Doit-on avoir peur de ce que nous mangeons ?

Retranscription du "chat" du 20 octobre avec Jean-René Buisson, président de l'ANIA, l'Association Nationale des Industries Alimentaires.

Bienvenue sur le chat de la Tribune.fr. Aujourd?hui, nous avons le plaisir d?accueillir Jean-René Buisson, Président de l'ANIA, l'Association Nationale des Industries Alimentaires.

Jean-René Buisson : Bonjour à tous. Je suis très heureux de profiter de l'occasion du plus grand salon international de l'alimentation au monde pour répondre aux questions que vous vous posez sur notre industrie...

debbie : quel est votre role auprès des industries alimentaires ?

JRB : L'Ania (Asosciation nationale des industries alimentaires) a pour objectif de défendre les intérêts professionnels des 10.000 entreprises alimentaires françaises composées de 80% de petites et moyennes entreprises...

attik : Bonjour,Quel est l'objectif de votre association ? garantir la qualité des produits ? sensibiliser les industries sur la malbouffe ?

JRB : L'objectif de notre association est de faire en sorte que nos adhérents proposent des produits de qualité avec des garanties d'une totale sécurité alimentaire et composées des matières premières les meilleures.
Nous considérons qu'il n'y a pas de bons et de mauvais produits. Tous les produits commercialisés par nos entreprises sont des bons produits, seuls le mode de consommation et l'équilibre sont importants...

LeaKIm : Les entreprises recherchent de plus en plus le profit a default de la qualitée, est il possible de croire qu'elles puissent mentir sur les ingredients afin de diminuer les couts ?

JRB : La législation sur l'étiquetage des produits est très stricte. Un industriel est obligé de mentionner la totalité des ingrédients qu'il utilise dans son produit.
Le contrôle qui s'exerce dans ce domaine, en France, est l'un des plus stricts au monde. IL est assuré par la Direction générale de la concurrence et des prix qui dispose de milliers d'agents et de contrôleurs qui vérifient tous les jours la composition et la conformité des produits...

Marian Geronimi : N'est-il pas ironique que le pays de la gastronomie soit autant irresponsable, du fait de l'attitude de son industrie alimentaire, quant il s'agit d'indiquer le contenu réel des produits alimentaires, en précisant les traces ? N'est-il pas remarquable, lorsqu'on souffre de la maladie coeliaque/ Intolérance au gluten, de pouvoir acheter des produits alimentaires d'importation mais pas ceux nationaux ? A quand la remise en question?

JRB : Depuis maintenant plusieus années (2000), les industriels sont obligés d'indiquer l'environement dans lequel sont fabriqués les produits, en particulier si l'atelier a utilisé des éléments allergènes majeurs dans des fabrications précédentes.
Cette garantie est essentielle pour les gens souffrant d'allergies, en complément de la liste des ingrédients du produit concerné qui permet à chaque personne de se faire une idée sur l'éventuelle présence de produits contre-indiqués à sa santé...
La législation concernant l'information nutritionnelle du consommateur est en cours de révision au niveau européen, car c'est l'Europe qui pilote l'ensemble de la législation sur ces sujets. Une directive européenne très complète sur ces sujets doit sortir fin 2009...

charles : Il est étonnant de voir qu'on ne sensibilise quasiment pas du tout la population quand à leur consommation de viande (je parle des médias, des associations, de campagnes) alors que l'on sait très bien qu'il ne faut pas en manger tous les jours. Or, cela fait parti des habitudes de la majorité des gens. N'y a t-il pas un défaut de sensibilisation ?

JRB : Les habitudes alimentaires évoluent beaucoup depuis plusieurs années et la consommation de viande diminue largement au profit du poisson et d'autres produits.
Aucune étude scientifique sérieuse ne démontre que la viande est nocive pour la santé ; comme pour tous les autres produits, une consommation équilibrée et variée est souhaitable pour préserver une bonne santé.
Le plan Programme national nutrition-santé, piloté par le gouvernement, conseille la consommation d'une à deux portions de viande ou de poisson par jour, ce qui, par définition, démontre si nécessaire l'inocuité de ces produits...

tito : Jai toujours lu que dans les mac do et autres, un tableau des valeurs nutritionnelles devait être affiché de manière bien distinct. Or, dans bien des cas, ce tableau est caché dans un coin obscur, loin derrière les images géantes de hamburgers dégoulinants de sauces, voir il n'apparait parfois pas du tout...

