Coronavirus : ces fintech qui digitalisent les aides aux plus démunis

Alors que les conséquences économiques dévastatrices de la pandémie de coronavirus se font déjà sentir, plusieurs start-up du monde de la finance déploient des systèmes de cartes de paiement intelligentes pour distribuer de manière plus efficace et plus sûre des aides aux populations les plus fragiles.
Juliette Raynal
(Crédits : Unity Card)

La crise du coronavirus n'est pas que sanitaire. C'est aussi une crise économique sans précédent dans l'histoire contemporaine qui pourrait plonger plus de 500 millions de personnes dans la pauvreté, selon les dernières estimations de l'organisation non-gouvernementale (ONG) Oxfam. Dans ce contexte, plusieurs start-up de la finance (ou fintech) spécialisées dans les paiements ont mis au point des solutions permettant aux gouvernements, collectivités et ONG de distribuer de manière plus efficace et plus sûre des aides aux populations les plus fragiles.

"Distribuer du pouvoir d'achat en envoyant de l'argent sous forme de chèques ou de virements risque d'entraîner un phénomène de thésaurisation. C'est un comportement compréhensible mais qui ne correspond pas au but recherché par les autorités. Les traditionnels bons d'alimentation imprimés sur papier entraînent, eux, une manipulation fastidieuse et exposent à des problèmes de pertes et de fraudes", explique Robert Masse, fondateur de Loyaltek et Paynovate, deux fintech belges spécialisées dans les terminaux de paiement et l'émission de cartes de paiement.

L'entrepreneur est aujourd'hui à l'initiative de Unity Card, une carte de paiement alimentée via des fonds publics visant à aider les populations dans le besoin tout en soutenant les commerces de proximité touchés de plein fouet par les mesures de confinement.

Unity Card veut soutenir les personnes dans le besoin et l'économie locale

"Notre solution est une carte prépayée dont les paramètres d'usage peuvent être finement contrôlés. Il est ainsi possible de fixer un montant et une durée de validité pour que les populations visées utilisent l'argent rapidement. Nous pouvons aussi limiter son mode d'utilisation en rendant impossibles les retraits d'argent aux distributeurs automatiques de billets et les achats sur internet, et contrôler la couverture géographique et sectorielle pour privilégier les dépenses dans des commerces de proximité et non dans des grandes surfaces", détaille l'entrepreneur.

En Belgique, les deux start-up mènent actuellement des discussions avec plusieurs municipalités et s'apprêtent à produire 600.000 cartes prépayées dans le cadre de ce programme. Plusieurs régions françaises auraient également manifesté leur intérêt. Robert Masse espère convaincre les pouvoirs publics grâce à sa précédente expérience. "La solution a déjà fait ses preuves", affirme-t-il. Celle-ci a, en effet, déjà été testée il y a quatre ans en Allemagne lors de la crise migratoire. 20.000 cartes similaires avaient été alors distribuées pour gérer les allocations d'attente des réfugiés syriens, leur permettant de subvenir à leurs besoins élémentaires en s'approvisionnant auprès de commerçants locaux.

La carte prépayée de Soldo adoptée par Milan

La fintech Soldo, fondée à Londres par l'italien Carlo Gualandri, a mis au point un dispositif similaire. Sa carte prépayée et paramétrable a d'ores et déjà été adoptée par la ville de Milan. La capitale de Lombardie, région de la péninsule la plus touchée par l'épidémie de Covid-19, va utiliser sa carte Soldo Care pour distribuer une partie des 400 millions d'euros d'aides votées par le gouvernement italien. 21 autres organisations officielles italiennes prévoient d'utiliser ce système pour leurs programmes d'aide d'urgence et 20.000 cartes ont déjà été produites, indiquait la start-up dans un communiqué le 21 avril dernier.

Dans l'Hexagone, la pépite Famoco, spécialisée dans les terminaux de paiements alternatifs (autres que ceux réalisés par les réseaux Visa et Mastercard), a été sollicitée par une quinzaine de gouvernements africains et est en discussions avec plusieurs grandes villes françaises et européennes.

L'approche originale du français Famoco

La fintech, qui a déjà digitalisé le programme de coupons alimentaires des Nations Unies, propose une approche différente. Elle ne distribue pas de carte prépayée mais une carte à mi-chemin entre une carte d'identité et une carte de paiement.

"Le bénéficiaire se rend dans un magasin et passe sa carte sur notre terminal de paiement. Il est alors identifié et prend connaissance de ses droits et des biens qu'il peut acheter. Le magasin est réglé directement par l'établissement payeur. Aucun argent ne transite sur la carte", détaille Lionel Baraban, directeur général et cofondateur de Famoco.

Chaque inscription au programme s'effectue de manière biométrique. Les droits de chaque bénéficiaire ne sont donc pas cessibles. De quoi éviter, les vols et les violences que peuvent engendrer des systèmes par cartes prépayées.

Pour l'heure, Famoco n'a signé aucun contrat dans le cadre de la crise du coronavirus. "La technologie est là. C'est aux politiques de s'en emparer ou non" estime Lionel Baraban, qui rappelle que sa solution a d'ores et déjà été déployée auprès de 30 millions de bénéficiaires dans près de 40 pays. "Nous distribuons en valeur monétaire un milliard de dollars par an", souligne-t-il.

Lire aussi : Coronavirus : les fintech tricolores plient mais ne rompent pas... pour le moment

Juliette Raynal

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Commentaires 2
à écrit le 28/04/2020 à 16:24
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allez les pauvres dépensez votre argent de suite c'est fait pour, comme cela, la prochaine fois l'on pourra recommencer, cela fera tourner la machine et vous tiendra dans la misère et vous pourrez nous baiser de nouveau la main en remerciement après...

à écrit le 28/04/2020 à 14:14
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Et surtout pour mieux récupérer leurs données afin de les revendre, histoire de les étrangler définitivement à coup de crédits conso, offres mensongères, etc... Ça fait quarante ans que la finance a bidouillé pour faire du bénéfice avec les pauvre...

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