Medef : plus d'un petit patron sur deux a une mauvaise image de l'organisation patronale, selon une étude

54% des dirigeants d'entreprises de moins de 20 salariés ont une mauvaise image du Medef, contre 41% en ont une favorable, d'après une enquête Ifop pour le cabinet Fiducial. Surtout, plus des deux tiers des patrons de ces petites structures s'estiment mal défendus par la première organisation patronale de France. Des élections se profilent d'ailleurs au sein du patronat pour remplacer l'actuel président, Geoffroy Roux de Bézieux. Pas sûr qu'elles soient synonymes de vent de changement. Les deux candidats, Dominique Carlac'h et Patrick Martin, font en effet partie de l'équipe rapprochée du sortant.
54% des dirigeants d'entreprises de moins de 20 salariés déclarent avoir une mauvaise image du Medef et 34% pour la CPME (confédération des PME).
54% des dirigeants d'entreprises de moins de 20 salariés déclarent avoir une mauvaise image du Medef et 34% pour la CPME (confédération des PME). (Crédits : Charles Platiau)

Dans un contexte marqué par la course à la succession de Geoffroy Roux de Bézieux à la tête du Medef, l'organisation patronale souffre d'une image détériorée auprès des petits patrons. Ainsi, 54% des dirigeants d'entreprises de moins de 20 salariés déclarent en avoir une mauvaise image, selon une étude réalisée par l'Ifop et publiée lundi 26 juin par le cabinet Fiducial. Sur les 1.001 dirigeants d'entreprises interrogés du 22 mai au 12 juin, seulement 41% disent en avoir une image favorable, ce qui s'avère moins qu'en 2015 (43%).

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Moins d'un tiers (31%) estiment que le Medef défend bien les intérêts d'une petite entreprise comme la leur, contre 68% qui se sentent mal défendus. À noter que l'échantillon de l'étude inclut des autoentrepreneurs. En revanche, il exclut les entreprises réalisant moins de 50.000 euros de chiffre d'affaires.

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L'autre grande organisation patronale française, la CPME (confédération des PME) est jugée moins sévèrement. Son image s'améliore : elle est ainsi bonne pour 49% des petits patrons (43% en 2015) et mauvaise pour 34% d'entre eux. Mais une majorité (52%) de patrons de très petites entreprises (TPE) et petites entreprises de 10 à 19 salariés considèrent tout de même que la CPME défend mal leurs intérêts, contre seulement 47% qui jugent qu'elle le fait bien.

Élections à venir au Medef

La publication de cette étude intervient alors que des élections au Medef auront lieu le 6 juillet prochain, avant une prise de fonction le 17 juillet. Le scrutin oppose Dominique Carlac'h, vice-présidente de l'organisation, à Patrick Martin, actuel président délégué, tous deux dans l'équipe du sortant et tous deux candidats malheureux en 2018.

Leurs programmes sont d'ailleurs assez similaires. L'un met plus en avant la croissance, l'autre la nécessité de s'intéresser au travail. Mais tous deux restent fidèles à l'ADN classique du Medef : réindustrialiser la France, gagner en compétitivité, faire baisser les charges, se battre contre une réglementation excessive, regagner de la liberté au niveau du paritarisme, etc.

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Un seul débat, sans vrai débat

Lundi, les deux candidats se sont affrontés lors d'un débat sur BFM Business, qui restera le seul de toute la campagne. Finalement, ils se sont peu démarqués l'un de l'autre sur le plan des idées. La seule attaque frontale durant ces deux heures est venue de Patrick Martin. Il a ouvertement critiqué l'équipe de campagne de Dominique Carlac'h. « Je n'ai aucune difficulté avec Dominique » Carlac'h, a-t-il affirmé au bout de près de deux heures d'échanges. « En revanche, je suis beaucoup moins à l'aise avec certains de ses colistiers », a-t-il ajouté.

Il a cité en exemple « la disparition du paritarisme de gestion » avec les syndicats, défendue par Olivier Klotz, président du Medef Alsace et soutien de sa rivale. Les deux candidats se sont néanmoins tous deux déclarés favorables à un paritarisme renforcé, Dominique Carlac'h dénonçant une « étatisation rampante » et Patrick Martin une « tendance historique à l'étatisation » des relations sociales.

Patrick Martin a par ailleurs dénoncé le fait qu'un autre soutien de Dominique Carlac'h, Guillaume Cairou, patron d'une société de portage salarial, veuille « faire rentrer massivement des micro-entrepreneurs » dans l'organisation patronale, ce qui conduirait selon lui à « la mort du Medef », car beaucoup « ne sont pas des entrepreneurs ».

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« Moi, j'ai la chance d'avoir une équipe qui est extrêmement cohérente, extrêmement alignée, qui s'enrichit de jour en jour », a déclaré le numéro deux du Medef. Dominique Carlac'h lui a répondu que sur les cinq candidats qui avaient entamé la campagne pour la présidence du Medef, trois s'étaient ralliés à elle mais, a-t-elle martelé, « c'est moi la candidate ».

Dominique Carlac'h s'est dite « heureuse que ce débat ait lieu ». « Ces deux heures ont prouvé que j'avais raison d'installer ce débat », a-t-elle estimé. Patrick Martin a rallié à sa cause un plus grand nombre de territoires et de fédérations du Medef que Dominique Carlac'h. Il fait par conséquent figure de favori pour l'élection du 6 juillet.

Les syndicats de branche ont plus la cote aux yeux des dirigeants

L'étude réalisée par Ifop s'est aussi intéressée à ce que pensent les dirigeants d'entreprises de moins de 20 salariés des syndicats. Il ressort que les chefs de ces très petites ou petites entreprises ont une image plus favorable de leur syndicat de branche (métallurgie, textile, etc.) que du patronat. Elle est en effet bonne pour 54% d'entre eux, face à 34% qui la jugent mauvaise. À 56%, ils s'estiment bien défendus par les syndicats de branche, contre 44% qui pensent l'inverse.

Ces syndicats sont crédités d'« une bonne compréhension de leurs enjeux et contraintes », selon l'étude.

Par secteur, ce sont les petits patrons de l'industrie et du BTP qui jugent le plus sévèrement leurs représentants syndicaux interprofessionnels. Par taille, les plus critiques sont les tout petits patrons comptant entre zéro et deux salariés.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 27/06/2023 à 10:39
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Sondage plus que pertinent merci beaucoup de le partager avec nous. Comme je le disais c'est logique, le patronat a été aspiré par la finance et donc les intérêts de la finance qui sont le dumping social et fiscal faciles pour les grandes entreprises...

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