Coronavirus : les fintech, elles aussi, se mobilisent pour aider les entreprises

La plateforme de prêt participatif aux PME October va reporter les remboursements des entreprises qu'elle finance pour les trois prochains mois afin de soulager leur trésorerie. Ce geste n'est pas isolé et d'autres start-up du monde de la finance ont pris, à leur échelle, des initiatives pour épauler les petites entreprises et professionnels touchés par la crise du coronavirus.
Juliette Raynal
(Crédits : dr)

Article publié le 20/03/20 et mis à jour le 23/03/20

Les banques, et les compagnies d'assurance dans une moindre mesure, ne sont pas les seules à se mobiliser pour venir en aide aux entreprises en difficulté face à la crise sanitaire liée à l'épidémie du coronavirus. La fintech française October, spécialisée dans le prêt participatif aux PME, souhaite, elle aussi, pouvoir "donner de l'air" aux petites et moyennes entreprises qu'elle finance et va reporter leurs remboursements pour les trois prochains mois afin de soulager leur trésorerie.

Selon les calculs de la fintech, parmi les quelque 800 entreprises qu'elle a financées dans cinq pays européens, 90% sont touchées par la crise du coronavirus. Dans les détails, 30% sont impactées directement, comme les restaurants, les hôtels et les petits commerces. Et, 60% le seront à moyen terme.

Gel des remboursements

"La  situation est dramatique pour les entreprises. Elles ont toutes de vrais problèmes de liquidité car l'argent ne circule plus. Nous avons estimé que la situation méritait un geste", explique Olivier Goy, le directeur général et fondateur d'October.

La plateforme de financement participatif a donc appelé sa communauté de 21.000 prêteurs à se prononcer sur un gel du remboursement en capital sur une période de trois mois. Les investisseurs avaient jusqu'à jeudi soir minuit pour s'exprimer et ont largement répondu positivement. October a également reçu le soutien entier des investisseurs institutionnels, comme CNP Assurances, Bpifrance ou encore la banque d'investissement espagnole ICO, qui financent les entreprises sur sa plateforme.

"En pleine crise, nous continuons à financer des entreprises. En une semaine, sept entreprises ont obtenu des financements sur notre plateforme. Lundi, alors que le CAC 40 dévissait, 1.300 personnes ont financé deux entreprises en moins d'une heure", ajoute Olivier Goy, stupéfait par un tel élan de solidarité.

Limiter le taux de défaut

La startup, elle-même, ne prélèvera pas de frais auprès des entreprises durant trois mois. "C'est un vrai effort pour nous, mais cela ne nous met pas en difficulté car nous avons la chance d'avoir de la trésorerie", précise le dirigeant.

Une telle initiative n'est d'ailleurs pas totalement désintéressée car l'objectif pour October est d'éviter une explosion du taux de défaut, soit le pourcentage de non-paiement des échéances d'un emprunt.

"Appuyer sur la tête de quelqu'un n'est pas la meilleure technique pour le sauver. Si tout le monde exige sa dette au même moment, cela mènera forcément au dépôt de bilan pur et simple. Il faut donner leur chance aux entreprises de générer de nouveau du chiffre d'affaires", estime Olivier Goy.

Report, offre gratuite, webinar... Les start-up de la finance s'activent

Cette mobilisation n'est pas isolée. D'autres start-up du monde de la finance ont pris, à leur échelle, des initiatives pour épauler les petites entreprises et professionnels. La plateforme de crowdfunding Anaxago, propose également, mais sous certaines conditions, un report de trois mois des coupons dus entre le 1er mars et le 30 avril. Toujours en matière de financement participatif, Tudigo propose aux TPE et PME française d'emprunter entre 10 et 50.000 euros (contre 100.000 euros minimum habituellement) dans des conditions moins onéreuses et simplifiées.

De son côté, la néobanque pour PME Qonto a décidé de ne pas facturer à ses clients les cartes de paiement virtuelles, déjà créées ou qui seront créées, "pendant cette période difficile". La fintech SumUp, qui conçoit des lecteurs de cartes bancaires peu chers pour les petits commerçants, s'est engagée à supprimer des commissions sur les paiements mobiles et a mobilisé un million d'euros pour accorder des avances de fonds aux commerçants en difficultés. La start-up propose, par ailleurs, de partager avec les gouvernements des données pour identifier les entreprises les plus touchées par la crise afin de mieux les accompagner.

La start-up Libeo, spécialisée dans la dématérialisation de la gestion des factures fournisseurs, a, quant à elle, organisé un webinar pour accompagner les entreprises en difficulté dans leurs démarches. L'assurtech Alan a compilé dans un billet de blog les principales actions à suivre (rapatriement, geste au quotidien, téléconsultation etc.) et a débloqué un million d'euros pour mettre gratuitement à disposition plusieurs de ses services, comme la téléconsultation. D'autres encore mettent en avant leurs services de trésorerie. C'est le cas par exemple de la start-up Mansa, qui propose de faciliter l'accès au crédit aux travailleurs indépendants.

Juliette Raynal

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