Suppression de 900 postes : Société Générale multiplie les plans sociaux pour redresser sa rentabilité

Entre 900 et 1.000 suppressions de postes sont prévus dans le cadre d’une réorganisation du siège de la Société Générale. Au total, c’est environ 8 % des effectifs en France qui seront supprimés d’ici 2026, en prenant en compte les conséquences sociales de la fusion des réseaux bancaires. Et cela, sans compter d’éventuelles cessions qui pourraient à nouveau réduire les effectifs de la banque. Les syndicats manifestent leur anxiété face à la multiplication des plans sociaux et l’absence d’ambition pour la banque.
Des réductions de postes sont prévus dans les services informatiques, les services des achats et avec la simplification de l'organisation.
Des réductions de postes sont prévus dans les services informatiques, les services des achats et avec la simplification de l'organisation. (Crédits : Reuters/Gonzalo Fuentes)

En septembre dernier, devant un parterre d'analystes, le nouveau directeur général de Société Générale, Slawomir Krupa, nommé en juin 2023, avait promis du sang et des larmes. En l'occurrence un plan d'économies d'un montant de 1,7 milliard d'euros sur la base des coûts de 2022, à réaliser d'ici 2026, dont 700 millions liés à de « nouveaux projets lancés dans l'ensemble des entités du groupe afin notamment de rationaliser les systèmes d'information, d'optimiser les processus d'achats ou de simplifier l'organisation », précise un communiqué de la banque, diffusé ce lundi matin.

À trois jours de la présentation de ses résultats annuels, la banque vient en effet de confirmer, après les révélations du journal Les Echos ce week-end, un vaste plan de réorganisation de son siège, qui doit se traduire par « environ 900 suppressions de postes au siège sans départs contraints », soit environ 5 % des effectifs des deux tours de La Défense.

Plus de 8% de suppressions de postes en France

Ce nouveau plan social vient donc s'ajouter aux 3.700 suppressions d'emplois, sans départs contraints, déjà prévu dans le cadre de la fusion des réseaux SG et Crédit du Nord, un effort réparti entre 2023 (30%), 2024 (50%) et 2025 (20%). Cette « nouvelle » banque de détail en France doit permettre de réaliser 450 millions d'euros d'économies d'ici 2025, économies prises en compte dans le nouveau plan de réduction des coûts à horizon 2026.

Dans le sillage d'une première rencontre vendredi entre la direction et les syndicats, ce nouveau plan de départs sera formellement présenté aujourd'hui aux instances représentatives du personnel, avec notamment la répartition prévue des suppressions dans les différentes entités du siège, pour une consultation prévue au second trimestre 2024.

Volume anormal de départs

Le syndicat CGT de la banque évoque de son côté 947 suppressions de postes, soit « le plus grand nombre de suppressions de postes en un minimum de temps », suggérant que l'essentiel de ce plan devrait être bouclé d'ici l'été. Le syndicat majoritaire SNB s'inquiète « des efforts sans cesse demandés aux salariés pour absorber les réorganisations qui s'enchaînent et une charge de travail croissante pour compenser les emplois supprimés ». Il note également depuis plusieurs semaines un « volume anormal de départs contraints dans les services centraux ». Le groupe emploie, à la fin 2022, 56.000 personnes en France (117.000 dans le monde).

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Le plan stratégique de la banque, présenté en septembre, implique des réductions de coûts, mais aussi des dépréciations et des cessions d'actifs, un relèvement de l'objectif de capital (à 13% de ratio CET1) et un ralentissement de la croissance des revenus afin que le groupe soit « plus robuste et plus durable », selon l'expression de Slawomir Krupa. Des annonces qui ont été très mal accueillies par les marchés.

Une grande banque du passé ?

