ZFE : les professionnels de la logistique urbaine plaident pour un calendrier « réaliste »

Missionné mi-décembre par le ministre des Transports Clément Beaune, le président de la Confédération des grossistes de France (CGF) Philippe Barbier vient lui de remettre son rapport sur la logistique urbaine. Au titre du nouveau-né « Comité technique de liaison des acteurs économiques de la logistique urbaine », le professionnel avance deux priorités: : des calendriers d'interdiction de circulation « réalistes » et une « harmonisation » des réglementations locales. Explications.
César Armand
A l'heure des zones à faibles émissions-mobilité (ZFE-m) qui restreignent la circulation des véhicules polluants dans les centres-villes, la cyclo-logistique (photo) est en plein essor.
A l'heure des zones à faibles émissions-mobilité (ZFE-m) qui restreignent la circulation des véhicules polluants dans les centres-villes, la cyclo-logistique (photo) est en plein essor. (Crédits : Olivier Mirguet)

Dialoguer avec les élus locaux et l'Etat, remettre des avis sur les programmes de soutien initiés par l'Etat et proposer des outils d'amélioration des services collectifs aux professionnels opérateurs et bénéficiaires des services de logistique urbaine. C'était la triple mission assignée mi-décembre au président de la Confédération des grossistes de France par le ministre des Transports. Trois mois plus tard, Philippe Barbier vient de remettre, ce 28 mars, son rapport à Clément Beaune dans le cadre de la Semaine de l'innovation du Transport et de la Logistique (SITL).

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Un sujet porté depuis 2018

Le professionnel porte en effet ce sujet dans le débat public depuis près de cinq ans. Dès 2018, le patron des grossistes de France répond à un appel à projets de l'Agence de la Transition écologique (Ademe) mixant logistique urbaine et certificats d'économie d'énergie - les CEE imposent aux énergéticiens de financer des économies d'énergie sous peine d'amendes.

Sa proposition d'alors est simple : réunir tous les organismes du privé dont les flux impactent les villes - des transporteurs aux coiffeurs jusqu'aux artisans du BTP. A l'époque, l'établissement public Cerema (Centre d'études et d'expertise sur les risques, l'environnement, la mobilité et l'aménagement) recommande, lui aussi, de créer un espace de dialogue avec les maires et présidents d'intercommunalité.

En 2020, le programme InTerLud, pour « innovation territoriale pour une logistique urbaine durable », doté de 8 millions d'euros, est né. Le principe reste le même : accompagner cinquante métropoles et intercommunalités de moins de 250.000 habitants dans la co-construction de leur stratégie.

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La naissance d'un « Comité technique de liaison des acteurs économiques de la logistique urbaine »

Aujourd'hui, des « comités de partenaire » locaux existent mais demeurent des formats informels. C'est pourquoi le gouvernement a demandé à Philippe Barbier de structurer un « Comité technique de liaison des acteurs économiques de la logistique urbaine » sur le modèle de celui mis en place par les collectivités territoriales au sein du Groupement des autorités organisatrices de transport (GART).

Pour cette mission, le patron des grossistes a donc auditionné toutes les fédérations du transport multimodale et logistique, du bâtiment et des travaux publics, des activités des déchets du recyclage, du commerce et de la distribution, de la restauration commerciale et enfin des services industriels.

Autant d'organisations professionnelles représentatives qui constituent le Comité et qui demande désormais d'être « associées » aux stratégies logistiques des collectivités territoriales, « au toilettage de la réglementation des aires de livraison » et aux zones à faibles émissions-mobilité (ZFE-m).

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Une position très claire

Sur les ZFE-m, leur position est très claire : « la satisfaction des besoins des habitants et leur santé au quotidien doivent être assurées et la vitalité économique sociale des territoires doit être préservée » [de même que] « la mobilité des marchandises doit s'inscrire dans une dynamique d'amélioration de la qualité de l'air des zones urbanisées par une réduction de ses nuisances atmosphériques ».

Il n'empêche : « seules des mesures techniquement et économiquement réalistes et présentant les meilleurs résultats sur les plans social et environnemental sont à privilégier », plaide Philippe Barbier au nom de tous ces professionnels.

Autrement dit, dans le cadre du comité de concertation sur les ZFE-m mis en place par le ministre de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires Christophe Béchu et co-piloté par le Toulousain Jean-Luc Moudenc et la Strasbourgeoise Anne-Marie Jean, les acteurs économiques avancent deux « priorités » : des calendriers d'interdiction de circulation « réalistes » et une « harmonisation » des réglementations locales.

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Des véhicules qui roulent encore au gazole...

Reprenant à son compte les données de l'Union routière française (URF), le patron des grossistes rappelle en effet que sur les 5,977 millions de véhicules utilitaires légers (VUL) immatriculés en France au 31 décembre 2021, 95% roulent encore au gazole. Pis, sur les 322.000 VUL neufs de 2021, seuls 4% sont électriques...

Aussi, appelle-t-il à « autoriser la circulation des véhicules Euro 6 [qui s'applique à tous les véhicules mis en circulation depuis le 1er septembre 2015 et catégorisés Crit'Air 2, Ndlr] au moins jusqu'à 2030 », échéance « réajustable » selon la levée progressive des freins au déploiement des véhicules Crit'Air 1 ou 0.

« Les motorisations essences récentes [Crit'Air 1] demeurent confidentielles pour les véhicules utilitaires légers » [tout comme] « l'offre de véhicules individuels neufs destinés à des usages de livraison urbaines classés Crit'Air 1 ou 0 n'a pas encore atteint sa totale maturité », justifie Philippe Barbier.

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 ... et sans frontière

S'agissant de l'harmonisation des réglementations entre les territoires, le patron des grossistes, qui tient la plume pour ses camarades, rappelle une évidence : « les entreprises évoluent sur des zones de chalandise ne se limitant pas au périmètre d'une ZFE-m mais sont pour la plupart amenées à faire circuler leurs véhicules sur de l'interrégional, du national ou de l'international ».

« On imagine mal des règles non-harmonisées autour de Lille avec Béthune, Valenciennes, Arras, Douai et Lens... », écrit-il encore.

Outre les zones à faibles émissions, le Comité technique de liaison des a identifié sept autres axes de travail : l'avitaillement en énergies nouvelles / la gestion, la maitrise et la planification du foncier au regard des contraintes de la zéro artificialisation nette des sols (ZAN) / la piétonnisation des voies / les perspectives de développement avec la voie d'eau / le rail, la route et la cyclo-logistique / le cas des livreurs à vélos / la sobriété et, enfin, les services d'information et d'aides aux entreprises.

Le tout dans une triple dimension : « économique, technique et environnementale ». De vastes sujets qui relèvent aussi du social et du pouvoir politique local...

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César Armand

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Commentaire 1
à écrit le 28/03/2023 à 14:21
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pour quelle raison juste certain continue d''exclure du centre des aglomeration les plus pauvres sans etre catalogue de racisme car c'est une segregation par moyen financier qu'il s'agit le retour de l'octroi et autre discrimination des anciens r...

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