Les Corses dans la rue pour modifier la Constitution

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(Crédits : Jean-Paul Pelissier)

AJACCIO (Reuters) - A trois jours de la visite en Corse du président de la République, plusieurs milliers de personnes ont défilé samedi dans les rues d'Ajaccio, répondant à l'appel du président de l'exécutif corse, Gilles Simeoni.

Si la préfecture de région estime entre 5.600 et 6.000 le nombre de participants à ce rassemblement qui s'est déroulé dans le calme, les responsables nationalistes se félicitaient d'avoir ameuté 22.000 à 25.000 personnes.

"C'est un moment historique, une manifestation qui est d'une ampleur sans précédent à Ajaccio", a déclaré à la presse Gilles Simeoni, alors que le cortège se dispersait. "Cela a été un moment extrêmement fort qui correspond à cette société corse qui est pleine d'espoir".

La manifestation, composée d'élus nationalistes et de représentants de la société civile, était parsemée de "bandere", les drapeaux à la tête de maure. Elle a remonté dans le calme le cours Napoléon, l'artère principale de la cité impériale convergeant vers la place du Diamant.

La veille, l'assemblée de Corse avait voté un texte rappelant l'alpha et l'oméga des revendications nationalistes.

"Cette résolution solennelle entend demander à l'Etat un dialogue sans tabou pour aller vers cette révision constitutionnelle", a expliqué le patron de l'exécutif corse qui réclame une dérogation au droit commun en matière de foncier, de langue et de fiscalité, une réévaluation des ressources techniques et financières de la collectivité corse et enfin le rapprochement des prisonniers politiques.

Il dit attendre que le président de la République donne mardi "des signes forts", un "je vous ai compris".

Les élus de la République en marche - qui n'ont pas marché avec les nationalistes -, avaient voté cette résolution, ce qui est un signal de la volonté d'ouverture présidentielle, selon les observateurs.

De son côté, l'aile droite de l'assemblée de Corse n'a pas participé à la manifestation. Dans une tribune adressée au Figaro, son chef de file, Jean-Martin Mondoloni émet le vœu que les insulaires n'aient "pas à choisir leur camp entre la Corse et la République".

"Toute la Corse attend cette sortie de conflit par le haut", a conclu Gilles Simeoni qui semblait avoir gagné son pari d'une manifestation "pacifique mais déterminée" pour peser dans le bras de fer institutionnel avec Paris.

(Paul Ortoli édité par Caroline Pailliez)