Le gouvernement continue à ménager le suspense. Alors que les prix alimentaires ne cessent de grimper, l'exécutif se garde bien, pour l'instant, de dévoiler la moindre mesure de soutien au pouvoir d'achat des ménages.
Après avoir déjà augmenté de 13,3% en janvier, les prix de l'alimentation ont encore bondi de 14,5% en février sur un an, selon les chiffres provisoires de l'Insee publiés le 28 février dernier.
En déplacement au Salon de l'Agriculture à Paris ce jeudi 2 mars, Bruno Le Maire a dit sa préférence pour un dispositif « qui touche tous nos compatriotes ».
« Tout le monde est touché par l'inflation alimentaire », a insisté le ministre de l'Économie. « Je ne suis pas favorable à un dispositif trop ciblé ».
Les industriels appelés à faire des efforts
Le locataire de Bercy souhaite que le dispositif entre en vigueur d'ici le 15 mars. Pour limiter le coût de cette mesure, dont les contours n'ont toujours pas été esquissés, Bruno Le Maire appelle les distributeurs et les grands industriels à « faire leur part du chemin ».
« Tout ne peut pas être payé par l'État », a-t-il martelé.
Et d'ajouter :
« Les distributeurs sont prêts à faire des gestes supplémentaires, les industriels comprennent aussi la difficulté de la situation. Je suis convaincu que nous pourrons trouver cet accord collectif dans les jours qui viennent, qui permettra de partager le poids de l'inflation », a conclu Bruno Le Maire.
Des propos qui rejoignent ceux d'Olivier Véran, mercredi 1er mars au micro de BFMTV et RMC. « On veut que chacun prenne sa part », a-t-il insisté, rebondissant, lui, sur les propos du chef de l'État samedi dernier, au Salon de l'Agriculture. Emmanuel Macron avait alors invité les groupes de la grande distribution à contenir leurs marges pour lutter contre l'envolée des prix de l'alimentation.
Le « panier inflation » toujours en suspens, et loin de faire l'unanimité
Depuis plusieurs semaines déjà, le gouvernement penche pour l'instauration d'un « panier anti-inflation », à l'initiative des enseignes. Objectif affiché, établir une liste (mobile) d'une cinquantaine de produits, classés en cinq catégories (hygiène, propreté, frais, surgelés et épicerie), au meilleur rapport qualité-prix.
« Il ne s'agit pas d'avoir des prix les plus bas possibles sur tous les produits sans exception », mais « d'offrir une porte de sortie à tous les consommateurs qui peinent à boucler les fins de mois, en leur disant que, sur un certain nombre de produits, ils trouveront les prix les plus bas possibles », a indiqué Bruno Le Maire au Salon de l'Agriculture.
Le projet de panier anti-inflation est pourtant loin de faire l'unanimité.
Si Lidl et Système U ont fait part de leur intention de jouer le jeu, d'autres sont plus sceptiques, à l'image d'Alexandre Bompard, le Pdg de Carrefour.
Ce panier « a un petit risque d'être technocratique », a-t-il jugé mi-février dans Le Figaro, estimant que son groupe avait déjà pris « des mesures pour accompagner les clients » face à la hausse des prix dans les rayons.
Et d'ajouter
« Mais avec tous mes camarades du secteur, nous sommes toujours ouverts à la discussion avec le gouvernement », avait-il ajouté.
Des négociations commerciales achevées et une facture plus élevée
En hausse régulière depuis 2022, les prix de l'alimentation devraient encore connaître une augmentation dans les prochains mois. Et pour cause, les négociations commerciales annuelles entre les supermarchés et leurs fournisseurs se sont achevées mercredi soir, après trois mois de pourparlers à très haute tension. Une seule certitude : la facture sera plus salée.
Les industriels et la Fédération du commerce et de la distribution (FCD) s'entendent pour dire que la hausse du prix payé par la grande distribution à ses fournisseurs devrait être de l'ordre de 10%. « Je ne vais pas me hasarder à donner un chiffre », a pour sa part réagi le ministre de l'Économie Bruno Le Maire au Salon de l'Agriculture.
Le chiffre précis de la hausse des prix obtenue par les industriels fournisseurs devrait être connue dans les prochains jours. Selon l'Ania, les industriels ont demandé « entre 10% et 12% » d'augmentation, afin de répercuter la hausse des coûts de production.
En mars dernier, ils avaient obtenu une hausse d'environ 3%, et ce, avant que l'inflation s'envole, consécutivement à la guerre en Ukraine. Le conflit avait conduit à une réouverture des négociations afin de répercuter la hausse des coûts des matières premières agricoles, ainsi que celles de coûts de l'énergie, gaz et électricité.
(avec AFP)