La Banque de France écarte un risque de récession en France

Interrogé au micro de BFM Business ce mercredi matin, François Villeroy de Galhau ne constate pas de signe de retournement généralisé de l'activité. Si celle du secteur privé reste plombée par une contraction tant dans les services que dans l'industrie, le gouverneur de la Banque de France ne perçoit pas « un risque de récession ». Il prévoit toujours de rehausser sa prévision de croissance pour l'année 2023.
François Villeroy de Galhau a répété que la BCE garde ses options ouvertes pour son prochain conseil de politique monétaire, le 14 septembre.
François Villeroy de Galhau a répété que la BCE garde ses options ouvertes pour son prochain conseil de politique monétaire, le 14 septembre. (Crédits : SARAH MEYSSONNIER)

La croissance française est « incontestablement ralentie », a convenu le gouverneur de la Banque de France, au micro de BFM Business, ce mercredi matin. Néanmoins, François Villeroy de Galhau ne voit « pas de signe de retournement généralisé de l'activité ».

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 « Il y a incontestablement un ralentissement, il n'est pas nouveau, il a lieu depuis plusieurs trimestres (...) Mais nous ne voyons pas de signe de retournement généralisé de l'activité », a-t-il précisé sur BFM Business.

Contraction de l'activité dans le secteur privé

Cette déclaration intervient au lendemain d'une intervention peu optimiste du président du Medef. Patrick Martin a en effet affirmé que la conjoncture était « en train de se retourner » en France dans plusieurs secteurs. « On est entre deux eaux », a-t-il affirmé au micro de France Info, constatant que « dans un bon nombre de cas la conjoncture est en train de se retourner », un phénomène « flagrant dans le bâtiment ».

« La dynamique de croissance est en train de s'essouffler dans un panorama mondial qui s'essouffle lui-même », à cause de la hausse des taux d'intérêt. « Il ne faudrait pas que ça dure trop longtemps », a-t-il insisté.

Plusieurs indicateurs semblent venir confirmer la position du Medef, à l'image de l'indice PMI composite publié mardi. Selon cet indicateur, l'activité du secteur privé en France a poursuivi son repli en août, plombée par une contraction tant de l'activité manufacturière que des services. Cet indice, qui compare le volume d'activité à celui du mois précédent, s'est établi à 46 en août, contre 46,6 en juillet, signant sa troisième baisse consécutive et son « plus fort taux de contraction » en presque trois ans, a indiqué S&P dans un communiqué. Pour rappel, une valeur inférieure à 50 signale une contraction de l'activité, et une valeur supérieure une expansion.

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Pénalisé par la faiblesse de la demande, le volume des nouvelles affaires s'est inscrit en baisse, « enregistrant son plus fort recul mensuel depuis 33 mois », d'après la même source. Dans les services, la contraction de l'activité s'est accélérée pour atteindre son rythme « le plus marqué » depuis février 2021, passant de 47,1 en juillet à 46 en août. Déjà publié le 1er septembre, l'indicateur mesurant l'activité manufacturière s'est établi à 46 en août, contre 45,1 en juillet. Soit le septième mois consécutif de contraction.

« Je ne suis pas inquiet, mais je suis vigilant »

Ces chiffres ne suffisent toutefois pas à convaincre le gouverneur de la Banque de France, qui balaye d'un revers de main « un risque de récession ». « La tendance, c'est une croissance faiblement positive », a déclaré François Villeroy de Galhau.

« Je ne suis pas inquiet, mais je suis vigilant. Je crois qu'il est souhaitable maintenant que la production de crédit immobilier se stabilise et ensuite reparte progressivement », a-t-il encore estimé.

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Pour rappel, l'institution publiera son enquête mensuelle de conjoncture la semaine prochaine. La Banque de France va « remonter un peu » sa prévision de croissance en 2023, actuellement de 0,7%, grâce à la « bonne surprise du deuxième trimestre ». Son gouverneur a rappelé que la France « résiste plutôt mieux » à l'échelle européenne, avant de saluer des « succès » dans « la bataille contre l'inflation » des banques centrales.

