Xi Jinping rencontrera Joe Biden le mercredi 15 novembre pour « stabiliser la relation »

Dans un peu moins d'une semaine, le président américain recevra son homologue chinois. Une rencontre attendue au tournant, dont le but est d'apaiser les relations entre les deux pays et de rétablir le dialogue. La situation de Taïwan, point de friction entre ces puissances, sera également évoquée.
Il s'agira de la deuxième rencontre en personne entre les deux hommes depuis l'élection de Joe Biden.
Il s'agira de la deuxième rencontre en personne entre les deux hommes depuis l'élection de Joe Biden. (Crédits : KEVIN LAMARQUE)

C'est une rencontre qui sera scrutée attentivement. Joe Biden rencontrera son homologue chinois Xi Jinping, mercredi 15 novembre, « dans la région de San Francisco », ont confirmé de hauts responsables américains. Ce sera la première visite de Xi Jinping aux Etats-Unis depuis 2017. Au même moment se déroulera à San Francisco le sommet de la Coopération économique pour l'Asie-Pacifique (Apec), organisé du 12 au 18 novembre.

Il s'agira de la deuxième rencontre en personne entre les deux hommes depuis l'élection de Joe Biden, et de leur septième conversation depuis cette date. Elle se déroulera en plusieurs « sessions », comme lors de leur réunion il y a un an à Bali (Indonésie), en marge du G20, selon ces sources, où l'entretien avait alors duré environ trois heures. A l'époque, ils avaient chacun qualifié les entretiens de positifs, affirmant qu'ils cherchaient des moyens d'éviter les conflits entre les deux grandes puissances mondiales. Les Etats-Unis se disent « confiants » avant la rencontre, a commenté un haut responsable, lors d'un entretien jeudi avec la presse, en vantant la bonne santé économique américaine, ainsi que l'intense activité diplomatique de Washington pour muscler ses alliances en Asie.

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Apaiser les relations avec la Chine

Les relations entre Washington et Pékin ont atteint l'un des points les plus bas de ces dernières années sur de nombreux sujets, notamment le contrôle des exportations, les droits humains et la sécurité nationale. Rien que début 2023, les Etats-Unis avaient dénoncé la présence au-dessus de leur sol de ce qu'ils ont qualifié de ballon d'espionnage chinois. La Chine, quant à elle, s'est indignée des pressions croissantes américaines, avec par exemple les restrictions sur les puces électroniques, Washington craignant que Pékin ne s'en serve à des fins militaires.

« Notre objectif sera d'essayer de prendre des mesures qui stabilisent la relation entre les Etats-Unis et la Chine, de lever certains malentendus, et d'ouvrir de nouvelles lignes de communication », a estimé le haut responsable. Des officiels américains, ayant demandé l'anonymat, ont répété vouloir une « rivalité » avec la Chine, mais pas de « conflit » ni de « Guerre froide ».

Une source a averti qu'il ne fallait pas s'attendre non plus à une « longue liste de résultats concrets », assurant que le but de la rencontre était de « gérer la rivalité » avec Pékin, et que les Etats-Unis avaient des attentes « réalistes ». Les hauts responsables ont indiqué que les grands sujets internationaux du moment seraient abordés, en particulier la guerre entre Israël et le Hamas. Joe Biden attend de la Chine qu'elle « dise très clairement, dans le cadre de sa relation naissante avec l'Iran, qu'il est essentiel que (Téhéran) ne cherche pas à intensifier ou élargir » ce conflit.

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Taïwan : le point de discorde entre les deux pays

Les tensions entre la Chine et les Etats-Unis n'ont cessé de s'accroître ces derniers mois à propos de Taïwan. Les Américains se disent « extrêmement inquiets » à l'idée d'une ingérence de Pékin dans l'élection présidentielle à Taïwan en 2024, a dit une haute responsable américaine. Elle a estimé que l'année à venir, avec ce scrutin mais aussi une présidentielle en novembre prochain aux Etats-Unis, pourrait de ce fait être « plutôt agitée » pour la relation entre Washington et Pékin.

