Les bébés start-up en manque de lait premier âge

Le Conseil d'analyse stratégique a présenté lundi des propositions destinées à renforcer le financement d'amorçage des start-up françaises, le capital-risque s'orientant de plus en plus vers des investissements de 1,5 million d'euros au minimum.
Le Conseil d'analyse stratégique regrette l'absence d'un plan d'action global visant à appuyer le financement des jeunes entreprises innovantes. Copyright Reuters

Une start-up, c'est un peu comme un bébé. Chaque étape de son développement nécessite une alimentation particulière. Le lait premier âge pour les premiers mois de l'enfant, le financement d'amorçage pour les toutes premières années de la jeune société. Or ce financement d'amorçage, bien évidemment crucial pour le développement de la start-up, fait trop souvent défaut, selon un rapport publié lundi par le Conseil d'analyse stratégique (CAS), une institution chargée d'aider le gouvernement à prendre des décisions et rattachée au Premier ministre.

L'âge moyen des sociétés investies par des FCPI augmente régulièrement

Certes, "de nombreux dispositifs publics - qu'il s'agisse de dépenses fiscales, d'engagements financiers ou de prises de garanties - visent à appuyer le financement des jeunes entreprises innovantes", reconnaît Vincent Chriqui, directeur général du CAS. Et de citer, pêle-mêle, les 400 millions d'euros engagés chaque année par CDC Entreprises, les 300 millions garantis annuellement par Oseo, les réductions d'ISF pour les contribuables investissant dans les PME non cotées, etc. Mais "ces différentes mesures se sont ajoutées les unes aux autres, au fil du temps, sans faire l'objet d'un plan d'action global", regrette le CAS. D'où certaines incohérences, pointées du doigt par un récent rapport de la Cour des comptes. A commencer par une augmentation régulière de l'âge moyen des entreprises investies par les fonds communs de placement pour l'innovation (FCPI), alors que ces derniers sont censés financer de très jeunes pousses.

Le capital-risque s'oriente vers des investissements de 1,5 million d'euros au moins

"Afin d'assurer leur rentabilité, les fonds de capital-risque ne se placent pas sur les phases amont du financement des entreprises, ils s'orientent vers des placements plus tardifs et donc moins risqués", explique le CAS. Une frilosité qui provient en grande partie du manque d'informations dont les investisseurs potentiels disposent au sujet des start-up souhaitant lever des fonds. Et ce ne sont pas les business angels qui pourront prendre le relais du capital-risque : ces particuliers fortunés, qui investissent entre 5.000 et 500.000 euros dans une start-up, ne sont que 8.000 en France, contre 50.000 au Royaume-Uni, selon les associations France Angels et British Business angels. Insuffisant pour combler "l'equity gap", c'est-à-dire le manque de capitaux d'amorçage dans la chaîne de financement des start-up, laquelle va jusqu'à l'introduction en Bourse en passant par le capital-développement et par le capital-risque, celui s'orientant de plus en plus vers des investissements de 1,5 à 2 millions d'euros au moins.

Les "accélérateurs", des incubateurs de nouvelle génération

Aussi, le CAS suggère-t-il, dans son rapport, d'examiner l'alternative que peut représenter le "corporate venture", le capital-risque pratiqué par des entreprises telles que France Télécom avec sa filiale Innovacom. Le CAS recommande également la mise en place "d'accélérateurs", ces incubateurs de nouvelle génération, qui ne se contentent plus d'offrir un gîte aux start-up, mais qui, après les avoir sélectionnées en fonction de la pertinence de leur projet, les accompagnent dans l'élaboration de leur business plan et les mettent en relation avec des investisseurs. Mis en confiance par le premier tri ainsi effectué, ceux-ci sont davantage enclins à investir dans les projets qui leur sont présentés.

Un appel au Fonds national d'amorçage

Pour financer la mise en place de ces "accélérateurs", le tout jeune Fonds national d'amorçage (FNA) semble tout indiqué au CAS. Créé l'été dernier pour investir dans des fonds d'amorçage et géré par CDC Entreprises, le FNA est doté de pas moins de 600 millions d'euros. Il reviendra au prochain gouvernement de se pencher sur ce sujet du financement des entreprises innovantes, déterminant pour la croissance éonomique sur le long terme.

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Commentaire 1
à écrit le 27/02/2012 à 15:51
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Pour bien réussir une start-up : Règle N° 1 ne pas s'installer en France ! Vous allez dépenser rien qu'en statuts, un fric fou !

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