Après les plans sociaux, la banque pourrait s'engager vers de nouvelles cessions d'actifs en France, redoutent les syndicats. La banque mène une revue stratégique sur l'ensemble de ses métiers, une revue qui s'est déjà traduite par la vente de filiales dans six pays africains. D'autres cessions sont régulièrement évoquées, comme la filiale bancaire en Roumanie, la filiale spécialisée dans le crédit-bail SGEF (1.500 salariés), et surtout la SGSS, spécialisée dans la conservation de titres, un métier industriel à fort effet de taille qui se concentre à grande vitesse, et en qui emploie près de 4.000 personnes, dont la moitié en France. Des rumeurs évoquent également la mise en vente de la fintech Shine. C'est plus anecdotique, mais cela montre, si c'était confirmé, que la banque n'est plus en capacité de financer la croissance d'une start-up.

Interpellé par le SNB sur les rumeurs de cessions de la SGEF et de la SGSS, le directeur général aurait répondu « qu'il n'y a pas d'activité dans le groupe qui ne fait pas l'objet d'une étude sur son positionnement et sa rentabilité et que ces deux métiers en font partie comme les autres ».

Le SNB CFE-CGC se montre d'ailleurs « très perplexe et inquiet ». « Nous vivons depuis plusieurs années une succession de plans de restructuration, avec des baisses d'effectifs. Force est de constater que cela ne fonctionne pas. Nous attendons un plan de développement et non des annonces qui vident la banque de sa substance », nous confie un de ses représentants. « Sommes-nous en train de devenir une grande banque du passé ? », s'interroge-t-il.

Obsession du cours de Bourse

C'est la critique récurrente adressée depuis des années à la Société Générale, celle d'une banque qui se recroqueville sur elle-même. Et ce ne sont pas les ambitions affichées dans la banque en ligne (BoursoBank) ou le leasing automobile ( Ayvens, nouveau nom issu de la fusion entre ALD et LeasePlan), deux axes de développement portés par l'ancien directeur général, Frédéric Oudéa, qui pourraient aider la Société Générale à recoller au peloton de tête des plus grandes banques européennes. Avec une capitalisation de 18,5 milliards d'euros - près de 3,5 fois moins que sa rivale BNP Paribas - et surtout une valorisation parmi les faibles du secteur, à 0,35 fois l'actif net estimé en 2024, Société Générale fait désormais plus figure de proie que de prédateur.

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C'est pourquoi la feuille de route de Slawomir Krupa est claire : redresser la profitabilité de la banque et son cours de Bourse. C'est une priorité absolue. Et le directeur général s'y emploie sans état d'âme. Pour l'heure, il n'a guère convaincu les marchés : le titre recule de 12% depuis sa nomination en mai 2023, l'une des plus faibles performances du secteur en Europe. Et le marché est resté de marbre ce matin face aux annonces de nouvelles suppressions d'effectifs. La présentation des résultats jeudi prochain aura valeur de test pour le directeur général.

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Commentaires 4
à écrit le 06/02/2024 à 11:45
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Ben ce sont les règles du jeu d'un Capitalisme qui a totalement financiarisé nos économies réelles!!! Et d'une manière plus générale, les règles de ce jeu de société mortifère (un "'jeu" contreproductif à un ensemble) sont enfreintes lorsque l'"État ...

à écrit le 06/02/2024 à 7:57
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A force de virer les gens, on ne trouve plus personne pour faire le boulot. Elle est loin, la SG "banque d'entrepreneurs" : il ne reste plus que des pseudo-comptables aux postes de commandes, apparemment.

à écrit le 05/02/2024 à 12:07
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Mais aussi l'aide a l'installation des colons en Palestine ! quel programme ! lorsque l'on spécule la seul chose qui reste c'est le réel, et comme il semble que les banques Espagnol font de bons profits du coup lorsqu'il reste que la masse salariale....

à écrit le 05/02/2024 à 11:58
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Ils avaient vu un peu grand…..et pendant ce temps Daniel Bouton partie avec 1,2 millions d’euros annuel de retraite ,rectifié je crois à 720000€ .Le responsable de Kerviel n’avait rien vu venir,preuve s’il en est que les hauts fonctionnaires cooptés ...

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