Generali : Philippe Donnet (PDG) conserve son poste face à la violente charge des minoritaires

Les actionnaires de Generali réunis en assemblée générale ont reconduit, ce vendredi, à son poste le PDG Philippe Donnet pour un troisième mandat à la tête du groupe d’assurance. La tentative de plusieurs actionnaires de poids d’évincer le dirigeant a donc échoué au terme d’une bataille de plusieurs mois. Une fois de plus, c’est la banque d’affaires Mediobanca, premier actionnaire, qui a eu le dernier mot.
Le PDG de Generali, Philippe Donnet, nommé pour un troisième mandat en assemblée générale, devra composer avec une forte minorité d'actionnaires hostiles.
Le PDG de Generali, Philippe Donnet, nommé pour un troisième mandat en assemblée générale, devra composer avec une forte minorité d'actionnaires hostiles. (Crédits : Reuters)

Finalement, la révolution de palais à l'italienne n'a pas eu lieu. Après des mois de batailles menées par deux milliardaires, Francesco Gaetano Caltagirone (79 ans) et Leonardo Del Vecchi (86 ans), figures du capitalisme italien, pour renverser la gouvernance de la vénérable institution Generali, l'actuel PDG du troisième assureur européen, Philippe Donnet, a été reconduit dans ses fonctions à l'issue de l'assemblée générale des actionnaires.

Au total, les représentants de 55,9% du capital lors de l'assemblée générale se sont, en effet, prononcé pour la liste du conseil d'administration sortant, alors que 41,7% ont opté pour celle des frondeurs. Avec plus de 70 % du capital représenté, le taux participation a été record. Ce qui n'est guère étonnant tant cette lutte de pouvoirs a tenu en haleine la presse italienne pendant des mois. « La majorité s'est exprimée clairement et sans ambiguïté pour la liste présentée par le conseil d'administration sortant », s'est réjoui Philippe Donnet, qui va donc entamer son troisième mandat à la tête du groupe.

Sans surprise, Philippe Donnet a bénéficié des voix de la célèbre banque d'affaires Mediobanca, actionnaire avec 12,8% du capital (et 17% des droits vote), mais aussi d'une majorité des voix des investisseurs institutionnels, pour l'essentiel étrangers, qui pèsent pour 35% du capital. Les deux principales sociétés de conseil aux actionnaires, ISS et Glass Lewis, avaient d'ailleurs recommandé le renouvellement du mandat du PDG.

Faiseur de roi

Une fois de plus, Mediobanca, « le Lazard italien », confirme sa réputation de « faiseur de roi » chez Generali, à défaut d'être celui du capitalisme italien il y a encore quelques années. C'est la banque d'affaires qui avait poussé vers la sortie, en 1999, le légendaire banquier français Antoine Bernheim, celui qui faisait, dit-on, semblant de dormir pendant les conseils pour mieux endormir ses contradicteurs.

Ce dernier devait revenir à la tête de Generali en 2002, soutenu par Vincent Bolloré (l'un de ses poulains lorsqu'il était banquier chez Lazard), devenu actionnaire de... Mediobanca. Antoine Bernheim saura ensuite résister à l'offensive d'un fonds activiste en 2007 qui exigeait une réforme de gouvernance, avec l'aide de la banque d'affaires italienne. Qui le poussa à nouveau à la démission en 2010 pour mettre à sa place... le patron de Mediobanca.

Depuis, c'est une valse de dirigeants. Le renouvellement de Philippe Donnet, nommé à la tête de l'assureur en 2016, fait donc figure d'exception dans l'histoire mouvementée du groupe. Mais les temps changent, Mediobanca a perdu un peu de son influence et la banque est même critiquée sur sa participation dans Generali, qui mobilise une bonne partie de ses fonds propres quand beaucoup de ses concurrents ont abandonné, depuis longtemps, ce modèle de banque-industrie.

D'ailleurs, comme un symbole de ce capitalisme italien qui tourne sur lui-même, les deux milliardaires frondeurs de Generali contestent également cette stratégie, comme actionnaires (22,5% du capital) de Mediobanca ! Reste que cette victoire en assemblée générale de Generali redore un peu le blason de la vénérable banque d'affaires.

En quête de stratégie

Néanmoins, cette bataille d'actionnaires laissera des traces. D'ailleurs, Philippe Donnet n'a pas manqué d'appeler « à travailler tous ensemble pour préserver les intérêts de tous les actionnaires ». Les principaux frondeurs regroupent toujours en effet plus de 22% du capital de l'assureur, en incluant la famille Benetton (4%). Une minorité puissante avec qui le dirigeant devra composer alors même que le discours des contestataires sur le « réveil de la belle endormie » et le manque d'ambition stratégique du groupe rencontre un certain écho.

Face à ses grands concurrents, comme AXA, Allianz ou même Zurich, tous engagés depuis des années dans un pilotage agressif de leur stratégie sur des critères de solvabilité et de rentabilité, Generali apparaît plus comme un assureur « à l'ancienne », sans vraiment trancher sur ses différents métiers. Comme si l'actuaire primait toujours sur le financier.

Pourtant, sur le plan boursier, Generali n'a pas à rougir avec une action en progression de 23% sur cinq ans, contre 22% pour Allianz et 2% pour Axa. En termes de capitalisation, l'italien n'est plus vraiment dans la course, avec une valorisation de 28,5 milliards d'euros, contre 88 milliards pour Allianz, 65 milliards pour Zurich et 60 milliards pour AXA.

Philippe Donnet en convient en baptisant son plan stratégique « Réveillez le lion », l'animal étant l'emblème du groupe de Trieste. Generali disposerait d'un trésor de guerre de 7 milliards d'euros qui pourrait servir à des acquisitions.

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