A 60 ans, la Matmut veut revenir « aux racines du mutualisme »

Créée en 1961 pour servir tous les salariés du privé non couverts par ses consoeurs niortaises plus spécialisées, la mutuelle rouennaise se dote d’une « raison d’être ». Objectif : graver dans le marbre un attachement aux valeurs fondatrices du mutualisme, au nom de leur modernité. Un aveu en creux qu’elle s’était un peu égarée en route ?
La première assemblée générale s'est tenue à Rouen, il y a 60 ans
La première assemblée générale s'est tenue à Rouen, il y a 60 ans (Crédits : dr)

Son histoire débute le 7 juillet 1961 à Rouen, date de l'assemblée générale fondatrice. A l'époque, ils ne sont que 285 sociétaires, pas un de plus, réunis autour du patriarche, Paul Bennetot. L'homme à qui la Matmut doit son nom est une figure du mutualisme : l'un de ces moines soldats à qui les Français doivent l'avènement du tiers payant et de la protection juridique dans les contrats d'assurance. Et il voit grand, comme le montre l'objet social de la « Mutuelle d'assurance des travailleurs mutualistes » - son patronyme originel. La rouennaise se refuse à profiler ses adhérents. Face aux mutuelles niortaises alors compartimentées par métiers, elle adresse tous les salariés du secteur privé que ses consoeurs laissent sur le bord de la route. L'approche singulière surprend mais elle fait mouche.

Daniel Havis, compagnon de cordée puis successeur du fondateur, transformera l'essai. Sous la conduite de cet amateur de bolides et de heavy metal resté aux commandes pendant plus de vingt ans, la Matmut accélère. Elle se mue en un groupe puissant qui donne de la voix dans le paysage de l'assurance, au son des sketches des humoristes Chevallier et Laspalès. Christophe Bourret, qui a pris sa suite à la tête du groupe en juin dernier, résume les deux périodes en ces termes. « Paul Bennetot incarnait un mutualisme militant. Daniel Havis s'est inscrit dans un mutualisme de conquête et de développement en usant un peu des armes des assureurs ».

Esprit mutualiste, es-tu là ?

Les mots sont lâchés. Toute à sa croissance, la Matmut aurait-elle « un peu » oublié les principes fondateurs du code de la mutualité ? Son nouveau président ne le dit pas aussi abruptement mais il plaide « pour un retour aux racines du mutualisme » ce qui revient à peu près au même. Ce retour aux sources est donc censé se matérialiser dans la « raison d'être » qu'ont adoptée ses délégués réunis à Rouen, le 9 septembre, à l'occasion du 60ème anniversaire de la création de la mutuelle.

Rédigée au terme d'une vaste consultation menée auprès des 4 millions de sociétaires et des 6.400 collaborateurs du groupe, cette nouvelle profession de foi réaffirme l'attachement de l'entreprise aux valeurs de solidarité et d'engagement défendues par le modèle mutualiste. Lequel a d'ailleurs été plébiscité par 94% des répondants comme a été salué le fonds d'entraide (destiné aux sociétaires en difficulté) considéré comme « l'action la plus porteuse de sens ». « Cela démontre que dans un monde en transition, ce modèle mutualiste est d'une modernité exceptionnelle » en déduit Nicolas Gomart, vice-président et directeur général du groupe.

« Le big is beautiful, on en revient »

Reste à voir comment s'incarneront ses principes qui devront être déclinés dans la future stratégie du groupe car ses dirigeants l'assurent : « ce n'est pas un exercice de com' ». « La raison d'être résonnera dans l'ensemble des engagements et actions pour le présent et le futur » promettent-ils. En revenant aux fondamentaux, la mutuelle rouennaise espère susciter l'adhésion et, ce faisant, stimuler sa croissance organique, notamment dans le compartiment de la prévoyance dans lequel Nicolas Gomart table sur un doublement. « Avec 100.000 sociétaires et 200.000 contrats de plus en 2021 pris pour l'essentiel aux banques, la Matmut n'a jamais été aussi forte » insiste t-il.

Quant à d'éventuels rapprochements, ils semblent exclus à ce stade. Refroidi par son mariage avorté avec AG2R La Mondiale, l'état-major du groupe n'entend pas céder aux sirènes de la concentration comme beaucoup de ses pairs. « Le big is beautiful, on en revient et c'est difficile avec le monde de la prévoyance » analyse son président. Si son directeur général laisse entrevoir de possibles « opérations de croissance externe », Christophe Bourret lui préfère parler de « partenariat intelligents qui préservent l'identité de chacun ». Chat échaudé craint les mésalliances.

Matmut

L'une des premières affiches publicitaires de la mutuelle rouennaise en 1968.

Lire aussi 3 mnLa fusion AG2R La Mondiale et Matmut subit un coup d'arrêt

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Commentaires 3
à écrit le 11/09/2021 à 11:16
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Perdus, c’est certain. Comme j’ai changé de région, ma cotisation santé a été révisée : + 20% ... et quand j’ai demandé les raisons, aucune réponse. Bye bye, Octane !

à écrit le 10/09/2021 à 21:05
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Pas d'actionnaires mais de grosses primes versées aux cadres dirigeants... c'est beau l'équité à la sauce mutualiste!

le 11/09/2021 à 3:45
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Peut-etre est ce ainsi aujourd'hui. Pour ma part quand j'etais artisan en France, mutualiste a la Mat, jamais je n'ai ete decu du service de cette assurance. Plus tard, je ne sais pas, ca fait tellement longtemps, l'epoque des dinosaurus.

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