COP 28 : Société Générale précise ses engagements en faveur du climat

La banque complète ses objectifs de réduction des émissions par secteur en y ajoutant le secteur de l’immobilier commercial. Crédit Agricole a déjà intégré ce secteur à sa stratégie climatique et planche sur l’immobilier résidentiel. BNP Paribas a également décliné sa stratégie par secteurs. Ces initiatives se multiplient et surtout se précisent dans leur trajectoire alors que le secteur bancaire est soumis à une pression très forte des ONG pour un arrêt complet de tout financement au secteur des énergies fossiles.
Le groupe bancaire Société Générale place les enjeux climatiques au cœur de sa stratégie, selon son directeur général, Slawomir Krupa.
Le groupe bancaire Société Générale place les enjeux climatiques au cœur de sa stratégie, selon son directeur général, Slawomir Krupa. (Crédits : Reuters/Gonzalo Fuentes)

A quelques jours de l'ouverture de la COP 28, qui aura lieu à Dubaï du 30 novembre au 12 décembre, les banques françaises musclent leur annonce sur leur engagement en faveur de la lutte contre le réchauffement climatique. La semaine dernière, BNP Paribas avait annoncé mettre fin à ses financements de projets liés au charbon métallurgique.

De son côté, Société Générale, qui a également stoppé son soutien au charbon métallurgique depuis 2021, vient de rappeler ses engagements, pris dans le cadre du nouveau plan stratégique de la banque présenté en septembre dernier aux investisseurs. « Les enjeux ESG sont au cœur de notre nouvelle feuille de route stratégique », a rappelé ce lundi 27 novembre, dans un communiqué, Slawomir Krupa, directeur général de Société Générale.

Il est notamment question d'accélérer la réduction de l'exposition de la banque au secteur de la production de pétrole et de gaz, soit une baisse de 50 % d'ici 2025 par rapport à 2019, et de 80% d'ici 2030. La banque s'engage également à stopper toute offre de produits et services financiers aux projets de nouveaux champs de production de pétrole et de gaz. Des objectifs cibles de réduction des émissions de gaz à effet de serre sont établis, d'ici 2030, selon les secteurs d'activités : -70% pour le secteur pétrole et gaz, - 51% pour le secteur automobile, -20% pour le secteur ciment, -63% pour l'immobilier commercial, et alignement à 0 pour le secteur acier. Enfin, comme elle l'avait déjà annoncé, la banque s'apprête à lancer un fonds d'investissement d'un milliard d'euros ciblé sur la transition énergétique.

A la pointe du combat climatique ?

Les banques françaises se veulent vertueuses dans le domaine du climat et même à la pointe du combat. C'est notamment le message de BNP Paribas, première banque européenne, et régulièrement prise pour cible par les ONG.

La banque a pourtant précisé ses engagements en mai dernier, avec notamment l'arrêt de tout nouveau financement à de nouveaux champs pétrolier ou gazier. Elle prévoit, pour rappel, de consacrer 80% de ses financements à la production d'énergies bas carbone d'ici 2030 (60% fin 2022) avec un minimum de 40 milliards d'euros, et enfin de réduire de 80 % les crédits de la banque sur le pétrole (de 5 milliards en 2022 à 1 milliard en 2030) et de 30 % sur le gaz d'ici 2030. Enfin, la banque donne également des cibles de réduction des émissions par secteurs d'ici 2030 : -30 % sur le pétrole, -25% sur l'automobile, -25% sur l'acier, -24% sur le ciment et -10% sur l'aluminium.

Lire aussi« Nous annonçons un désengagement massif de l'amont pétrolier et gazier et les moyens d'y parvenir » (Antoine Sire, BNP Paribas)

Enfin, Crédit Agricole SA a décliné, fin décembre 2022, ses objectifs à 2030 de réduction d'émission de ses clients dans les secteurs pétrole & gaz (-30%), électricité (-58%), automobile (-50%), immobilier commercial (-40%) et ciment (-20%). Des objectifs similaires dans d'autre secteurs (transport maritime, acier, aviation, immobiliser résidentiel) sont en cours d'évaluation. Le groupe rappelle que 60% des encours du groupe Crédit Agricole seront couverts par les objectifs NetZero d'ici la fin de l'année.

Le groupe s'est même doté d'une filiale spécialisée, Crédit Agricole transitions et énergies, dont la vocation est d'investir dans la production d'énergies bas carbone. Cette filiale devrait ainsi investir un milliard d'euros dans la filière des énergies renouvelables, et même de mobiliser à l'horizon 2030, 19 milliards d'euros de financements apportés par les différentes entités du groupe mutualiste.

Forte pression des ONG

Les ONG continuent cependant de mettre une forte pression sur les banques afin qu'elles sortent complètement du financement des grands projets pétroliers et gaziers, considérés par les défenseurs du climat comme des « bombes climatiques », à l'instar du projet pétrolier en Ouganda ou gazier au Mozambique de TotalEnergies. Une étude menée par plusieurs ONG, et publiée fin octobre et dont les résultats sont accessibles sur la plateforme CarbonBombs, a pointé les banques françaises pour leur soutien continu aux grands projets pétroliers et gaziers.

Sur l'année 2022, l'étude estime ainsi que les quatre principales banques françaises (BNP Paribas, Société Générale, BCPE et Crédit Agricole) ont investi près de 18 milliards de dollars dans le secteur des énergies fossiles. Et, depuis l'Accord de Paris de 2015 (COP21), qui fixe comme objectif de limiter la hausse de la température moyenne à 1,5 degré d'ici la fin de siècle (objectif désormais quasi inatteignable selon les experts), les banques françaises auraient englouti 154 milliards de dollars dans les acteurs pétroliers ou gaziers qui participent aux quelques 450 méga-projets d'extraction d'énergies fossiles considérés comme des « bombes climatiques » par les ONG.

Dans le même esprit, l'ONG Reclaim Finance a récemment dénoncé le rôle des banques françaises dans les émissions obligataires, « angle mort des politiques climatiques des acteurs financiers » selon l'association, des entreprises pétrolières et gazières.

En attendant, la production de pétrole n'a jamais été aussi élevée aux Etats-Unis et les plus gros deals de l'année en fusions et acquisitions concernent le rachat de Pioneer Natural Ressources, spécialisé dans le gaz de schiste, par ExxonMobil (60 milliards de dollars) et l'acquisition par Chevron du producteur américain de pétrole et de gaz Hess (53 milliards de dollars). Le PDG d'ExxonMobil a justifié, comme d'habitude, son opération en soutenant que le pétrole et le gaz resteront encore et pour longtemps au centre du bouquet énergétique du monde.

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