JRB : Nous ne sommes pas représentants de la restauration rapide. Cependant, il nous semble que les valeurs nutritionnelles des produits dans des chaînes type McDo ou Quick figurent sur chaque emballage de manière visible et très claire...

qsdfg : Quels sont les contrôles appliqués, et par qui, aux produits alimentaires industriels et aux fruits et legumes ?

JRB : Les contrôles sont effectués à tous les stades de la production. Bien sûr, au niveau des matières premières, chez les producteurs, la traçabilité du produit depuis l'origine est maintenant assurée (par exemple, il est possible de retrouver à tout moment le numéro et le nom de l'éleveur et le lot concerné dans la fabrication du steack hâché).
Cetet même traçabilité est ensuite assurée au niveau du produit fini, ce qui permet en cas de difficulté éventuelle de récupérer très vite l'ensemble de produits disponibles sur le marché.
Enfin, comme nous l'avons déjà dit, les pouvoirs publics disposent d'une batterie importante de plans de contrôle et de surveillance grâce en particulier aux services de la Concurrence et des prix.
Il faut noter que la France est un des pays où la sécurité alimentaire est la plus performante, en particulier grâce à la proximité entre les producteurs et les industriels transformateurs.
C'est ainsi que 70% de la production agricole française est transformée par cette même industrie alimentaire française...

klos : Bonjour. L'ANIA dépent-elle de l'état, ou des industriels ?

JRB : L'Ania est une association privée loi 1901, qui regroupe l'ensemble des industriels du secteur.

Hoyo : De quels aliments faut-il se méfier pour éviter le cancer ? J'attends votre réponse avec impatience. Je vous remercie par avance.

JRB : IL est bien évidemment qu'aucun produit ne provoque le cancer, car il serait immédiatement interdit ! Encore une fois, le meilleur gage d'une bonne santé est une consommation diversifiée et équilibrée de TOUS les produits en quantité raisonnable.
Il est vrai qu'il est fortement recommandé de consommer journellement des fruits et des légumes, dont tout le monde admet qu'ils favorisent la prévention et la protection du consommateur...

paulo : Est-il légitime que les producteurs n'est aucune obligation d'indiquer la liste exhaustive des allergènes présents dans les aliments? Pourquoi dans les autres pays occidentaux, les industriels précisent-ils si les aliments conviennent aux régimes spéciaux? La France aurait-elle honte du contenu de ses aliments pourtant tant loués ??

JRB : Compte tenu de la législation européenne, les industriels sont tenus d'indiquer l'ensemble des allergènes présents dans le produit et les traces éventuelles provenant d'autres fabrications.
Toute personne allergique dispose ainsi des informations suffisantes pour se prémunir du risque d'allergie.
Il est vrai que certains pays européens peuvent aller plus loin en signifiant des alertes sur le produit.
La législation, cependant, va évoluer dans les mois à venir pour harmoniser et renforcer les législations existantes.
Par ailleurs, les produits non préemballés qui ne mentionnaient pas jusqu'alors ces informations, seront dorénavant concernés...

klos : Merci de votre réponse de bon sens et très difficile qui concerne la prévention du (des) cancer par l'alimentation.

Ruth : Des bonbons et gâteaux chinois ont été moins a la vente ces derniers jours. Y a til beaucoup de produits chinois en vente en France ?

JRB : A notre connaissance, il n'y avait en France qu'environ trois tonnes de produits concernés, c'est-à-dire de bonbons et de gâteaux en provenance de Chine.
Ils ont été immédiatement et totalement retirés du marché et les contrôles ont été renforcés dans ce domaine...
Les produits chinois, comme vous pouvez l'imaginer, ne représentent qu'une très faible part des produits alimentaires sur le marché français, compte tenu, entre autres, des coûts de transport très importants...


Sdr : Quels sont les 1ers résultats de la campagne incitative à manger 5 fruits et légumes / jour. Les pays européens parlent ils tous d?une même voix sur ces sujets ?

JRB : Compte tenu des campagnes publicitaires faites sur ce sujet et aussi des bandeaux déroulants sur les publicités alimentaires mis en place par les industriels, une grande partie des Français a été sensibilisée à cette nécessité de manger plusieurs fruits et légumes par jour.
Le vrai problème, aujourd'hui, concerne l'accessibilté et le prix de ces produits, qui restent élevés.
Cette recommandation est largement partagée par les autres pays européens et incitée par l'OMS Europe qui demande à chaque pays de développer des campagnes de ce type...

