Crédits toxiques : le lobbying des banques pour s'en sortir à bon compte inquiète les élus

Les banques craignent que la récente décision du Tribunal de grande instance de Nanterre contre Dexia dans l'affaire des crédits toxiques ne provoque une ruée des collectivités locales dans les tribunaux. Elles arguent devant Bercy que des pertes astronomiques pour l'Etat, qui a récemment repris Dexia, sont à prévoir. Ce que contestent catégoriquement les élus locaux.
Copyright Reuters

L'Etat va devoir choisir son camp. Il se trouve en effet juge et partie dans l'affaire des crédits toxiques aux collectivités locales. Ce, depuis qu'il a repris la quasi intégralité de l'antenne française de la banque Dexia, principale vendeuse de prêts aux collectivités locales pendant une bonne quinzaine d'années. Après des plaintes répétées, les collectivités locales ont finalement été en partie entendues par le Tribunal de grande instance (TGI) de Nanterre. Il a en effet récemment annulé les taux d'intérêts de trois prêts que le Conseil général de Seine-Saint-Denis avait contractés auprès de Dexia. Celle-ci a perdu l'affaire pour avoir omis de mentionner le Taux Effectif Global (TEG) dans un fax, ce qui entraîne l'application du taux d'intérêt légal sur toute la durée du prêt, proche de 0% en 2013.

Les autres banques redoutent des retombées nuisibles

Alors que Dexia a fait appel de cette décision, les autres banques ayant vendu des prêts similaires s'inquiètent à l'idée que toutes les collectivités se ruent vers les tribunaux avec dans leurs dossiers un courriel, une télécopie ou tout autre document omettant la mention d'un TEG. Les grandes banques se sont du coup rendues au ministère de l'Economie pour plaider leur cause, non sans avoir mandaté des juristes pour examiner la situation.
Elles chiffreraient le coût de la décision du TGI de Nanterre, si elle venait à faire jurisprudence, à 20 milliards d'euros... dont 10 milliards pour l'Etat puisqu' il est désormais propriétaire de la nouvelle société publique qui a remplacé Dexia, la Sfil. il est également actionnaire à près de 50% de la section résiduelle de Dexia qui possède encore 2 milliards d'encours de crédits toxiques dans son bilan. Les banques et l'administration de Bercy, peu disposée à se charger de nouveaux coûts, plancheraient sur une "loi de validation" annihilant le risque du TEG pour les banques, et qui s'appliquerait également de manière rétroactive.

Une occasion pour les banques de sortir d'une affaire complexe

Pour Maurice Vincent, maire de Saint-Etienne et président de l'association Acteurs publics contre les emprunts toxiques (APCET), l'attitude adoptée par les banques n'est qu'une tactique pour éviter in fine que la part "anormale" des intérêts des emprunts toxiques "ne leur retombe dessus". "C'est une occasion pour elles de sortir à bon compte des emprunts toxiques alors qu'elles ont une responsabilité majeure dans cette affaire", déplore-t-il. L'APCET s'inquiète ainsi de l'oreille attentive prêtée par Bercy aux revendications des banques et monte au créneau.

Les élus revendiquent un taux normal et non un taux légal

L'association estime que la facture de 20 milliards d'euros est excessive et déconnectée de la réalité des revendications des élus. Cette facture serait en fait de "9 à 10 milliards d'euros pour l'ensemble des banques, dont 6 milliards environ pour l'Etat après la nationalisation de Dexia", explique Maurice Vincent. Un montant substantiel, mais qui ne représente pas "un risque", selon le maire de Saint-Etienne. "Cette facture peut être réglée sur plusieurs années si ces prêts sont remplacés par des prêts "normaux", aux taux d'intérêt du marché", ajoute-t-il. Soit un taux d'environ 4%, bien supérieur au taux légal qu'appliquerait le jugement du TGI de Nanterre. Le maire de Saint-Etienne ne manque cependant pas de rappeler qu'un retour à la normale ne pourra pas se faire tant que les banques n'accepteront pas "de prendre leur part au règlement de cette affaire à la hauteur de leur responsabilité initiale".

Sujets les + lus

|

Sujets les + commentés

Commentaires 2
à écrit le 30/04/2013 à 17:03
Signaler
"...ce que conteste les elus locaux" me fait rire. Si nous en sommes ou nous en sommes, c'est bien la faute des elus , locaux et autres, et de leurs promesses demagogues, ca personne ne peut le contester. Il faudrait peut etre commencer a les respon...

à écrit le 17/04/2013 à 14:41
Signaler
moins ils auront d'argent, moins ils gaspilleront !! les collectivités sont la 3eme source de la dette colossale, nos 2000 milliards de boulet qui tue l'emploi et toute possibilité de relance... il faut les controler, interdire tout déficit, et compa...

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.