Gaz :  pour contourner les sanctions américaines, l'Irak va payer ses importations iraniennes avec du pétrole

Ce mardi, le Premier ministre irakien Mohamed Chia al-Soudani a annoncé que son pays allait payer ses importations de gaz iranien avec du pétrole. L'objectif de cet échange en nature est de contourner les sanctions américaines qui visent l'Iran et de garantir à l'Irak la continuité de l'approvisionnement en gaz. Aujourd'hui, à cause des nombreux retards de paiements irakiens, cet approvisionnement se trouve suspendu et les centrales électriques du pays ne peuvent plus fonctionner.
L'Irak va payer ses importations de gaz iranien avec du pétrole.
L'Irak va payer ses importations de gaz iranien avec du pétrole. (Crédits : ESSAM AL-SUDANI)

Des échanges en nature entre l'Irak et l'Iran. C'est ce qu'ont décidé mardi Bagdad et Téhéran pour contourner l'actuel mécanisme d'achat en dollars et éviter les sanctions américaines. Le cœur de cet accord : « L'échange en nature, c'est-à-dire que nous allons donner du pétrole brut ou du fioul lourd en échange du gaz iranien », a annoncé le Premier ministre irakien Mohamed Chia al-Soudani avant de préciser que l'objectif de cette démarche est de « garantir la continuité de l'approvisionnement en gaz » de l'Irak.

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Contourner l'autorisation américaine sur les transactions en dollars

« La partie américaine n'ayant pas donné les autorisations requises pour le transfert des fonds (...), la fourniture de gaz iranien a été stoppée », a déploré Mohamed Chia al-Soudani en justifiant ce mécanisme de contournement.

« Nous n'avons pas pu obtenir l'autorisation de transférer tous ces impayés pour que notre voisin iranien puisse continuer à nous approvisionner » en gaz, a-t-il déclaré, évoquant la « complexité » du « mécanisme de transfert », la « sévérité des sanctions » et les « procédures compliquées du Trésor américain », mais reconnaissant toutefois un récent versement de 1,8 milliard d'euros vers l'Iran.

De son côté, Washington n'a pas fait de déclaration à la suite des annonces de l'Irak.

Un processus de transaction complexe

Le processus de paiement du gaz iranien, était, jusqu'à présent, très ardu. En effet, à cause des sanctions américaines contre l'Iran, Bagdad ne peut pas payer directement Téhéran pour son gaz. L'argent est alors déposé sur un compte bancaire irakien, qui ne permet pas à l'Iran d'acheter que des produits spécifiques dans les secteurs agroalimentaire et pharmaceutique. Ce procédé complexe a entraîné de nombreux retards de paiements.

Pour obliger Bagdad à verser ses impayés, Téhéran suspend régulièrement ses approvisionnements en gaz. Depuis dix jours, l'Iran a divisé par deux son approvisionnement de gaz à l'Irak, à cause d'impayés de plus de onze milliards d'euros, déposés sur ce compte bancaire mais que Téhéran ne peut pas utiliser, a déclaré le Premier ministre irakien. Or, les coupures de gaz iranien ont fait empirer les délestages électriques quotidiens, au moment où les températures à Bagdad et dans le sud du pays frôlent les 50 degrés. Cet approvisionnement est pourtant essentiel pour les centrales électriques d'Irak puisqu'il couvre un tiers des besoins du pays. Et c'est dans l'optique de retrouver le gaz iranien que Bagdad a décidé de payer son fournisseur en pétrole.

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Des partis pro-Iran demandent aux gouvernements de régler les impayés

Ce dimanche 9 juillet, une influente coalition de partis chiites pro-Iran en Irak a demandé au gouvernement d'interpeller les Etats-Unis pour obtenir le déblocage des impayés dus à Téhéran en échange de cruciales importations de gaz. La coalition « appelle le gouvernement, via le ministère des Affaires étrangères, à contacter la partie américaine pour l'exhorter au déblocage immédiat des impayés liés aux importations de gaz iranien ».

Le Cadre de coordination, qui englobe l'ex-Premier ministre Nouri al-Maliki ainsi que la vitrine politique des anciens paramilitaires du Hachd al-Chaabi, a dénoncé dans un communiqué des délestages électriques importants coïncidant avec « une hausse des températures ».

Pour limiter leur dépendance au gaz iranien, les autorités irakiennes explorent plusieurs pistes : un approvisionnement auprès des pays du Golfe, notamment le Qatar, et sur le plan local l'exploitation du gaz issu de la production pétrolière, actuellement brûlé avec la pratique très polluante du torchage de gaz.

(Avec AFP)

Commentaire 1
à écrit le 12/07/2023 à 15:39
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Il est quand même inconcevable que les Etats Unis bloquent tout commerce entre pays indépendants et cela pour des raisons qui leur sont propres. Petit à petit on voit quand même que de plus en plus de pays représentant au moins les deux tiers du glob...

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