Arrivée en France à l'âge de 14 ans depuis la Roumanie, Adina Grigoriu n'imaginait pas faire carrière dans la finance. Elle se voyait professeure de mathématiques ou travailler dans le commerce international aux côtés de son père. « Je voulais faire des études courtes », se souvient-elle en riant. Adina Grigoriu suit finalement des études d'actuariat, puis commence sa carrière comme tradeuse dans une petite salle de marché à Strasbourg. Elle occupe ensuite des postes d'asset manager au sein de BNPP AM, avant de rejoindre l'Edhec-Risk Institute, un centre de recherche spécialisé dans la finance quantitative. « Et puis un jour, je n'ai plus voulu que d'autres personnes décident de ma vie à ma place », raconte cette quadragénaire passionnée de sport automobile, dont on devine le fort caractère.
En 2010, Adina Grigoriu monte alors sa société de conseil en ingénierie financière avec son associé Olivier Hiezely. C'est la naissance d'Active Asset Allocation ou AAA. « C'était compliqué, car nous ne connaissions personne et n'avions pas d'argent. Nous avons démarré sur fonds propres », se remémore-t-elle.
Encore des craintes
Malgré ces débuts difficiles, AAA se fait un nom en se spécialisant dans le développement de modèles dynamiques d'allocation d'actifs basés sur la gestion des risques. « L'idée est de partir de l'objectif du client et du montant maximum d'argent qu'il est prêt à perdre, et de construire un algorithme qui adapte l'allocation d'actifs à la façon dont le portefeuille s'est approché ou éloigné de l'objectif du client », explique-t-elle.
Inédite, l'approche séduit une vingtaine de grands comptes dont MAIF, Allianz France, Spirica (groupe Crédit Agricole), OFI AM, ou encore AG2R La Mondiale, mes-placements.fr et Generali. « AAA compte aujourd'hui plus de 2 milliards d'euros d'encours conseillés », revendique fièrement sa cofondatrice. La startup emploie une quinzaine de salariés à Nice où elle est basée et entend doubler le volume d'encours conseillés d'ici à la fin de l'année 2020 grâce à une récente augmentation de capital. « Nous avons eu énormément de mal à lever des fonds. Cela a pris deux ans et demi, alors que nous faisions du chiffre d'affaires, que nous avions de grands clients et un track record exceptionnel », s'indigne cette ex-tradeuse. La faute, selon elle, à un métier de niche mal compris des investisseurs et à une direction mixte, éveillant certaines craintes auprès de ces derniers. « Beaucoup pensent qu'un homme et une femme ne peuvent pas travailler ensemble sereinement. C'est dommage. »
- Retrouvez les autres articles de notre dossier spécial Femmes dans la finance dans La Tribune Hebdo n°306 disponible sur notre site (en version numérique).
Sujets les + commentés