Franck45 : Peux ton faire totalement confiance aux produits bio ? Quel poids represente la filiere bio dans l?alimentation ?

JRB : Comme tout produit mis sur le marché, les produits bio subissent les mêmes contrôles.
Par contre, par définition, un produit bio, le plus proche possible de la naturalité, ne subit pas de traitement spécifique.
Aujourd'hui, la part des produits bio, qui est en croissance, ne représente pas plus de 2% de l'ensemble des produits consommés en France...

klos : Quel est votre rôle propre en terme de prévention , et de représentativité des grosses firmes en ce domaine ?

JRB : Nous représentons l'ensemble des entreprises françaises, petites ou grosses.
La prévention est, pour nous, un élément essentiel de notre politique en matière de sécurité alimentaire et de nutrition.
Nous mettons en place en permanence des codes de bonne pratique qui sont adoptés par nos différentes entreprises et nous facilitons l'application des différentes législations et réglementations européennes et nationales sur ces sujets. Nous considérons que nous sommes aussi co-acteurs de santé publique et nous menons en commun avec les pouvoirs publics des programmes spécifiques...

GC : Prévention: le principe de précaution est-il applicable pour vous ? je pense évidemment aux OGM.

JRB : Effectivement, en France, aucun produit n'est commercialisé avec des OGM.
Il faut cependant noter que les choses évoluent sur le plan scientifique et de plus en plus de scientifiques de renom considèrent qu'un développement sélectif et contrôlé des OGM ne doit comporter aucun danger avéré pour la santé des consommateurs.
Ce sujet est un sujet sensible et politique. Les industriels restent donc, aujourd'hui, sur une position de prudence totale et de stricte application de la législation.
Cependant, la politique d'interdiction totale menée actuellement en matière d'OGM pourrait avoir à terme des conséquence sur notre autonomie alimentaire et encore plus graves sur l'économie des pays en voie de développement...

GC : OGM, Sucres, gras saturés, sels... tous les consommateurs ne sont pas aptes (moi compris) à comprendre la liste obligatoire des ingrédients : avez vous des projets de simplification? de regrouppements par familles?

JRB : La législation européenne attendue pour fin 2009 sur l'étiquetage prévoit effectivement une simplification des messages.
En particulier une indication très claire sur la valeur calorique par portion devrait figurer sur l'emballage.
Par ailleurs, une clarification des indications actuelles, qui apparaît aujourd'hui sous des rubriques "protéines, glucides, lipides" devrait être remplacée par des indications sur le sucre, le gras et le sel, plus facilement compréhensibles par les consommateurs...

klos : Le fait d'être financé par l'industrie ne nuit-il pas à votre crédibilité ?

JRB : Nous sommes soumis à des règles déontologiques très strictes de fonctionnement et notre crédibilité repose sur la fiabiltié et la constance de nos informations.
Si notre organisation était prise en défaut sur la véracité et la qualité de ces informations, son rôle auprès des pouvoirs publics et des associations de consommateurs serait réduit à néant...

Dam : Ya t-il des associations comme l?ANIA dans les autres pays. Si oui, êtes vous en relations ?

JRB : En général, il y a une association de ce type dans chaque pays. Par ailleurs, nous disposons, au niveau européen, d'une association qui fèdère les associations telles qu'Ania.
En ce qui concerne l'industrie alimentaire, il s'agit de la CIAA (Confédération de l'industrie agroalimentaire européenne)...

Bouff : Avons-nous un jour la possibilité d?arriver au risque 0 dans l?alimentaire ?

JRB : Le risque zéro n'existe pas dans l'alimentaire et ailleurs.
Vous pouvez cependant constater que nous n'avons jamais eu des aliments aussi sûrs et aussi contrôlés.
Sur les millions de produits consommés chaque jour, le nombre d'"incidents est infinitésimal...

Merci Jean-René Buisson. Le mot de la fin ?

Le souci des industries alimentaires est de proposer en permanence des produits toujours plus sains, équilibrés et innovants à un prix compétitif au consommateur.
Nous considérons en effet que l'alimentation est un élément essentiel du lien social, du plaisir, de la convivialité et du patrimoine culturel français.
C'est aussi la première industrie du pays qui emploie directement plus de 400.000 personnes en France. C'est le deuxième exportateur mondial après les Etats-Unis.
Notre présence sur ce salon démontre, s'il en était besoin, le dynamisme de ce secteur. Merci à tous et à bientôt...
 

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