« Nous sommes également préoccupés par l'intensification sans précédent, dangereuse et provocatrice, des activités militaires (chinoises) autour de Taïwan », a-t-elle ajouté, en indiquant que Joe Biden évoquerait aussi le sujet.

Il répétera toutefois à la Chine - qui revendique la souveraineté de l'île - que Washington ne soutient pas une indépendance de Taïwan, et que la politique américaine en la matière n'a donc pas changé. Taïwan est l'un des principaux sujets de friction entre les deux superpuissances, et la Chine avait d'ailleurs suspendu à l'été 2022 l'essentiel des communications militaires régulières avec les Etats-Unis, après une visite de la présidente de la Chambre des représentants américaine sur l'île.

Avoir un dialogue avec la Chine entre hauts responsables militaires mais aussi à un échelon plus opérationnel est « absolument essentiel » pour éviter des malentendus potentiellement périlleux, a dit la haute responsable. « Les Chinois sont réticents et le président (Biden) va donc faire résolument pression la semaine prochaine » pour rétablir ces lignes de communication cruciales entre les deux puissances nucléaires, a dit le haut responsable américain déjà cité plus haut.

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La Chine prête à améliorer ses liens avec les Etats-Unis

De son côté, la Chine s'est dite prête à mener des négociations avec les États-Unis à « tous les niveaux », a déclaré mercredi le vice-président chinois, Han Zheng. Les récentes réunions à haut niveau entre des responsables chinois et américains ont envoyé des « signaux positifs », indiquant une amélioration des relations bilatérales, a-t-il relevé lors du Bloomberg New Economy Forum à Singapour.

« Nous sommes prêts à renforcer la communication et le dialogue avec les Etats-Unis à tous les niveaux, à faire progresser la coopération mutuellement bénéfique, à gérer correctement les différends et à relever conjointement les défis mondiaux », a déclaré Han Zheng.

« Mais en même temps, la route vers San Francisco n'est pas lisse, et nous ne pouvons pas être sur autopilote », a nuancé le porte-parole du ministère, Wang Wenbin, au cours d'un point de presse. Han Zheng a répété mercredi, à la suite de Xi Jinping, que les relations entre Pékin et Washington étaient décisives pour « l'avenir de l'humanité ». « Le monde est suffisamment grand pour que les deux pays puissent se développer et prospérer ensemble », a-t-il conclu

Des signes déjà encourageants

L'émissaire américain sur le climat John Kerry a reçu son homologue chinois Xie Zhenhua près de Palm Springs, en préparation de la conférence de l'ONU sur le climat, la COP28 de Dubaï. La Chine et les Etats-Unis ont assuré jeudi que leurs récentes discussions sur le climat en amont de la COP28 de Dubaï étaient un succès, nouveau signe de reprise du dialogue entre les deux pays.

La Chine et les Etats-Unis se sont aussi mis d'accord pour « travailler conjointement afin que la COP28 soit un succès », selon le communiqué. De quoi réchauffer les relations entre les pays avant la rencontre des deux présidents.

(Avec AFP)

Commentaires 2
à écrit le 11/11/2023 à 12:34
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En quelques mots : L'affrontement frontal est contre productif face à un empire. Les Chinois sont en passent de boucher tous les trous de leur dépendance économique ( HarmonyOS, espace, puces, internet, afrique, ect) . Ils coupent un à un les fils de...

à écrit le 10/11/2023 à 20:46
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Pour mieux connaître la Chine, lisez les trois récits de Jean Tuan : "Un siècle chinois" (chez CLC Éditions) évoque le parcours de son père chinois arrivé en France en 1929, leur voyage en Chine en 1967 lors de la Révolution culturelle et les incroya...

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