Les raisons pour restructurer la dette grecque s'accumulent

La réaménagement de la dette grecque pourrait s'accélérer avec l'échec d'un consensus politique à Athènes et l'assouplissement du projet de régulation du secteur bancaire européen.
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La crise financière et économique qui agite la Grèce depuis plus d'un an se transforme en une grave crise politique. Le Premier ministre grec, le socialiste Georges Papandréou, sommé par les bailleurs de fond du pays - Commission et Banque centrale européennes et le Fonds monétaire international (FMI) - de tenir le cap du plan d'austérité, a échoué vendredi à trouver un consensus politique pour faire un tour de vis supplémentaire de la politique de rigueur.

Pourtant cette union nationale est la condition sine qua non de la poursuite du soutien de l'UE et du FMI à la Grèce, de nouveau menacée de faillite. Car non seulement il lui est impossible de se refinancer sur les marchés internationaux à cause de taux prohibitifs, mais surtout la lutte contre la fraude fiscale endémique a enregistré de très mauvais résultats.

Du reste, sur les marchés financiers, l'idée d'une restructuration « souple » de la dette grecque semble être le scénario privilégié par les investisseurs. Un élément supplémentaire est venu confirmé cette hypothèse vendredi : le probable assouplissement des nouvelles règles prudentielles de Bâle III pour le secteur bancaire, selon un projet de directive européenne dont s'est fait l'écho le « Financial Times ». Les mesures dérogatoires « pourraient permettre aux banques commerciales, qui portent une centaine de milliards d'euros de dette grecque, d'assumer plus facilement une restructuration, qui semble aujourd'hui inéluctable », estimait vendredi dans une note Arnaud Poutier, directeur général d'IG Markets France. Ce dernier souligne que « la probabilité de ce défaut augmente, puisque le régulateur bancaire, d'une certaine façon, donnerait aux banques les moyens réglementaires de l'assumer ». Ce « donnant-donnant » offert au secteur bancaire pourrait être en soi la première étape d'une solution durable au dénouement de cette crise en Grèce.

Mais la résolution du problème grec passe aussi par la stabilisation de la situation intérieure. La politique fiscale et les nouvelles mesures annoncées lundi dernier restent une pierre d'achoppement entre Georges Papandréou et le chef de l'opposition conservatrice Antonis Samaras, qui malgré les pressions des chefs de partis conservateurs européens, refuse catégoriquement de valider le nouveau, comme l'ancien, plan d'austérité. « Si vous voulez un consensus, alors mettons-nous d'accord pour renégocier ensemble le mémorandum d'austérité », a demandé Antonis Samaras. Une idée défendue également par le Parti communiste (KKE). Georgos Karatzaferis, chef de l'extrême droite populiste, forte de 9 députés, a proposé, quant à lui, de « s'unir pour lutter contre la dictature des prêteurs à gage du pays ».

Sombre tableau

De son côté, le ministre des Finances a brossé un tableau sombre de l'état du pays. « C'est simple, si on n'a pas la cinquième tranche du prêt de 12 milliards d'euros en juillet, on sera en cessation de paiements », a déclaré Georges Papaconstantinou. Le FMI et l'UE le savent, mais réclament des garanties en cas de changement de majorité et donc un consensus politique.

Or Georges Papandréou est contesté même au sein de sa majorité. Lundi, certains députés socialistes se sont ouvertement opposés au nouveau plan de privatisation, tandis que le Parlement est assiégé depuis trois jours par des milliers de Grecs « indignés » à l'image de ce qui se passe en Espagne et au Portugal.

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