
Il en a fait son combat depuis au moins un an. En avril dernier, le sénateur (LR) des Alpes-Maritimes Philippe Tabarot, rapporteur du volet « Se déplacer » de la loi Climat et résilience, s'opposait, dans La Tribune, à l'accélération de la création de zones à faibles émissions-mobilité (ZFE-m). Rebelote en janvier, le parlementaire organisait un débat en séance publique sur ces espaces routiers déjà lancés dans les onze plus grandes métropoles françaises, et, au plus tard fin 2024, dans les quarante-trois agglomérations de plus de 150.000 habitants. Et ce afin de limiter la circulation des véhicules les plus polluants au nom de la lutte contre la pollution de l'air. Aujourd'hui, Philippe Tabarot vient de dévoiler une étude sur leur acceptabilité, conduite auprès de 51.300 citoyens.
De « nombreuses inquiétudes »
Il en ressort que les ZFE-m rencontrent une « très faible acceptabilité » de la population. Sur un panel composé à 7% de professionnels et à 93% des particuliers, 79% et 86% de ces derniers s'y déclarent défavorables à l'issue d'un questionnaire d'une vingtaine d'interrogations.
« Ce "succès" témoigne des nombreuses inquiétudes que ce dispositif génère chez les Français, même s'il s'agit d'une consultation basée sur le principe du volontariat et non d'un sondage représentatif », a déclaré ce 25 mai le sénateur des Alpes-Maritimes cité par l'AFP.
Sa mission de contrôle sur le sujet doit rendre ses conclusions-mi-juin. Cela tombe bien: « d'ici à l'été », la députée (Renaissance) de la Somme Barbara Pompili doit remettre son rapport sur... « l'acceptabilité de la transition écologique à travers l'étude d'un cas emblématique : la mise en place des zones à faibles émissions (ZFE-m) ».
Déjà une mission de la députée Pompili et un comité de concertation
C'est d'ailleurs elle comme ministre de la Transition écologique qui, dans le cadre de la loi « Climat & Résilience », a étendu les zones à faibles émissions-mobilité à l'ensemble des agglomérations de plus de 150.000 habitants. Et ce, en plus des onze premières métropoles de Rouen, Paris, Reims, Strasbourg, Lyon, Saint-Etienne, Grenoble, Aix-Marseille, Montpellier et Toulouse, tel que rendu obligatoire par la loi d'orientation des mobilités (LOM) de 2019.
En ce moment, Barbara Pompili discute donc avec les autorités nationales et locales européennes sur leur mise en œuvre, les erreurs qui ont pu être commises, et bien sûr, l'acceptabilité. Un retour d'expérience qu'elle jugeait auprès de La Tribune « utile pour le gouvernement et les élus locaux », notamment pour voir ce qui est transposable, ou non, en France.
A cela s'ajoute le comité de concertation sur les ZFE-m, co-piloté par deux élus locaux : le Toulousain Jean-Luc Moudenc et la Strasbourgeoise Anne-Marie Jean, missionnés par le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu.
Le ressenti varie beaucoup selon la catégorie professionnelle
Peut-être y apprendront-ils que comme les sénateurs qu' « il s'agit d'une mesure technocratique qui de surcroît crée une véritable rupture d'égalité d'accès au centre-ville selon que vous soyez aisé ou non ». Car sans surprise, plus un répondant vit loin du centre de l'agglomération, plus il a tendance à y être défavorable. Seuls 8% des habitants de communes rurales y sont favorables, contre 23% des habitants de centre-ville.
De même que le ressenti varie beaucoup selon la catégorie socioprofessionnelle, 25% des cadres étant favorables aux ZFE contre 11% des employés et 4% des ouvriers. Le premier frein au déploiement des ZFE réside en effet dans le coût d'acquisition des véhicules propres, jugé trop élevé pour 77% des particuliers, devant l'accessibilité insuffisante des métropoles depuis les zones périurbaines ou rurales (51%) et l'insuffisance d'offres de transports alternatifs (42%).
A cet égard, lors de la première réunion à Matignon entre la Première ministre Elisabeth Borne et les associations d'élus locaux sur l'« agenda territorial », la présidente (PS) de France urbaine avait émis une proposition intéressante: celle de permettre aux métropoles concernées de pouvoir aider les habitants des communes environnantes afin de leur permettre dans le cœur des grandes villes.
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