Une agence de notation s'inquiète pour la rentabilité des réassureurs

Même si la situation financière des sociétés de réassurance est actuellement solide, l'environnement très incertain menace leur rentabilité d'ici à deux ans, selon une étude de l'agence Standard & Poor's. Elle appelle à des révisions de stratégie.
L'année 2011 a enregistré de records de dommages dus aux catastrophes naturelles. Copyright Reuters

A quelques jours de l'ouverture du grand rendez-vous annuel de la réassurance mondiale à Monaco, l'agence Standard & Poor's souffle le chaud et le froid. En positif, elle souligne que les réassureurs sont bien capitalisés. Malgré une année 2011 "record pour les pertes assurées" liées à des catastrophes naturelles notamment au Japon, en Thaïlande et Nouvelle-Zélande, la santé financière des acteurs de la réassurance reste solide.

Une solidité illustrée par les résultats des principaux réassureurs au premier semestre avec des résultats nets oscillant de 206 millions d'euros pour Scor à 1,5 milliard d'euros pour Munich Re le numéro 1 du secteur. Et un ratio combiné (sinistres et charges rapportés aux primes encaissées) bien inférieur à 100%, ce qui révèle une situation saine sur le plan technique, comme le montre ce tableau:

 Des résultats techniques bénéficaires

Sociétés Ratio combiné 1er semestre 2012
Swiss Re 85,3%
Scor 93,8%
Munich Re 95,7%
Hannover Re 96,8%

 

Une rentabilité sous pression

Mais compte tenu de "l'environnement très incertain" dans lequel les sociétés de réassurance évoluent, "leur rentabilité est sans pression", selon Karin Clemens, spécialiste des questions d'assurance chez S&P à Francfort.

Certes, l'agence financière juge que les scénarios de retournement brutal du marché qui le ferait passer de "soft" actuellement (surcapacité de réassurance et prix modérés) à "hard" (manque de capacité et forte hausse des prix) ne sont pas les plus probables à moyen terme. S&P envisage ainsi successivement, pour les écarter, quatre scenarios :  la remontée durable de l'inflation, le choc résultant d'une sortie d'un pays de la zone euro, une vague de consolidation avec forte rémunération des actionnaires, et une catastrophe naturelle majeure aux Etats-Unis.

C'est toutefois cette dernière éventualité qui lui semble la plus dangereuse pour le secteur, même si la probabilité qu'elle survienne reste "modérée". Et encore, s'il elle se produisait, Standard and Poor's ne croit pas que cette catastrophe, prise isolément, conduirait à rétablir un "hard market" dans le monde entier et dans tous les domaines de la réassurance. Reste l'hypothèse de l'évènement catastrophique, par définition imprévu, comme les attentats du World Trade Center du 11 septembre 2001 qui avaient provoqué une tempête financière et des conséquences en chaîne pour l'assurance et la réassurance.

Se tourner vers les économies émergentes

En l'absence d'un retournement de marché, les prix vont continuer à rester bas et les hausses resteront ponctuelles, estime l'étude de l'agence S&P. Or dans un environnement de faibles taux d'intérêt et compte tenu des perspectives de gains moindres sur les reprises de provisions antérieures, l'agence estime que les réassureurs devront revoir leur stratégie pour trouver des relais de croissance et de bénéfices. L'une des pistes préconisée consiste à inciter les réassureurs à se tourner davantage vers les économies émergentes.

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Commentaire 1
à écrit le 04/09/2012 à 19:08
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Amusant... Et qu'en est-il des "réhausseurs" de crédit US..?? Et de AIG...?? Mais néanmoins, tant qu'ils peuvent aller à monaco, tout va bien... Ceci écrit, une enquête journalistique sur le rachat de crédit serait bienvenue, de la part d'un journal ...

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