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Les pics d'inflation globale et d'inflation sous-jacente ont été « dépassés », a-t-il assuré, tempérant les inquiétudes à propos du sursaut observé en août (4,8% sur un an contre 4,3% en juillet, selon l'Insee) en raison des « variations du prix du pétrole » et de la « correction sur le prix de l'électricité au 1er août ».

Une nouvelle hausse des taux à venir ?

« La première de toutes les vertus aujourd'hui, c'est la persévérance (...) et je crois que nous sommes proches ou très proches du point haut des taux d'intérêt », principal instrument pour lutter contre l'inflation, a-t-il réitéré. François Villeroy de Galhau a répété que la BCE garde ses options ouvertes pour son prochain conseil de politique monétaire, le 14 septembre, et le conseil suivant.

« Aujourd'hui, maintenir les taux suffisamment longtemps compte plus que les augmenter significativement, a-t-il indiqué. La course de fond compte plus que l'altitude. »

La BCE a augmenté ses taux pour la première fois à la mi-juillet 2022. Elle a enchaîné huit hausses depuis, portant ses taux à 3,75%, un record depuis le printemps 2001. Avant de décider d'arrêter de serrer la vis du crédit, aura « besoin de signes plus clairs » suggérant que l'inflation converge bien vers son objectif de 2% l'an, indique le compte-rendu de la banque centrale de juillet publié la semaine passée.

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Or, l'inflation s'est établie à 5,3% sur un an, a annoncé Eurostat la semaine passée. L'inflation globale a diminué depuis un an mais reste trop forte, en étant désormais soutenue par des « facteurs intérieurs » liés aux salaires et à la demande, qui ont pris le relais des chocs externes (prix d'énergie), a aussi souligné Isabel Schnabel, membre du directoire de la BCE, dans un discours jeudi dernier.

C'est la raison pour laquelle « une politique monétaire suffisamment restrictive est essentielle pour ramener l'inflation » à l'objectif, a-t-elle martelé, sans toutefois prendre de position ferme sur la prochaine étape.

(Avec agences)

Commentaires 7
à écrit le 06/09/2023 à 15:58
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Si la banque de France est capable d'écarter une récession il faut la féliciter !!

à écrit le 06/09/2023 à 15:47
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CNPF "on est en train de se retourner"; Un indice le traffic Haropa : les conteneurs pleins destinés au marché français perdent 8,6% pour le semestre écoulé. Dans la consommation des ménages qui intervient pour moitié au PIB, le moral est déterminan...

à écrit le 06/09/2023 à 14:43
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Les chiffres de la croissance ne veulent pas dire grand chose en soi. Si on retranche l'inflation la croissance réelle sous Macron est pire que sous Hollande... C'est dire. Ceux qui s'en sortent ce sont ceux qui lempochent, la répercutent, cette in...

à écrit le 06/09/2023 à 14:00
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Je pense qu'il connait très bien la situation et qu'il est venu au micro nous dire à tous comment penser et comment rassurer le petit peuple. L'objectif pour lui c'est que le troupeau reste calme et que les affaires continuent sans vague. en plus la ...

à écrit le 06/09/2023 à 12:35
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Ce personnage est amusant car il m'en rappelle un autre, notamment celui dont se réfère l'économiste Paul Krugman - par métaphore - pour illustrer un "Minsky Moment". On peut évidemment s'amuser à décliner cette métaphore à l'infini, par exemple avec...

à écrit le 06/09/2023 à 12:30
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Que disent l'INSEE, Michel-Edouard LECLERC et mon coiffeur, meilleur diseur de bonne aventure depuis Raymond BARRE?

à écrit le 06/09/2023 à 11:41
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Ils sont toujours les dereniers a comprendre le phénomène économique, du coup je ne crois pas un instant que la banque de France puisse simplement comprendre l pas de récession et des records de faillites, franchement a force de manipuler la réalité...

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