Décarbonation : la facture risque d'être très salée pour le transport maritime, selon l'ONU

L'ONU estime en effet qu'il faudra 8 à 28 milliards de dollars, chaque année, pour décarboner les navires d'ici à 2050, auxquels s'ajoutent des investissements nécessaires pour développer des infrastructures permettant d'utiliser des carburants 100% neutres.
La décarbonation complète pourrait augmenter les dépenses annuelles en carburant de 70% à 100% (Photo d'illustration).
La décarbonation complète pourrait augmenter les dépenses annuelles en carburant de 70% à 100% (Photo d'illustration). (Crédits : Reuters)

Il faudra des centaines de milliards de dollars d'ici 2050 pour décarboner le transport maritime, un rouage incontournable du commerce mondial, mais qui produit 3% des émissions mondiales de gaz à effet de serre, alerte l'ONU, ce mercredi 27 septembre.

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Le transport maritime, et ses gigantesques navires, représente plus de 80% du volume des échanges mondiaux et ses émissions de gaz à effet de serre ont bondi de 20% en l'espace d'une décennie, sous l'impulsion de la mondialisation de l'économie et de la délocalisation des chaînes de production, souligne la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED) dans son rapport annuel sur le transport maritime. Le document se concentre sur les moyens équitables de réduire drastiquement le bilan carbone de ce secteur.

S'il est urgent de décarboner tout en assurant la croissance économique, « il est essentiel de trouver un équilibre entre la durabilité environnementale, la conformité réglementaire et les exigences économiques pour assurer au transport maritime un avenir prospère, équitable et résilient », souligne la Secrétaire générale de la CNUCED, Rebeca Grynspan.

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Eviter « une décarbonation à deux vitesses »

La facture sera colossale. La CNUCED estime en effet qu'il faudra 8 à 28 milliards de dollars, chaque année, pour décarboner les navires d'ici à 2050. Des investissements encore plus importants, allant de 28 à 90 milliards de dollars par an, seront nécessaires pour développer des infrastructures permettant d'utiliser des carburants 100% neutres en carbone d'ici à 2050. Et qui plus est, la décarbonation complète pourrait augmenter les dépenses annuelles en carburant de 70% à 100%.

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Des coûts qui affecteront de manière disproportionnée les petits Etats insulaires en développement (PEID) et les pays les moins avancés (PMA) qui dépendent fortement du transport maritime, souligne la CNUCED. Cette dernière préconise donc de mettre en place un système universel qui éviterait « une décarbonation à deux vitesses ».

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La CNUCED estime que des taxes ou des contributions « payées en rapport avec les émissions des navires, peuvent encourager à agir, à promouvoir la compétitivité des carburants alternatifs et réduire l'écart de coûts avec les carburants lourds conventionnels », explique Shamika N. Sirimanne, directrice de la technologie et de la logistique.

« Ces fonds pourraient également faciliter les investissements dans les ports des PEID et des PMA, en mettant l'accent sur l'adaptation au changement climatique, les réformes du commerce et des transports, ainsi que sur la connectivité numérique », a-t-elle ajouté.

Un secteur à la traine

Pour l'heure, 99% de la flotte mondiale dépend encore des carburants conventionnels. Le rapport note que 21% de navires en commande sont conçus pour les carburants alternatifs. La flotte mondiale vieillit : au début de 2023, les navires commerciaux avaient en moyenne 22,2 ans, soit deux ans de plus qu'il y a dix ans et plus de la moitié de la flotte mondiale a plus de 15 ans, selon les statistiques compilées par la CNUCED.

Problème, « les armateurs sont confrontés au défi du renouvellement de la flotte tout en manquant de clarté sur les carburants alternatifs, les technologies écologiques et les régimes réglementaires nécessaires pour guider les armateurs et les ports », affirme Shamika N. Sirimanne.

Quant aux terminaux portuaires, ils ont les même problèmes pour planifier leurs investissements. La numérisation du secteur, l'appel à l'intelligence artificielle et la blockchain pourront aussi aider à la transition. Mais plus immédiatement, le secteur a été fortement affecté par la guerre en Ukraine, qui a mis sens dessus dessous une partie du commerce des céréales ou des engrais, mais aussi des hydrocarbures.

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A cause de ces perturbations, les distances parcourues par les cargaisons de pétrole ont atteint un niveau record en 2022. Les expéditions de céréales ont parcouru en 2023 une distance « jamais atteinte », les pays importateurs de céréales ayant été contraints de chercher d'autres exportateurs, tels que les Etats-Unis et le Brésil, qui nécessitent des expéditions sur de longues distances.

Pour autant, la CNUCED note la résilience du secteur. « Malgré une contraction de 0,4% du volume total du commerce maritime en 2022, l'industrie prévoit une croissance de 2,4% en 2023, le commerce conteneurisé (qui a diminué de 3,7% en 2022) devant augmenter de 1,2% en 2023 et de plus de 3% entre 2024 et 2028 ».

(Avec AFP)

Commentaires 5
à écrit le 28/09/2023 à 19:25
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Les armateurs (fret) grognent alors qu'auprès de beaucoup d'Etats européens, ils profitent déjà d'une niche fiscale non négligeable. C'est-à-dire, à l'instar de la France à partir de 2004, qu'il profite d'un régime d'imposition forfaitaire selon le t...

à écrit le 28/09/2023 à 9:01
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Du transport à voiles et vite ! Décarboner ce secteur actuellement n'est pas possible.

à écrit le 27/09/2023 à 18:51
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he ben ca finira dans l'addition du consommateur, et la la gauche va hurler que c'est pas aux pauvres gens de payer l'addition, donc faut un cheque qui compense a l'euro pret ( un peu comme a fait trump avec le brillant resultat obtenu)......et sinon...

à écrit le 27/09/2023 à 14:42
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Il y a bien une solution qui serait d'augmenter les productions sur place. Relocaliser pour des questions économiques, environnementales et de sécurité. Cela va coûter cher, certes, mais on nous dit que pour decarboner le secteur maritime il va fallo...

le 27/09/2023 à 16:33
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HLM flottants des croisieristes ca fera de l'habitat pour les poissons . Mais costa et les autres et CGM vont pas etre vos amis s'il peut plus poluer pour ce faire du pognon. une solution les renvoyer a st Nazaire pour les equiper de voiles

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