Plombée par la marge d’intérêt en 2023, Société Générale attend le rebond en 2024

La politique de couverture de la banque de détail en France aura coûté 1,5 milliard d’euros au groupe en 2023. Un impact négatif qui s’estompe progressivement, avec une marge qui devrait revenir en 2024 au niveau de 2022 sur les activités en France. Pour le nouveau patron de la Société Générale, 2024 sera l’année de la mise en œuvre « méticuleuse » du plan stratégique présenté en septembre dernier.
La banque table sur une croissance de ses revenus d'au moins 5 % en 2024.
La banque table sur une croissance de ses revenus d'au moins 5 % en 2024. (Crédits : Reuters)

2023 a été une année blanche pour Société Générale. Le résultat net de la banque est certes en progression de 37% à 2,5 milliards d'euros (-60% au quatrième trimestre). Mais l'an dernier, le résultat net avait été creusé par la vente forcée de la filiale russe. En 2021, le groupe avait dégagé un résultat record de 5,6 milliards d'euros. Mais surtout l'écart se creuse avec BNP Paribas (11 milliards de profits) ou Crédit Agricole SA (6,3 milliards de résultat net).

Après cette année de « transition », selon le nouveau directeur général Slawomir Krupa, 2024 « sera l'année du rebond des revenus et de l'efficacité opérationnelle ».

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Une fois de plus, l'année a été riche en émotions et rebondissements. Elle marque le départ de Frédéric Oudéa en juin dernier, après quinze ans de règne, et l'arrivée d'un homme des marchés, Slawomir Krupa au détriment du dauphin présumé, Sébastien Protto, « l'homme de la fusion des réseaux ».

La présentation d'une nouvelle feuille de route en septembre a douché les prévisions des analystes financiers et fait décrocher le cours de l'action, déjà au plus bas. Le nouveau patron table sur des économies brutes de 1,7 milliard d'euros d'ici 2026, une croissance des revenus quasi-nulle, un objectif de rentabilité abaissé dans une fourchette de 9 à 10% et un relèvement de son ratio de capital à 13% en 2026, après prise en compte des nouvelles exigences réglementaires.

Dans le sillage de ce plan, le groupe vient d'annoncer un plan social portant sur la suppression de 950 postes au siège de la banque. Le mot d'ordre est de faire une banque « robuste et durable ». En clair, faire remonter le cours de l'action sur les multiples de ses pairs. La décote est importante, de l'ordre de 50% sur la moyenne européenne du secteur.

Coups durs

Plus ennuyeux, une mauvaise anticipation de l'évolution des taux en 2023 a conduit à une politique de couverture qui aura eu finalement un impact négatif de 1,5 milliard d'euros sur la marge nette d'intérêt des activités de banque de détail en France (dont 400 millions au quatrième trimestre). L'impact négatif de cette couverture a touché son plus haut au troisième trimestre et commence à s'estomper.

« Nous aurons une amélioration progressive de la marge nette d'intérêt au cours des prochains trimestres et la marge d'intérêt devrait atteindre en 2024 un niveau au moins égal à celui de 2022 », avance Claire Dumas, directrice financière du groupe.

Autre coup dur, « le troisième pilier » de la banque, la filiale Ayvens, fruit du rapprochement entre les deux ténors du leasing automobile, ALD et LeasePlan, a lancé un avertissement sur résultat, plombé par des charges de restructuration plus lourdes de prévu, une forte pression sur les marges et un effet de base défavorable sur les ventes de véhicules d'occasion. L'activité devrait repartir en 2024, avec notamment une croissance de 7 à 9 % « des actifs productifs ».

Faible coût du risque

Plus rassurant, les activités de banque de grandes clientèles et de solutions investisseurs (la banque de financement et d'investissement) se portent bien ainsi que les activités de banque de détail à l'international. Enfin, nouvelle fierté de la banque, le dynamisme commercial de la banque en ligne BoursoBank (ex Boursorama Banque) a permis de franchir le cap des 6 millions de clients et de s'engager vers son nouvel objectif de 7 millions de clients.

Tout ceci a conduit a dégagé  25 milliards d'euros de revenus annuels, en recul de 7,6%, principalement du fait de la baisse de la marge nette d'intérêt en France. Les frais sont stabilisés et le coût du risque reste à un niveau faible, à 17 points de base en moyenne sur l'année. Le coût du risque a cependant grimpé à 34 points de base au dernier trimestre. La banque prévoit  un coût du risque compris entre 25 et 30 points de base en 2024, ce qui reste un niveau relativement faible.

Tout le plan, rien que le plan

« C'est avec confiance et détermination que nous abordons l'année 2024, qui verra l'exécution méticuleuse de son plan stratégique », souligne Slawomir Krupa. La banque prévoit une croissance d'au moins 5 % des revenus en 2024, un coefficient d'exploitation inférieur à 71% et une rentabilité (ROTE) de plus de 6%.

« Nous continuerons, conformément à nos engagements, à améliorer l'efficacité opérationnelle de la banque de façon linéaire en 2024 et à générer environ 500 millions d'euros d'économies brut en 2024, par rapport à notre objectif total à 1,7 milliard d'ici 2026 par rapport à 2022 », explique-t-il.

Parallèlement, la banque prévoit un milliard d'euros de charges de transformation sur la période 2024-2026, dont 750 millions dès 2024. Sur les éventuelles cessions, le directeur général s'est contenté de rappeler que le « travail de revue du portefeuille d'activités se poursuit pour garantir le bon équilibre entre synergies, diversification, profil de risque et rentabilité ».

Des rumeurs concernent la filiale titres du groupe, SGSS qui opère sur un marché en profonde concentration, et pourrait intéresser un acteur comme CACEIS, filiale du Crédit Agricole. Rappelons que Société Générale a déjà vendu au Crédit Agricole ses activités de gestion d'actifs (Amundi) et sa filiale sur les produits dérivés et les ETF Lyxor.

Et, comme pour rassurer les marchés, échaudés par les promesses non tenues dans le passé, le directeur général promet une « mise à jour régulière et transparente sur nos progrès ». Pour l'heure, les marchés, pourtant nerveux, restent l'arme au pied : le titre a peu réagi aux résultats à midi.

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Commentaire 1
à écrit le 08/02/2024 à 13:06
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