Plus de la moitié des entreprises ont stoppé leur activité pendant le confinement

Les chiffres sont alarmants : 54% des chefs d'entreprise interrogés dans le cadre de la Grande consultation pour La Tribune, CCI France et LCI déclarent que leur activité a dû être interrompue au moins temporairement; 14% n’ont pas encore pu redémarrer, mais 40% ont toutefois repris leur activité au moins partiellement. Seulement 44% des entreprises ont poursuivi leur activité durant tout le confinement.
Grégoire Normand
Les économistes de l'Insee s'attendent à une récession encore plus violente au second trimestre avec des pertes abyssales au mois d'avril pour de nombreux secteurs. Le spectre d'une spirale récessive inquiète particulièrement les milieux économiques et financiers. (Photo d'illustration: le parvis du quartier d'affaires de Paris-La Défense totalement désert le 18 mars 2020, au lendemain de la mise en place du confinement en France.)
Les économistes de l'Insee s'attendent à une récession encore plus violente au second trimestre avec des pertes abyssales au mois d'avril pour de nombreux secteurs. Le spectre d'une spirale récessive inquiète particulièrement les milieux économiques et financiers. (Photo d'illustration: le parvis du quartier d'affaires de Paris-La Défense totalement désert le 18 mars 2020, au lendemain de la mise en place du confinement en France.) (Crédits : Reuters)

L'onde de choc du coronavirus a fait disjoncter l'économie française. Selon le dernier baromètre réalisé par OpinionWay pour La Tribune, LCI et CCI France, environ 54% des entreprise interrogées ont déclaré que leur activité a été interrompue au moins temporairement. À l'opposé, 44% des dirigeants ont affirmé que leur activité a continué pendant le confinement et se poursuit aujourd'hui. La mise sous cloche de l'économie tricolore pendant deux mois a obligé un grand nombre d'établissements à stopper toute activité. Le déconfinement, entamé le 11 mai dernier, a permis aux moteurs de l'économie de redémarrer progressivement. Les prévisions demeurent malgré tout pessimistes pour les semaines à venir. Les économistes de l'Insee s'attendent à une récession encore plus violente au second trimestre, avec des pertes abyssales au mois d'avril pour de nombreux secteurs. Le spectre d'une spirale récessive inquiète particulièrement les milieux économiques et financiers.

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Le choc de la demande a plombé l'activité

La chute de la demande a clairement plombé l'économie au cours de la période de confinement. Selon les résultats communiqués par OpinionWay, c'est même la principale difficulté évoquée par 60% des répondants. La mise en oeuvre des multiples restrictions au cours de ces huit semaines pour préserver la santé de la population a mis un sérieux coup d'arrêt à la consommation et a asséché les carnets de commandes des entreprises. Viennent ensuite les difficultés de trésorerie, citées par 41% des répondants. Le paiement des loyers, des factures ou l'allongement des délais de paiement ont mis les comptes de nombreuses PME sous tension malgré les multiples mesures annoncées par le gouvernement pour limiter la casse.

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Le manque d'équipements de protection sanitaire individuels est également mentionné par 41% des chefs d'entreprises. La pénurie de masques et de gel ont mis beaucoup d'entreprises en difficulté pour tenter d'appliquer les règles de sécurité sanitaire. La propagation de l'onde de choc du coronavirus sur l'ensemble de la planète a également fortement perturbé les chaînes d'approvisionnement dans cette économie mondialisée: 33% des dirigeants affirment ainsi qu'ils ont rencontré des problèmes d'approvisionnement de leurs principaux fournisseurs.

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En revanche, les problèmes liés au recrutement, au droit de retrait des salariés ou à la gestion des risques psychosociaux ne sont évoqués que par une très faible proportion de répondants (entre 1% et 4%).

L'exonération des cotisations sociales plébiscitées par les dirigeants

Sans surprise, la principale mesure attendue par les chefs d'entreprise est l'exonération de cotisations patronales et de prélèvements fiscaux pendant plusieurs mois pour 77% des répondants. Vient, loin derrière, le report des prélèvements obligatoires pour 28% des entrepreneurs interrogés. 14% estiment que la poursuite du chômage partiel sur une partie de l'effectif est un mécanisme pertinent pour permettre une accélération de l'activité dans les prochaines semaines.

La poursuite des facilités de mise en place de nouveaux crédits pour soutenir la trésorerie et la (re)constitution des stocks, en accordant la garantie de l'État, est mentionnée par 9% des chefs d'entreprise. En revanche, l'assouplissement des ouvertures le dimanche n'est évoqué que par 2% des chefs d'entreprise.

L'optimisme au plus bas

Le moral des entrepreneurs n'est pas au beau fixe. L'indicateur de l'optimisme, qui prend en compte les questions de confiance à l'égard de l'évolution de l'économie et d'appréciation de la situation actuelle, a reculé fortement à 49% (pour les entreprises de moins de 9 salariés) et 51% (pour les entreprises de plus de 10 salariés) contre respectivement 91% et 99% en février dernier, avant le confinement. 44% des chefs d'entreprise se déclarent inquiets, soit une hausse spectaculaire de 18 points par rapport à février dernier. Ils ne sont plus que 28% à être confiants, contre 50% il y a trois mois.

Des perspectives très assombries

Les perspectives économiques sont moroses pour les chefs d'entreprise. Ainsi, 52% affirment être confiants pour le futur de leur entreprise dans les douze prochains moins, soit une chute de 26 points par rapport à février. Concernant l'économie française, les patrons interrogés sont en proportion bien moins nombreux à se sentir confiants pour les mois à venir (19% contre 42% en février). Le recul de l'économie hexagonale au cours de l'année 2020 pourrait faire vaciller un grand nombre d'entreprises si la reprise s'avère lente et périlleuse.

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(*) Méthode : Étude réalisée auprès d'un échantillon de 609 dirigeants d'entreprise. La représentativité de l'échantillon a été assurée par un redressement selon le secteur d'activité et la taille, après stratification par région d'implantation. L'échantillon a été interrogé par téléphone. Les interviews ont eu lieu du mercredi 13 au vendredi 22 mai 2020.

Grégoire Normand
Commentaires 2
à écrit le 29/05/2020 à 11:10
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La production va peut être reprendre, mais la demande ne sera certainement pas au niveau espéré. Nous savons désormais qu'à tout moment l'Etat a la possibilité d'imposer des mesures d'exception, antidémocratiques dont on voit aujourd'hui les résultat...

le 29/05/2020 à 12:18
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Je crains qu'avec Macron ce soit en route vers la dictature. La confiscation du débat démocratique (confère l'inédite inutilité de l'AN et du Senat sous son règne) présente à leurs yeux trop d'avantages pour y renoncer. Je n'ai entendu aucun parti p...

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