Risques agricoles : l'assureur vert est toujours dans le pré

Alors que le Salon de l'agriculture s'est ouvert samedi, Groupama, poids lourd de l'assurance récolte, fait le bilan de son activité depuis sa mise en marché en 2005.
Groupama monopolise 90% du marché de l'assurance récolte. Pourtant, seuls 30% des grandes cultures françaises sont assurées, notamment à cause du niveau élevé de la franchise. Copyright Reuters

2011 aura été mouvementée pour les agriculteurs, mais aussi pour leurs assureurs. L'épisode de sécheresse du printemps dernier aura ainsi coûté 111 millions d'euros à Groupama au titre des indemnisations versées aux agriculteurs sinistrés. A cette occasion, plus de 28000 déclarations de sinistres ont été ouvertes auprès de l'assureur vert, dont 16000 ont fait l'objet d'une indemnisation moyenne de 3000€, et 4000 d'une indemnisation moyenne de 21000€.

Seulement 30% des grandes cultures françaises assurées

En 2011, l'assureur vert a aussi dû faire face à des épisodes de grêle (56 millions d'euros d'indemnisations) ou encore à des coups de chaleur et des excès d'eau (14 millions d'euros d'indemnisations). Depuis 2005, la grêle a représenté 57% des sinistres indemnisés, la sécheresse 25%.
Avec son contrat multirisques climatiques sur récoltes "Climats" lancé en 2005, Groupama monopolise 90% du marché de l'assurance récolte, occupé par d'autres assureurs comme Pacifica, Aviva, Allianz, Axa ou L'Etoile. Pourtant, seuls 30% des grandes cultures françaises sont assurées, notamment à cause du niveau élevé de la franchise (de 20% à 30% du montant du sinistre).

Le chiffre d'affaires de l'assurance agricole en hausse

La profession estime que le chiffre d'affaires de l'assurance agricole a dû augmenter en 2011 (les chiffres ne sont pas encore consolidés). En effet, l'exclusion de la viticulture du régime des calamités agricoles l'année dernière a pu amener davantage d'exploitants à s'assurer. Auparavant pris en charge par le Fonds national de gestion des risques en agriculture, seuls les viticulteurs assurés sont désormais indemnisés en cas de sinistre.
Et la hausse des prix des produits agricoles a mécaniquement fait augmenter la masse assurée.
2012 a débuté avec un épisode de gel, qui a occasionné pour l'assureur vert plus de 10000 déclarations de sinistres de la part des agriculteurs. Et l'année promet d'être riche en débats sur le régime assurantiel des agriculteurs et la politique de gestion des risques du secteur.

Des risques trop lourds sans la réassurance de l'Etat

En France, l'Etat adopte la politique de l'autruche quant à la mise en place d'un dispositif de réassurance publique, qui permettrait aux assureurs d'élargir leur couverture à d'autres risques. Or, la profession attend toujours le rapport des pouvoirs publics sur le sujet, qui devaient être produit le... 27 janvier 2011.
Aujourd'hui, certains risques sont en effet trop importants à supporter. Pour Stéphane Gin, président du comité agricole de la Fédération française des sociétés d'assurance, il faut "trouver les réponses adaptées pour des productions comme l'arboriculture, le maraîchage ou les productions fourragères. [...] Ces segments de marché posent un enjeu particulier en termes d'équilibre, car les expositions à un événement de grande ampleur sont très élevées. On évalue le coût maximum d'un événement sécheresse sur fourrage à plus de 2 milliards d'euros" (interview sur le site de la FFSA).

De nouveaux risques à assurer

Les assureurs doivent par ailleurs se lancer dans la couverture de nouveaux risques, liés à de nouvelles activités pratiquées par les agriculteurs, comme la transformation ou la vente directe. Groupama a également lancé une garantie responsabilité civile « Produits livrés » qui assure le distributeur contre d'éventuels frais de retrait des productions qui présenteraient un risque sanitaire.
Les assureurs couvrent aussi de plus en plus les installations photovoltaïques et thermiques, les éoliennes ou encore les installations agricoles de biogaz.
Une "assurance revenus" a été créée à titre expérimental pour limiter la variabilité des revenus liée à la volatilité du prix des matières premières.

 

L'assurance multirisques climatiques sur récoltes de Groupama en 2011
Nombre de contrats 88 300
Surface assurée 4.6 millions d'hectares
Cotisations perçues 210 millions d'euros
Indemnités d'assurance versées 181 millions d'euros
Prime moyenne 36 euros/ha en grandes cultures,
216 euros/ha en viticulture,
935 euros/ha en arboriculture
Nombre d'expertises
sur la sécheresse de 2011
28 102

Source: Groupama

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