La Banque Palatine surfe sur la vague des ETI

La filiale du groupe BPCE redresse la tête en 2021 après une année 2020 difficile. Cette banque spécialisée sur les ETI, compte profiter de l’engouement autour de ces entreprises, considérées par les pouvoirs publics, comme un atout clé de la réindustrialisation des territoires.
Patrick Ibry, directeur général délégué de la Banque Palatine, constate un meilleur maillage territorial des ETI
Patrick Ibry, directeur général délégué de la Banque Palatine, constate un meilleur maillage territorial des ETI (Crédits : DR)

Les ETI, ces entreprises de plus de 15 millions de chiffre d'affaires, choyées par le gouvernement comme axe central de sa politique de réindustrialisation du pays, sont également devenues l'objet de convoitise des banques. BNP Paribas annonce ainsi le renforcement de ses équipes d'affaires auprès des ETI et Crédit Agricole vient de créer un pôle dédié. La Banque Palatine, filiale du groupe BPCE, entend bien profiter de ce nouvel engouement.

« Nous comprenons bien les ETI car nous sommes nous-mêmes une ETI », rappelle Patrick Ibry, directeur général délégué, qui vient de publier des résultats 2021 en net rebond après une année 2020 calamiteuse, en perte.

 Dans le groupe BPCE, la Banque Palatine est le chaînon entre les entreprises de moins de 50 millions d'euros de chiffre d'affaires, suivies par les réseaux des Banques Populaires et des Caisses d'Epargne et les entreprises de plus d'un milliard de chiffre d'affaires qui s'adressent à Natixis, également filiale de BPCE. Pour le dirigeant, « les ETI sont un monde à part, avec des besoins spécifiques, notamment dans le financement de l'export ».

Net recul des provisions

« La banque a retrouvé sa dynamique commerciale car les ETI vont beaucoup mieux », résume Patrick Ibry. Après avoir totalement renouvelé son système informatique en 2020, malgré la crise sanitaire, la « banque des ETI » a vu son chiffre d'affaires progresser de 2% en 2021 à 329 millions d'euros (80% auprès des entreprises et 20% en gestion privée, ciblée sur les dirigeants des ETI) et son résultat net repasser dans le vert, à 49 millions d'euros.

La banque a profité, comme l'ensemble du secteur, d'une baisse sensible de son coût du risque. Les provisions ont ainsi été divisé presque par trois, de 100 millions en 2020 à 39 millions l'an dernier. En 2018, les créances douteuses représentaient 6% des encours, couvertes à hauteur de 42% par des provisions. Aujourd'hui, ce ratio est tombé à 3,5% mais le taux de couverture a grimpé à 60%.

Confiant sur 2022

Pour 2020, Patrick Ibry se montre confiant, « aussi confiant que nos clients ». Ces derniers ont bénéficié des PGE (prêt garanti par l'Etat) pour consolider leur trésorerie et les inquiétudes des ETI portent davantage sur les chaînes d'approvisionnement et la flambée des coûts de certaines matières première que sur un ralentissement de l'activité. A ce jour, 85% des PGE accordés (soit 1,5 milliard d'euros) ont été conservés et 15% ont été remboursés par anticipation.

« Les PGE a été un excellent outil et ils ont permis aux entreprises de rattraper le retard accumulé en 2020. Aujourd'hui, les ETI cherchent surtout à restocker, c'est-à-dire à produire, malgré un environnement international incertain. Mais je ne doute pas de leur agilité pour s'adapter rapidement, comme elles ont su le démontrer pendant la crise sanitaire », observe Patrick Ibry. En revanche, c'est le calme plat sur la demande de prêts participatifs, mis en place par Bercy. C'est sans doute encore trop tôt pour matérialiser une réelle demande de renforcement des quasi fonds propres, avance le banquier.

Réorganisation du réseau

La rentabilité des capitaux propres frôle les 5%, ce qui est inférieur aux standards de la profession, mais la banque s'est lancée dans une profonde réorganisation dans le cadre de son nouveau plan stratégique à 2024.

Cette réorganisation va se traduire notamment par une réduction sensible de son nombre d'agences, de 44 aujourd'hui à moins de 30 d'ici 2024. Un plan de départ volontaire, portant sur 80 suppressions de postes (sur un effectif total de 1.200 personnes), a été signé en décembre dernier par les partenaires sociaux et commence à être mis en œuvre. Un premier bilan d'étape est prévu en mars prochain. « Il s'agit surtout d'adapter notre réseau aux attentes de notre clientèle. Nous aurons certes moins d'agences mais elles seront plus homogènes, avec 12 à 15 collaborateurs, et proposeront tous les services de la banque », souligne Patrick Ibry.

Aujourd'hui, environ un tiers des agences ont moins de 5 salariés et un autre tiers est spécialisé par métiers, soit entreprises, soit gestion privée. Parallèlement, la banque déploie des plateformes de conseil à distance en gestion privée, autant pour les transactions courantes que pour le conseil patrimonial.

La transmission, un point clé

La gestion privée reste en effet un point d'ancrage de la banque pour suivre à la fois les patrimoines professionnels et privés des dirigeants des ETI.

Alors que le débat sur la fiscalité des successions refait surface pendant cette période électorale, Patrick Ibry constate que « les ETI sont avant tout des histoires familiales. Il est donc extrêmement important de faciliter la capacité de transmission pour à la fois favoriser la création d'ETI, dont le nombre (environ 5.000, ndlr) est encore trop faible, et consolider les ETI existantes qui permettent de réindustrialiser les territoires ».

Beaucoup d'ETI sont en effet implantées en régions, parfois dans des petites bourgades, avec tout l'écosystème qu'elles peuvent entraîner.

Or, selon Patrick Ibry, ça bouge sur le maillage territorial des ETI. « Si l'axe Paris-Lyon reste prédominant, nous observons une très belle dynamique dans le Grand Ouest, mais aussi un frémissement dans le Sud-Est », relate le banquier. Bref, sur les ETI, c'est en région que cela se passe !

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