BNP Paribas tire un trait sur sa présence dans la banque de détail aux Etats-Unis, initiée dans les années 70. Selon un communiqué diffusé ce matin, le groupe bancaire français annonce un accord avec le canadien Banque de Montréal pour la vente de 100% des activités de Bank of the West, une banque californienne acquise en 1979, pour un montant total de 16,3 milliards de dollars en cash (14,4 milliards d'euros). La transaction devrait être bouclée au cours de l'année 2022 avec, à la clé, une plus-value de 2,9 milliards d'euros, selon BNP Paribas.
Cette cession n'est pas une surprise. Depuis un an des informations circulent sur la volonté de BNP Paribas de quitter le marché américain. Elle s'inscrit dans une stratégie de recentrage sur l'Europe dans le domaine des activités de détail, avec comme point d'arrimage la France, l'Italie et le Benelux. Une stratégie d'ailleurs suivie par d'autres grands groupes bancaires, comme HSBC qui souhaite arrêter ses activités de détail aux États-Unis, tout comme l'espagnol BBVA, ou bien à l'inverse, comme Citigroup qui se désengage de l'Europe.
Une bonne opération financière
L'idée, un moment caressé, de créer des grands supermarchés financiers à l'échelle mondiale, sous une marque unique avec une offre standardisée, a vécu, surtout depuis la crise financière de 2007. Chacun se recentre sur ses zones stratégiques, d'autant que les synergies avec Bank of the West étaient faibles, avec une réglementation américaine peu favorable aux groupes étrangers. D'ailleurs, BNP Paribas avait déjà cédé sa petite filiale First Hawaiian en 2019.
C'est surtout une bonne opération financière pour BNP Paribas. A double titre. Tout d'abord, elle cède sa filiale sur un multiple de valorisation élevée au regard des standards européens, soit 1,72 fois l'actif net tangible de Bank of the West (contre 0,7 fois pour le groupe). Au total, cette filiale pèse environ 20% de la capitalisation boursière de BNP Paribas, alors qu'elle ne contribue qu'à 5 % des résultats consolidés du groupe. Toutefois, le prix de vente reste inférieur aux attentes des analystes financiers.
Ensuite, cette cession pourrait permettre au groupe français de repasser sous le seuil de la classification de banque « plus systémique » avec des exigences de fonds propres accrues. Les régulateurs imposent en effet à ces banques, comme JP Morgan, Citigroup ou HSBC, un coussin de sécurité de fonds propres de 2% des actifs contre 1,5% pour les autres banques internationales.
Un trésor de guerre de 7 milliards d'euros
Une fois la vente réalisée, BNP Paribas entend proposer à ses actionnaires le lancement d'un programme de rachat d'actions, d'un montant indicatif de 4 milliards d'euros (6% de la capitalisation), afin de neutraliser la dilution du bénéfice net par action. Le groupe avait déjà annoncé un programme de rachat d'actions le plus important depuis dix ans, à hauteur de 900 millions d'euros, soit 1,2% de la capitalisation boursière.
Le fruit de la vente permettra en outre à BNP Paribas de redéployer son capital à hauteur de 7 milliards d'euros alors même qu'il doit présenter son nouveau plan stratégique en février prochain. Le communiqué esquisse d'ailleurs quelques pistes, comme « renforcer la croissance organique » en Europe ou réaliser des « investissements ciblés dans les technologies et les modèles innovants », voire des acquisitions ciblées « dans des activités à valeur ajoutée ».
A titre d'exemple, la banque avait déjà acquis en France Floa Bank, spécialisée dans le paiement fractionné, même si cette opération est de taille modeste. Notons également que BNP Paribas souhaite maintenir une présence aux Etats-Unis, mais dans le domaine de la banque d'investissement et de financement.
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