Google récidive dans le paiement en s'attaquant au marché indien

Le géant de l’Internet lance une application de paiement et transfert d’argent spécialement conçue pour le marché indien sur iPhone et Android. Dans ce pays en pleine transition du cash vers le numérique, le groupe américain vient concurrencer frontalement Paytm, un acteur local soutenu par Alibaba et SoftBank.
Delphine Cuny
Tez signifie "rapide" en hindi : Google promet des paiements et des transferts d'argent simples et sécurisés depuis cette nouvelle application mobile.

Après l'échec de Google Wallet et le lent décollage d'Android Pay, le géant du Web récidive dans le paiement en s'attaquant au prometteur marché indien. Google a dévoilé ce lundi une application mobile de paiement spécifiquement conçue pour le deuxième pays le plus peuplé au monde et ses 300 millions d'utilisateurs de smartphones : Tez ("rapide" en hindi). "L'argent devient simple" promet Google sur le site dédié, qui garantit que l'app est "made for India".

Le ministre des Finances indien en personne, Arun Jaitley, était présent à la conférence de presse ce lundi matin, allant même jusqu'à déclarer :

« Tez par Google deviendra peut-être la façon la plus simple de réaliser des transactions monétaires. »

« Envoie de l'argent à ta famille, partage l'addition avec tes amis ou paie le vendeur de thé du quartier. Effectue tous tes paiements, petits ou grands, depuis ton compte bancaire avec Tez, la nouvelle application de paiement en ligne de Google pour l'Inde », explique le géant du Web sur le site de cette application qui est compatible avec les smartphones sous Android ainsi que l'iPhone.

Sortir d'une économie du cash

Google, dont le patron Sundar Pichai est né en Inde, profite de la volonté du gouvernement Modi de sortir d'une économie dominée par le cash en accélérant le paiement numérique, quitte à retirer de la circulation les coupures de 500 et 1.000 roupies, ce qui avait causé le chaos et des files d'attentes sans précédent aux guichets des banques en fin d'année. Tez passe d'ailleurs par la plateforme unifiée gouvernementale (Unified Payments Interface, UPI) pour accéder au compte bancaire de l'utilisateur - il fonctionne avec 55 banques locales.

S'il ressemble à un porte-monnaie électronique, Tez n'a pas besoin d'être rechargé. L'application et les transactions sont sécurisées avec un code spécifique ou celui de verrouillage du smartphone (ou par empreinte digitale). Le tout doit être "aussi simple que le cash", avec par exemple la fonction "Cash mode" de transfert d'argent entre particuliers à proximité.

Un paysage encombré

Google a fait l'effort de traduire son appli dans 7 langues, outre l'anglais et le hindi, le tamoul, le bengali, etc, et de nouer des partenariats avec commerçants locaux. Mais il débarque dans un paysage déjà assez encombré : plusieurs banques indiennes ont leurs propres applications de paiement tandis que des nouveaux entrants sont devenus extrêmement populaires, comme MobiKwik et surtout PayTm et ses 220 millions d'utilisateurs. La maison-mère de Paytm, la Fintech One97, qui compte le chinois Alibaba parmi ses actionnaires, a été valorisée quelque 7 milliards de dollars lors de sa dernière méga-levée de fonds de 1,4 milliard auprès du japonais SoftBank. L'appli de messagerie Hike, soutenue par les Chinois Tencent et Foxconn, a aussi lancé sa propre appli de paiement Hike Wallet, à la WeChat.

Le marché indien du paiement en ligne a cependant de quoi faire saliver : il pourrait décupler en cinq ans et atteindre 500 milliards de dollars en 2020 selon une étude du cabinet BCG... financée par Google.

L'Inde pourrait cependant n'être que le banc d'essai pour Google : la marque Tez a aussi été déposée en Indonésie et aux Philippines.

Delphine Cuny

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