La rapide hausse des taux d'intérêt fragilise l'écosystème de la fintech ou de l'assurtech. Les premiers touchés ont été les acteurs du paiement ou du crédit. Ainsi, Crédit Agricole vient d'injecter 47 millions d'euros dans sa fintech Blank, lancée sur le segment des travailleurs indépendants mais Crédit Mutuel Arkéa a décidé l'an dernier de fermer Pumpkin, l'application de transfert d'argent entre amis.
Selon l'Observatoire de la fintech, les levées de fonds se sont brutalement taries à partir du dernier trimestre 2022, avec un ticket moyen qui passe de 30 millions d'euros au premier trimestre 2022 à une fourchette de 10 à 12 millions dans les derniers mois de l'année.
L'assurance n'est pas à l'abri. La startup Luko, récompensée l'an dernier lors du salon Vivatech pour sa capacité à devenir une prochaine licorne (au moins un milliard d'euros de valorisation), vient d'annoncer son rachat par le groupe britannique d'assurance Admiral. Le montant de la transaction n'a pas été communiqué mais il devrait être sensiblement inférieur à la valorisation de 250 millions d'euros retenue lors de la dernière levée de fonds de 50 millions d'euros à la fin 2020.
Deux acquisitions coup sur coup
Fondée en 2016, Luko a rapidement conquis de nombreux clients - 450.000 assurés à ce jour- en se lançant tout d'abord dans l'assurance habitation avant de développer son concept d'assurance « tout-en-un » autour de l'idée de la protection du foyer. C'est d'ailleurs dans l'assurance de dommages (habitation, auto...) que le secteur de l'assurance a été le plus bousculé par les startups en remettant l'expérience client au centre du jeu.
Après avoir levé quelque 72 millions d'euros au total, Luko avait échoué à boucler un quatrième tour de table fin 2022, d'environ 100 millions d'euros, en série C. Un sérieux avertissement car la startup n'était toujours pas rentable six années après sa création. Ce qui ne l'avait pas empêché de se lancer dans une stratégie de croissance externe en rachetant, l'an dernier, presque coup sur coup, l'asssurtech allemande Coya et le spécialiste de la garantie locative Unkle. Ce dernier rachat, d'un montant de 22 millions d'euros financé en cash et en titres (obligations convertibles en actions Luko à émettre) a peut-être été l'opération de trop.
Procédure de sauvegarde
Car Luko est très endetté, à hauteur de 45 millions d'euros, dont 12 millions sont dus aux actionnaires d'Unkle. Face à des échéances de remboursement trop élevées, sans possibilité de lever de l'argent frais, et une rentabilité de l'activité toujours en devenir (donc pas de possibilité d'emprunts bancaires), la startup a été contrainte de se placer la semaine dernière en procédure de sauvegarde pour échelonner sa dette. Une partie du prix payé par l'assureur britannique, connue en France sous la marque L'Olivier, devrait rembourser en partie les créanciers.
« L'adossement à un grand groupe est la meilleure chose pour Luko », a déclaré le cofondateur de Luko Raphaël Vullierme à l'AFP. Aucune suppression de poste n'est prévue à ce jour parmi les quelque 180 employés de Luko. Mais ce rachat signe la fin de l'aventure de Luko - même si la marque devrait être maintenue pour l'assurance habitation- et ses récentes acquisitions Coya et Unkle doivent être revendues... à prix cassés.
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