Ukraine : l’Occident cible les banques russes, Société Générale reste sereine sur sa filiale Rosbank

Ce sont surtout le secteur bancaire que visent les Etats-Unis et l’Europe dans son premier train de sanctions à l’égard de la Russie après son agression contre l’Ukraine. Mais, pour l’heure, l’impact semble limité pour les banques russes. Société Générale, très présente en Russie via sa filiale Rosbank, se déclare vigilante mais sereine. Elle met en avant le business model de sa filiale, très domestique, et la qualité du portefeuille de crédit, pour amortir l’onde de choc.
Filiale à 100 % de Société Générale, Rosbank est la première banque étrangère en Russie, avec plus de 2 millions de clients.

Le camp occidental a clairement ciblé le portefeuille de la Russie après la décision de Vladimir Poutine de reconnaître l'indépendance de deux régions séparatistes en Ukraine. Le secteur bancaire russe est principalement visé, notamment dans la capacité à opérer à l'international. Mais pour l'heure, l'étendue des sanctions est pour le moins limitée.

L'Union européenne a rapidement sanctionné 27 représentants, élus et entités russes, dont des banques qui financent directement ou indirectement les entités séparatistes. Londres a annoncé des sanctions à l'encontre de cinq banques russes, Rossiya, IS Bank, General Bank, Promsviazbank et la Banque de la mer Noire. Ces des banques marginales, à l'exception de Promsviazbank, impliquée dans le financement des activités militaires russes.

Enfin, les Etats-Unis ont ajouté à leur liste noire, qui comptait déjà Rossiya, les banques publiques Promsviazbank et VEB. Le Trésor américain a également interdit toutes activités de marché sur la dette souveraine russe, qui s'est d'ailleurs effondrée sur les marchés.

Impact limité

A priori, ces sanctions auront, à court terme, un impact limité pour le secteur bancaire russe. Elles pourraient néanmoins renforcer la défiance sur un secteur qui doit pourtant reposer sur la confiance. Ce qui pourrait avoir à moyen terme un impact non négligeable, notamment sur le coût de refinancement sur les marchés.

Pour l'instant, les grandes banques russes, comme Sberbank ou VTB, échappent aux sanctions mais pas à la sanction de la Bourse : les deux banques ont perdu un quart de leur capitalisation en cinq jours. Selon les observateurs russes, citées à l'agence Reuters, le système bancaire russe serait toutefois aujourd'hui plus résilient aux sanctions occidentales qu'il ne l'était en 2014, lors de la première vague de sanctions suite à l'annexion par la Russie de la Crimée. Les banques russes auraient notamment réduit leur exposition à la dette américaine et au dollar, au profit de l'or et de l'euro.

Mais tant les Etats-Unis que l'Union européenne laissent entendre que des sanctions plus massives pourraient être imposées au système financier russe, même si l'option de couper l'accès au réseau international interbancaire SWIFTn'est pas clairement sur la table. A ce jeu, les Etats-Unis pourraient se montrer plus agressifs en interdisant notamment aux banques américaines de correspondre avec des banques russes. Sberbank et VTB sont particulièrement visées, compte tenu de leur taille.

Société Générale attentive mais sereine

Les banques européennes, en particulier les banques françaises, autrichiennes et italiennes, sont naturellement plus exposées à la Russie que les banques américaines. Selon les chiffres de la BRI, les banques françaises et italiennes détiennent environ 25 milliards de dollars de créances russes, au troisième trimestre 2021. Un chiffre à comparer avec l'exposition de 14,7 milliards de dollars pour les banques américaines.

En France, Société générale est la banque la plus présente en Russie, via sa filiale détenue à 100 %, Rosbank. C'est même la première banque étrangère en Russie avec 235 agences et quelque 2 millions de clients. Le groupe est le plus offensif du secteur bancaire français à l'Est (Russie, Roumanie, République Tchèque), une zone géographique qui pèse environ 25% du chiffre d'affaires des activités de banque de détail du groupe. La banque s'est cependant désengagée ces dernières années de la Pologne et des Balkans.

La Russie est toujours restée une priorité pour le groupe pour rester présent sur un marché domestique rentable et innovant, mais aussi pour accompagner ses grands clients corporate en Russie. L'été dernier, Philippe Aymerich, directeur général délégué du groupe, avait indiqué que les « les sanctions internationales ont eu peu d'impact sur Rosbank ».

1,7% de l'exposition en cas de défaut

Aujourd'hui, la banque met en avant le business model de sa filiale, à la fois très domestique (et donc relativement imperméable aux sanctions internationales) et « équilibré », avec un portefeuille de crédit « de qualité », réparti à 40% sur les entreprises et 39% sur les particuliers. La banque précise même que 85% de son exposition sur les entreprises concernent des entreprises de qualité Tier 1 et que le crédit aux particuliers est sécurisé pour l'essentiel par des actifs immobiliers.

Son exposition totale en Russie est de 18 milliards d'euros (y compris le hors bilan), ce qui représente 1,7% de l'exposition totale en cas de défaut du groupe. L'exposition à la dette souveraine est limitée à 3,8 milliards d'euros, selon la banque. « Nous suivons de près l'évolution de la situation. Rosbank mène ses activités de manière normale dans le cadre d'une surveillance renforcée. Rosbank est une banque russe avec des activités principalement locales, nous sommes confiants dans notre capacité à assurer l'activité pour nos clients », résume un porte-parole de la banque.

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Commentaires 3
à écrit le 24/02/2022 à 11:19
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serein mais mais vigilant…il semblerait que les politiciens mis en examen aient fait école dans l’art de la formule….qui nous dit tout qui nous dit rien.

à écrit le 24/02/2022 à 9:34
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Hier soir pendant le match de champion's league opposant l'athletico madrid et manchester united il y avait la pub sur le terrain pendant tout le match de... gazprom.

le 24/02/2022 à 13:23
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On comprend mieux, le citoyen est footeux, cela explique la qualité des commentaires

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