L’assurance-vie peine à trouver un second souffle

Pour la quatrième fois depuis le début de l’année, la collecte nette de l’assurance-vie est négative en septembre, selon les chiffres de France Assureurs. Ce produit phare de l’épargne financière des Français trouve difficilement sa place face à une offre plus abondante de produits alternatifs, mieux rémunérés. Les assureurs-vie doivent faire des efforts pour doper la rémunération des fonds en euros mais aussi des unités de compte, dont les performances sont rarement à la hauteur de leurs indices de référence.
La collecte nette reste positive de 1,3 milliard d'euros depuis le début de l'année.
La collecte nette reste positive de 1,3 milliard d'euros depuis le début de l'année. (Crédits : DR)

L'assurance-vie accuse sa quatrième décollecte de l'année en septembre (-345 millions), après août, juillet et mai dernier, selon les derniers chiffres de France Assureurs. La lente érosion du support d'épargne préféré des Français, qui représente un bon tiers de l'encours des placements financiers des ménages, semble donc se confirmer, même si, sur les neuf premiers mois de l'année, la collecte nette reste positive à 1,3 milliard d'euros.

L'assurance-vie est toujours confrontée à la décollecte soutenue sur le fonds en euros, qui atteint 2,3 milliards d'euros en septembre (27,8 milliards de décollecte depuis janvier) mais aussi  au ralentissement de la collecte sur les unités de compte (UC), sous la barre des 2 milliards en septembre (29 milliards depuis janvier), qui arrive de plus en plus difficilement à compenser les retraits sur les fonds en euros.

En termes de hausse des cotisations (collecte brute), le fonds en euros et les unités de compte (UC) font désormais pratiquement jeu égal (+4% sur les supports en euros, +6% pour les UC). Les UC représentent toujours 40 % de la collecte brute, un taux qui ne progresse plus, et sont investies à 60 % dans les actions. Les prestations (sorties) sont toujours à un niveau élevé mais elles sont entrées dans une phase de ralentissement (+5% en septembre 2023) comparée au début de l'année (+16% sur les neuf premiers mois vs les neuf premiers mois de 2022). Les rachats représentent 58% des prestations, un pourcentage stable d'une année sur l'autre. Au total, l'encours progresse de près de 5 % à 1.895 milliards d'euros.

Un produit pénalisé par de faibles rendements...

« L'assurance-vie fait du surplace, toujours pénalisée par la préférence des ménages pour l'épargne de précaution et les faibles rendements des fonds euros », commente Philippe Crevel, directeur du Cercle de l'épargne.

Il existe, en effet, une relative inertie sur les dépôts à vue des ménages (environ 500 milliards d'euros), ces derniers étant moins portés sur les arbitrages que les ménages américains par exemple.

En termes de performances, le produit a en effet du mal à se comparer aux autres produits d'épargne, comme le livret A (406 milliards d'euros, fin septembre) qui délivre du 3% sans fiscalité ou les dépôts à terme, qui reviennent en force, avec des taux attractifs de plus de 3%, et dont la collecte a augmenté, à la fin août, de 13%, selon les chiffres de la Banque de France (407 milliards d'euros).

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Face à ces concurrents, le fonds en euros fait pale figure, avec son taux moyen attendu à 2,5% pour 2023, selon les estimations du cabinet Facts & Figures, spécialisé dans l'analyse des contrats d'assurance.

Mais qui présente de fortes disparités entre les contrats

« Le taux moyen ne voudra plus dire grande chose compte tenu de la dispersion de plus en plus importante des taux servis », nuance cependant Cyrille Chartier-Kastler, fondateur de Facts & Figures, dans son dernier baromètre 2023 de l'épargne-vie.

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De fait, les nouveaux fonds en euros, pourront proposer des taux supérieurs à celui du Livret A, de 3 à 4 %, alors que les fonds en euros plus anciens, et dont les réserves sont insuffisantes (provision pour participation aux bénéfices inférieure à 2% des encours) auront du mal à servir un taux de plus de 2%.

Quant aux performances des UC, elles devraient être médiocres cette année compte tenu de la forte volatilité sur les obligations et de la correction sur les actions européennes. Sans parler des SCPI, dont les plus populaires en assurance-vie, ont dû réduire la valeur de leur part de 10 à 15%. Les assureurs rappellent cependant que l'assurance-vie reste un produit de long terme, qui ne doit pas être comparé à un livret A ou à un fonds monétaire.

Dans son baromètre, Facts & Figures souligne que les unités de compte « surperforment » le fonds en euros au bout de trois ans, sous réserve d'être investies dans les grandes capitalisations américaines. Sur une longue période, entre 2011 et 2022, les performances des fonds en euros et des UC convergent, mais avec des parcours différents. Mais l'attrait de l'assurance-vie reste avant tout son enveloppe fiscale avantageuse, notamment pour les successions, et pour les ménages aisés.

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Commentaires 3
à écrit le 01/11/2023 à 12:25
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Des volontaires pour le bouche à bouche?

à écrit le 01/11/2023 à 11:06
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il faut dire que les banques piquent de plus en plus de frais de gestion .J'ai propose en assemblée générale CA qu'il fasse un geste quand les resultats sont mauvais mais rien!!!!!!!! par contre il ont fait une ouverture de capital à moins 20% pour l...

à écrit le 01/11/2023 à 9:48
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La classe dirigeante paupérise le peuple français qui pourra de moins en moins épargner et qui préfèrera épargner de l'argent dont elle pourra profiter immédiatement au cas où, l'assurance vie par ailleurs handicapé avec une retraite toujours repouss...

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