Blockchain : premiers paiements interbancaires... et premiers piratages

À l'heure où les banques s'intéressent de plus en plus à la technologie Blockchain pour leurs transactions financières, la sécurité est devenue l'enjeu crucial pour l'avenir de la Blockchain.
Laurent Lequien
Pour les banques, les applications concrètes de la Blockchain sont multiples : moins d'intermédiaires dans les transactions, donc moins de coûts de fonctionnement, des échanges plus rapides et plus sécurisés.

En juin dernier, un groupe de sept grandes banques, dont UBS, Santander et UniCredit, a effectué ses premiers paiements transfrontaliers en utilisant la technologie Blockchain. Ces établissements ont notamment finalisé des transactions internationales en recourant à la monnaie numérique XRP, développée à partir de cette technologie par la startup Ripple, qui a mis en place un système de transferts d'argent et de paiements à l'international en temps réel.

Traditionnellement, pour effectuer des transactions financières telles que l'achat d'une action par exemple, les banques passent par ce que l'on appelle des chambres de compensation et de "clearing" comme Clearstream ou Eurostream. Celles-ci vérifient que l'acheteur reçoit bien son titre de propriété, et le vendeur son argent en s'assurant que tout se passe bien entre le moment où la transaction est engagée et celui où la livraison est faite.

Grâce à la Blockchain, le règlement est quasiment instantané, affirment les sept banques ayant pris part à cette première.

"Nous sommes parvenus à un moment charnière où les institutions financières sont en train de transiter des tests vers une application réelle de la Blockchain", précise Chris Larsen, le directeur général de Ripple.

Outre Santander, UBS et UniCredit, les banques CIBC, National Bank of Abu Dhabi, ReiseBank et ATB Financial sont les autres établissements ayant effectué des paiements transfrontaliers via cette technologie.

La sûreté des transactions en question

Pour les banques, les applications concrètes de la Blockchain sont multiples : moins d'intermédiaires dans les transactions, donc moins de coûts de fonctionnement, des échanges plus rapides et plus sécurisés.

Pourtant, mi-juin, des doutes sur les vulnérabilités du système ont ressurgi après que des pirates informatiques ont dérobé l'équivalent de plus de 50 millions de dollars de monnaie numérique au fonds d'investissement "TheDAO" qui avait collecté l'argent en ether, une crypto-monnaie concurrente du bitcoin. La plateforme qui détenait 9,2 millions d'ether (environ 134 millions de dollars), a été la cible d'une attaque qui exploitait une vulnérabilité dans le code des "smart contracts", siphonnant ainsi des dizaines de millions d'ether.

Un portefeuille, identifié comme le destinataire de ce butin, détient déjà 3,5 millions d'ether (47 millions de dollars). Le fonctionnement de TheDAO fait que l'attaquant présumé ne peut récupérer les ethers volés avant 27 jours, le temps d'initier une sortie des "coins" immobilisés par ce "smart contract" piraté. Ces 27 jours de "séquestre" ont laissé du temps à la communauté pour arbitrer sur ce piratage. Réponse le 14 juillet !

Ce vol a en tout cas fait plonger le cours de l'ether. Le cours de l'autre cryto-monnaie vedette, le bitcoin, n'a pas été affecté pour l'instant.

ether

Pour mémoire, début 2014, le bitcoin avait été sérieusement dévalorisé quand MtGox, une des principales plateformes d'échange utilisant cette monnaie virtuelle, a fait faillite. Le patron de cette société basée au Japon avait alors expliqué avoir été victime d'une attaque informatique qui aurait entraîné in fine le vol ou la disparition d'une fortune en bitcoins.

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DEFINITIONS

La "Blockchain" ou "chaîne de blocs" est un programme informatique virtuel partagé entre de nombreuses parties permettant de garantir la traçabilité d'un échange. Elle est l'essence des monnaies virtuelles comme le bitcoin ou l'ether.

DAO pour Decentralized Autonomous Organization (organisation autonome décentralisée).

Etherium est une blockchain publique permettant la création par les utilisateurs de "contrats intelligents" (smart contracts) utilisant une unité de compte dénommée "ether" comme moyen de paiement de ces contrats.

Laurent Lequien

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