
C'est un décret publié au Journal officiel le 25 mars 2023 qui a surpris plus d'un responsable politique. Alors qu'elle aurait pu s'abstenir sur la réforme des retraites et qu'elle s'est fait entendre contre le gouvernement sur la fusion de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) et de son bras technique (IRSN), Barbara Pompili a été chargée d'une mission par la Première ministre. Elisabeth Borne a mandaté la députée (Renaissance) de la Somme sur « l'acceptabilité de la transition écologique à travers l'étude d'un cas emblématique : la mise en place des zones à faibles émissions (ZFE-m) ». Ces espaces où la circulation des véhicules les plus polluants est limitée, voire interdite au nom de la lutte contre la pollution de l'air.
« Tout cela est absurde », rétorque-t-elle d'emblée à La Tribune, en réponse aux commentaires politiciens qui fleurissent depuis une semaine. « En tant que militante, puis comme élue et enfin comme ministre, j'ai, à chaque fois, été confrontée sur l'acceptabilité de la transition écologique dans ce qu'elle implique de concret », ajoute l'ex-ministre de la Transition écologique de 2020 à 2022.
« Toute la population française est écologiste, mais dès qu'on rentre dans la mise en œuvre, on assiste à un front du refus à des degrés différents selon qu'on parle d'éolien, de méthanisation, de zéro artificialisation nette des sols (ZAN) ou de ZFE », poursuit-elle.
Un doublon avec le comité de concertation sur les ZFE-m ?
Aussi, dès le lendemain de la réélection du président Macron, Barbara Pompili a informé le chef de l'Etat et la locataire de Matignon de son souhait de travailler sur « ce sentiment de ne pas être embarqué, d'être dans des situations impossibles ». Tant est si bien que la décision a été prise de se focaliser sur les zones à faibles émissions « pour aller au bout de l'analyse et apporter des solutions ».
Sauf que le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, Christophe Béchu, vient de mettre sur pied un comité de concertation sur les ZFE-m, co-piloté par deux élus locaux : le Toulousain Jean-Luc Moudenc et la Strasbourgeoise Anne-Marie Jean.
« Après avoir récupéré le travail parlementaire sur le sujet, je vais évidemment voir avec les édiles concernés là où ça dysfonctionne », fait valoir l'ex-ministre de la Transition écologique.
C'est d'ailleurs elle qui, dans le cadre de la loi « Climat & Résilience », a étendu les zones à faibles émissions-mobilité à l'ensemble des agglomérations de plus de 150.000 habitants. Et ce, en plus des onze premières métropoles de Rouen, Paris, Reims, Strasbourg, Lyon, Saint-Etienne, Grenoble, Aix-Marseille, Montpellier et Toulouse, tel que rendu obligatoire par la loi d'orientation des mobilités (LOM) de 2019.
Un rendu prévu à l'été
En réalité, et cela sera sans doute l'intérêt majeur de son rapport, la députée de la Somme ne compte pas s'arrêter aux problèmes franco-français. « Je compte faire un comparatif de ce qui se passe ailleurs », souligne-t-elle.
« Quand j'étais ministre, j'ai beaucoup souffert de réinventer l'eau chaude, alors que nos voisins avaient mis en place des choses similaires. Par exemple, lorsque vous tapez dans un moteur de recherche le mot "ZFE", vous ne voyez pas qu'il y en a plein en dehors de France », pointe-t-elle encore.
C'est pourquoi Barbara Pompili va discuter avec les autorités nationales et locales européennes sur leur mise en œuvre, les erreurs qui ont pu être commises, et bien sûr, l'acceptabilité.
Un retour d'expérience qu'elle juge déjà « utile pour le gouvernement et les élus locaux », notamment pour voir ce qui est transposable, ou non, en France. Le rendu de son travail est prévu « à l'été », sans plus de précision sur le calendrier...
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