Société Générale change de braquet en 2021

Tous les clignotants sont au vert pour la banque rouge et noire l'an passé : des résultats records, notamment un bénéfice sans précédent de 5,6 milliards d’euros, une dynamique de croissance dans tous les métiers et des chantiers stratégiques bien engagés pour assoir davantage de revenus récurrents dans l’avenir.
Pour Frédéric Oudéa, directeur général du groupe, l'enjeu est la bonne exécution des nombreux chantiers lancés depuis un an et demi.
Pour Frédéric Oudéa, directeur général du groupe, l'enjeu est la bonne exécution des nombreux chantiers lancés depuis un an et demi. (Crédits : Reuters)

Le contraste est saisissant. Un an plus tôt, Société Générale, affichait une perte annuelle de 258 millions d'euros, semblait en panne de stratégie, repliée sur elle-même avec pour seul message la réduction des coûts, et pire, en perte d'identité. Et le cours de l'action alors promis à une belle descente aux enfers.

Aujourd'hui, la banque publie des résultats 2021 impressionnants, avec un résultat net historique de 5,6 milliards d'euros et un chiffre d'affaires en hausse... de 17% à 25,8 milliards d'euros. « L'exercice est à marquer d'une pierre blanche, ce sont les meilleurs résultats de l'histoire du groupe », se félicite Frédéric Oudéa, directeur général du groupe, qui souligne au passage les revenus record « sur le financement et de conseil, sur les services financiers, sur les marchés de capitaux, les meilleurs depuis 2009, mais aussi sur la banque de détail qui retrouve de belles dynamiques de croissance ».

Momentum

Les performances sont même au-delà des attentes des analystes, particulièrement au quatrième trimestre. De quoi consolider la belle progression du titre, qui gagne 3% à mi-séance jeudi sur un marché plat, mais surtout plus de 100 % depuis un an. Il reste encore du chemin à parcourir : la banque, valorisée autour de 0,6 fois son actif net, affiche toujours une décote par rapport à ses pairs européens (autour de 0,8 fois l'actif net).

Mais la vraie différence par rapport à l'an dernier, c'est un momentum ascendant  : l'heure est à la conquête avec une stratégie claire qui repose sur trois piliers : la banque de détail en France (30% du chiffre d'affaires en 2021), la banque d'investissement et de financement (37%) et la banque de détail et les services financiers internationaux (31%), en particulier le leasing automobile dont la banque est en passe de devenir un leader mondial.

« Cette année 2021, bien au-delà des résultats financiers, est fondamentale car nous avons su faire avancer positivement toute une série d'initiatives stratégiques qui vont transformer le groupe », avance le directeur général. L'année 2022 sera donc essentiellement consacrée à la mise en œuvre ou à la finalisation de ces chantiers. Objectif : réduire encore le coefficient d'exploitation, qui reste toujours, à 67%, à un niveau élevé par rapport aux pairs européens (ou mutualistes en France).

Le pari Boursorama

Les nombreux chantiers lancés depuis deux ans portent en effet leurs fruits, bien aidés il est vrai par une conjoncture exceptionnelle qui se traduit par des résultats sans précédent chez la plupart des concurrents. La banque a ainsi mis sur les rails son ambitieux projet de rationalisation de ses réseaux d'agences en France (rapprochement de Société Générale et Crédit du Nord) et donné les moyens à sa filiale Boursorama de consolider son leadership dans la banque en ligne en France.

Pari réussi visiblement avec 800.000 nouveaux clients en ligne, dont 100.000 sur le seul mois de décembre. Boursorama devrait atteindre ses objectifs de rentabilité avec un an d'avance, d'autant qu'elle devrait reprendre une partie du portefeuille clients d'ING France (700.000 clients actifs, selon les estimations), selon les modalités qui restent à préciser. Cette stratégie de conquête a cependant un coût : une perte cumulée de 230 millions d'euros sur 2021-2023, selon les calculs du courtier Jefferies. « Boursorama va transformer le paysage bancaire pour les clients particuliers », estime Frédéric Oudéa.

L'année 2022 commence également sur les chapeaux de roue avec l'acquisition, pour 5 milliards d'euros, de LeasePlan, numéro un européen du leasing automobile et de la gestion de flottes, un marché de la mobilité en plein essor et terrain de chasse privilégié des banques.

Enfin, la banque retrouve son souffle là où ses malheurs ont commencé - après avoir fait sa gloire dans les années 90/2000 - les activités de marché sur les actions, bien soutenue également par les politiques monétaires accommodantes et l'envolée de la Bourse l'an dernier. Au total, la banque de financement et d'investissement est redevenue le principal moteur de la croissance du groupe, avec des revenus en hausse de 25%. « La réallocation de capital vers les activités de financement et de conseil et le repositionnement des risques ont porté leurs fruits », commente Claire Dumas, directrice financière du groupe.

Coût du risque au plus bas

La performance de la banque s'explique aussi par un coût du risque extrêmement bas (13 points de base, 6 points de base au quatrième trimestre), soit 700 millions de provisions, un montant divisé par cinq par rapport à 2020. Au total, le taux de couverture s'établit à 51%, un niveau sensiblement moins élevé que Crédit Agricole (75%). Mais, selon la banque, le stock de provisions couvre 2,6 fois le besoin en dotations observé en 2019 sur les dossiers douteux. « En 2022, nous prévoyons que le coût du risque soit contenu sous les 30 points de base », précise Claire Dumas.

La banque peut donc se montrer généreuse avec ses actionnaires, avec un taux de distribution de 50%, sous la forme d'un dividende en numéraire de 1,65 euros (60%) et d'un nouveau programme de rachat d'actions de 1,05 euro par action (40%), soit un montant de 915 millions d'euros. Toutefois, la banque devrait revenir cette année sur une répartition 80% en numéraire et 20% en actions du retour aux actionnaires.

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