Possible surcroît de rigueur en France

La France sera-t-elle contrainte de donner un tour de vis budgétaire supplémentaire, pour tenir ses objectifs de réduction des déficits ? La mollesse de la reprise fait craindre ce scénario.
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Le ton est sec, agacé. « Nous ne sommes pas en train de travailler sur les prévisions de croissance, que ce soit pour 2011 ou 2012. À cette époque de l'année, c'est stérile... » À Bercy, l'annonce par le quotidien « Le Monde » que le gouvernement allait devoir réviser à la baisse sa prévision de croissance pour 2012 a fait grincer des dents. Et ce jusqu'à Davos, en Suisse, où s'était déplacée la ministre de l'Économie, Christine Lagarde. La France maintient sa prévision d'une croissance de 2,5 % pour 2012, indiquait vendredi son entourage. La ministre ayant elle-même dit qu'elle prévoyait pour 2011 une croissance de 2 %, un objectif inchangé par rapport à la trajectoire inscrite dans les documents budgétaires.

Si Bercy s'estime donc à l'aise avec ces prévisions, nombre d'économistes ou de grandes organisations sont plus prudents. Ainsi, le Fonds monétaire international, selon qui le PIB ne devrait progresser que de 1,6 % cette année et de 1,8 % en 2012.

Derrière ces querelles d'experts, c'est la question de la politique budgétaire qui est posée et le feuilleton devrait, cette année encore, animer la chronique jusqu'à la fin de l'été. En effet, si la France était amenée au mois d'avril, après les cantonales, comme l'écrit le quotidien, à revoir en baisse sa prévision pour 2012, cela conduirait le gouvernement à chercher des recettes supplémentaires et/ou de nouvelles pistes d'économies afin de tenir ses engagements de réduction des déficits. L'ampleur du tour de vis dépendant de l'amplitude de la révision de la croisance. Le 5 octobre, devant les députés, le ministre du Budget rappelait qu'un demi-point de croissance représentait 5 milliards d'euros.

crédibilité

Cette dose de rigueur supplémentaire permettrait à la France de respecter son tableau de marche. À fin 2012, la France a prévu d'afficher un déficit de 4,2 % du PIB, après 6 % à la fin de 2011. Des points de passage, notamment celui de 6 %, présentés comme intangibles par l'exécutif, pour qui il en va de la crédibilité de la France et de sa signature. François Fillon le répétait encore au début du mois de janvier lors d'un hommage rendu à Philippe Séguin. « En France, l'enjeu de souveraineté est aujourd'hui celui de la réduction de la dépense et de la dette publique », déclarait le Premier ministre.

Ni lui, ni François Baroin n'ont jamais fait mystère qu'en cas de croissance inférieure aux attentes, il faudrait consentir des efforts supplémentaires. Et l'on devrait entendre à nouveau résonner la rengaine de l'été dernier, à savoir la « chasse aux niches fiscales et sociales ». François Baroin semblait préparer les esprits à une telle éventualité en indiquant, il y a un peu plus de deux semaines, qu'il faudrait peut-être aller plus loin dans cette quête aux recettes nouvelles que les 3 milliards d'euros inscrits pour 2012 dans le programme de stabilité transmis à nos partenaires européens.

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