières premières.

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