Jean Peyrelevade prône la séparation des activités bancaires

L'ancien patron du Crédit Lyonnais estime que la réforme de la gouvernance bancaire doit aller plus loin encore que les recommandations du rapport Vickers.
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Jean Peyrelevade va à contre-courant des établissements bancaires français, qui tiennent à leur modèle de banque universelle comme à la prunelle de leurs yeux. L'ancien patron du Crédit Lyonnais, aujourd'hui à la tête des activités parisiennes de la banque d'affaires franco-italienne Banco Leonardo, estime que la réforme de la gouvernance bancaire doit aller plus loin encore que le rapport Vickers, qui recommande une séparation partielle des activités de détail de celles de marchés au sein des banques britanniques. C'est ce que Jean Peyrelevade a déclaré lundi soir, lors d'un séminaire organisé par le Comité de vigilance et d'analyse économique (Vigi-Eco), dont l'ancien président du Lyonnais est membre.

Créé au lendemain de la victoire de François Hollande à la primaire socialiste dans le but de « proposer aux électeurs une analyse économique du projet porté par François Hollande », Vigi-Eco avait précisément convié pour ce premier séminaire John Vickers, président de la commission bancaire chargée par le gouvernement britannique de réfléchir à la façon d'empêcher une nouvelle crise financière.

"Séparation complète"

La première réforme préconisée par son rapport consiste à obliger les établissements bancaires à filialiser leur activité de détail pour la séparer des activités de marché. L'objectif : assurer le financement des entreprises et des ménages, même en cas de faillite de la partie banque d'investissement. "Cette idée de ring fencing [cantonnement des risques financiers ; Ndlr] est excellente s'il s'agit d'une étape intermédiaire. A terme, je plaide pour une séparation complète des activités de détail des activités d'investissement", a rétorqué Jean Peyrelevade à John Vickers. "Pour une activité de banque d'investissement, qui n'a pas de dépôts et donc pas de sources propres de liquidité, la tentation sera grande de trouver des tunnels, des viaducs, pour accéder à la liquidité de la banque de détail présente au sein du même groupe bancaire", a argumenté Jean Peyrelevade. Et d'alerter : "Si on s'interdit d'aller plus loin (que le cantonnement), on s'expose à la réapparition, sous une forme inattendue, des problèmes de contagion des risques entre banque d'investissement et banque de détail". Et à ceux qui, comme Baudouin Prot, président de BNP Paribas, feraient observer qu'il n'est plus possible de servir la clientèle des entreprises sans combiner une offre de financement et une offre de marché (La Tribune du 1er décembre), Jean Peyrelevade répond que "les synergies entre les deux métiers sont très faibles".

Autant d'arguments à partir desquels Vigi-Eco formulera des propositions à l'attention du candidat socialiste à la présidentielle, en matière de séparation entre banque de détail et banque d'investissement. En attendant, Nicole Brick, sénatrice PS de Seine-et-Marne et rapporteure générale de la commission des finances du Sénat, devait rencontrer mardi la Fédération bancaire française pour évoquer ce sujet brûlant.

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