HSBC a multiplié par quatre son bénéfice trimestriel mais reste sous la pression de son actionnaire chinois

HSBC a presque quadruplé son bénéfice net part du groupe sur un an au premier trimestre 2023, des résultats qu'il attribue au fonctionnement de sa stratégie. Le géant bancaire, qui fait l'essentiel de ses profits en Asie, reste néanmoins toujours sous la pression de son actionnaire chinois, Ping An. L'assureur juge ses performances insuffisantes et lui demande de scinder ses activités asiatiques.
La pression monte sur HSBC depuis que son principal actionnaire, l'assureur chinois Ping An, a demandé à la banque de scinder ses activités asiatiques.
La pression monte sur HSBC depuis que son principal actionnaire, l'assureur chinois Ping An, a demandé à la banque de scinder ses activités asiatiques. (Crédits : Reinhard Krause)

Toutes les banques ne sont pas dans la tourmente à l'instar d'HSBC qui a annoncé, ce mardi, avoir presque quadruplé son bénéfice sur un an au premier trimestre 2023. De janvier à mars, le bénéfice net du groupe bancaire a atteint 10,327 milliards de dollars (9,4 milliards d'euros), contre 2,755 milliards (2,51 milliards d'euros) sur la même période en 2022.

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Sur la même période, le groupe a déclaré que ses bénéfices avant impôts avaient augmenté de 210,9% en glissement annuel, passant de 4,144 milliards de dollars à 12,886 milliards, selon le bilan financier du groupe. « Nos excellents résultats du premier trimestre prouvent une fois de plus que notre stratégie fonctionne », a déclaré le directeur général du groupe Noel Quinn dans un communiqué, soulignant que les « bénéfices étaient répartis entre nos principales zones géographiques ». En conséquence, l'action gagnait 5,6% à 605 pence vers 10H30.

Rachat de la branche britannique de SVB

« Nous restons concentrés sur la poursuite de l'amélioration de nos performances et sur le maintien d'une discipline stricte en matière de coûts, mais nous avons également vu une opportunité d'investir dans SVB UK pour accélérer nos plans de croissance », a déclaré le groupe ce mardi. Le géant bancaire a acquis début mars la branche britannique de la banque californienne en faillite Silicon Valley Bank (SVB) pour 1 livre symbolique. Peu connue du grand public, l'établissement, spécialisé dans le financement des start-up et qui était devenu la 16e banque américaine par la taille des actifs, a fait faillite il y a deux mois. Trois jours après, « Silicon Valley Bank (UK) a été vendue aujourd'hui à HSBC. (...) Les clients de SVB UK pourront accéder à leurs dépôts et leurs services bancaires normalement à partir d'aujourd'hui », avait précisé le Trésor britannique dans un communiqué publié le 13 mars.« Nous pensons qu'ils s'intègrent naturellement à HSBC et que nous sommes particulièrement bien placés pour les faire évoluer à l'échelle mondiale », s'est réjoui le groupe ce mardi.

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Des incertitudes quant à la vente de ses activités de banque de détail en France

HSBC a également réitéré ses incertitudes quant à la vente de ses activités de banque de détail en France à My Money Group, contrôlé par le fonds américain Cerberus. La transaction porte sur 244 points de vente, avec 3.900 collaborateurs servant environ 800.000 clients en France. Mi-avril, HSBC Continental Europe, l'entité européenne basée à Paris du géant bancaire, avait déjà annoncé que cette vente était désormais « moins certaine ».

« Cela est dû à une hausse inattendue des taux d'intérêt en France, qui augmentera le montant du capital requis par l'acheteur à la fin de la transaction », a détaille le groupe ce mardi. Les hausses successives de taux d'intérêt décidées par les banques centrales ces derniers mois pour tenter de juguler l'inflation ont, en effet, eu pour effet de bouleverser la valorisation des actifs, et avec eux les fonds propres, des établissements bancaires. Ceux de My Money Group ne lui permettraient plus de satisfaire les exigences du régulateur si l'opération venait à se faire comme prévu au deuxième semestre 2023, selon l'entité européenne de HSBC.

Le 25 avril dernier, les élus du personnel de la branche européenne de la banque avaient manifesté leur inquiétude en votant le lancement d'une procédure de droit d'alerte concernant ce projet de cession. Ce revirement de situation interpelle encore plus sur la solidité du projet, d'où l'intérêt d'avoir des informations factuelles sur la vision industrielle et stratégique de notre hypothétique repreneur, avait souligné Eric Poyet, représentant syndical FO au CSE.

L'actionnaire chinois Ping An demande à la banque de scinder ses activités asiatiques

Par ailleurs, la pression monte sur HSBC depuis que son principal actionnaire, l'assureur chinois Ping An, a demandé à la banque de scinder ses activités asiatiques, dans le cadre d'une « restructuration stratégique » visant à dégager de la valeur pour les actionnaires. Le géant bancaire, qui fait l'essentiel de ses profits en Asie, avait appelé le 19 avril ses actionnaires à « voter contre les résolutions » allant dans le sens du projet de Ping An lors de l'assemblée générale prévue le 5 mai. L'assureur propose que le groupe bancaire, coté à Londres, s'engage à créer une filiale cotée à Hong-Kong.

La proposition a cependant fait des adeptes parmi les investisseurs de détail à Hong Kong, certains exprimant leur frustration face à l'annulation des dividendes par la banque pendant la pandémie. L'assureur chinois estime que HSBC est à la traîne de la concurrence internationale et que la récente amélioration de ses performances n'était liée qu'à la hausse des taux d'intérêt, qui a désormais atteint son pic. Ping An a également invoqué la détérioration des relations entre les Etats-Unis et la Chine pour justifier la restructuration.

HSBC juge pour sa part que cette proposition ne permettrait pas « de dégager plus de valeur pour les actionnaires. Au contraire, l'impact serait négatif ». Elle estime que « la stratégie actuelle est la meilleure pour dégager du retour » sur investissement.

Néanmoins, la vente de ses activités en France fait bien partie d'un recentrage, que HSBC bancaire a promis d'accélérer, vers l'Asie et le Moyen-Orient. « Nous-mêmes et Ping An avons partagé un objectif commun au cours des trois dernières années, celui d'améliorer la performance de l'entreprise », a assuré Noel Quinn lors de la présentation des résultats 2022, en février dernier. « Les résultats que nous avons annoncés - un bénéfice net de 14,8 milliards de dollars américains - prouvent qu'il y a eu une amélioration de l'activité » et la banque a « fondamentalement transformé la rentabilité d'entités qui étaient déficitaires ou presque aux Etats-Unis et en Europe ».

(Avec AFP)

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