La BCE relève ses taux et se met en mode pause

La BCE a porté son taux directeur de 1,25 % à 1,50 %. Le prochain tour de vis ne devrait pas intervenir avant octobre.
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C'est en pleine tourmente que se réunissait jeudi le conseil des gouverneurs de la Banque centrale européenne. La Grèce est au bord du défaut de paiement. Les agences de notation s'acharnent sur les maillons faibles de la zone euro et ont fait monter le Portugal en première ligne, avec la dégradation de sa note souveraine en catégorie spéculative par Moody's lundi. L'inflation dans la zone euro dérape depuis six mois au-dessus de la ligne rouge de 2 % en glissement annuel, qui constitue le seuil ultime de tolérance de la BCE. La hausse des prix s'est encore élevée à 2,7 % en juin, après une pointe à 2,8 % en mai. Enfin, la croissance, qui avait atteint 0,8 % au premier trimestre, s'essouffle sans que l'on puisse encore affirmer s'il s'agit d'un simple trou d'air ou des prémisses d'un coup de frein plus marqué.

La BCE, qui se bat donc sur deux fronts distincts, est passée à l'offensive sur celui qui constitue le coeur de sa mission : le maintien de la stabilité des prix. Sans surprise, puisqu'elle l'avait pré-annoncé, la banque centrale des Dix-sept a procédé au deuxième tour de vis monétaire du cycle de resserrement amorcé en avril. Son principal taux directeur, le taux de refinancement, a été majoré d'un nouveau quart de point, à 1,50 %.

« Forte vigilance »

La BCE a rehaussé du même montant les deux taux qui enserrent le « refi » mais maintenu à 0,75 % au lieu du traditionnel 1 % le corridor d'encadrement. Le taux de rémunération des dépôts des banques auprès d'elle a ainsi été porté à 0,75 % et le taux de prêt marginal, auquel les banques recourent en cas d'urgence, à 2,25 %.

Mais, pour tenir compte du refroidissement de l'activité, reconnu par Jean-Claude Trichet qui a estimé que « l'expansion se poursuivait mais à un rythme plus faible » lors de sa conférence de presse, la BCE a mis en veilleuse « la forte vigilance », qui l'aurait placée en situation de durcir à nouveau très prochainement les conditions de crédit. Elle lui a substitué « une étroite surveillance » des développements sur le front de l'inflation, qui indique qu'elle a appuyé sur le bouton pause. Du moins le temps de la trêve estivale, car pour Jean-Claude Trichet « les risques d'inflation restent orientés à la hausse », d'autant que la liquidité est abondante. Il a à nouveau martelé sa préoccupation sur les risques d'effets de second tour, que le conseil de gouverneur fera tout pour éviter, et insisté sur le fait que la politique monétaire de la BCE était toujours « accommodante ».

Une dernière frappe préventive de l'actuel président de la BCE pourrait donc intervenir lors du dernier conseil qu'il présidera le 6 octobre de Berlin pour sa deuxième « décentralisation » annuelle, avant qu'il ne cède son fauteuil à l'italien Mario Draghi, le 1er novembre.

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