Paris Europlace se bat depuis des années pour améliorer l'attractivité de la place de Paris par un intense lobbying auprès des pouvoirs publiques. La mission est aujourd'hui remplie : elle est devenue l'une des places les plus attractives d'Europe, se réjouit, en substance, Augustin de Romanet, président de Paris Europlace, lors de la présentation d'un rapport sur l'attractivité pour les émetteurs.
Pour preuve, les nombreuses grandes banques d'investissement qui souhaitent renforcer leurs équipes à Paris. Le président Emmanuel Macron vient même d'inaugurer, ce jour, le nouveau siège parisien de JP Morgan, place Vendôme, un évènement jugé hautement symbolique. La banque américaine compte ainsi doubler ses effectifs dans la capitale pour les porter à 700 d'ici la fin de l'année, puis à 800 l'année prochaine. Sa rivale Goldman Sachs va également muscler son staff à 350 personnes, contre une cinquantaine de salariés aujourd'hui. Morgan Stanley, Bank of America, Standard Chattered suivent, tout comme les grands assets internationaux, comme Black Rock ou même Citadel qui envisage d'ouvrir un hub à Paris.
Déficit d'image
Bien sûr, l'essentiel de ses transferts est lié au Brexit qui désorganise la City, désormais privée de son passeport européen, « même s'il ne faut jamais se réjouir des malheurs des autres », précise Augustin de Romanet. Mais ces acteurs de poids de la finance préfèrent Paris à Francfort, voire même à Amsterdam, une place pourtant plus internationale où l'anglais est de rigueur.
Aujourd'hui, l'enjeu est ailleurs, même si la place de Paris souffre toujours d'un déficit d'image auprès des anglo-saxons, comme des charges sociales trop élevées ou une régulation jugée trop tatillonne . « Il est grand temps de faire savoir qu'une introduction en Bourse à Paris est deux fois moins chère qu'à New York et que l'Autorité des marchés financiers (AMF) a changé depuis deux ans en devenant plus pro business, comme en témoigne d'ailleurs sa réactivité sur la cotation des SPAC à Paris », souligne pourtant un banquier, membre de Paris Europlace. Sans compter une gouvernance plus light qu'aux Etats-Unis, toujours sous contrainte de la loi Sarbanes-Oxley ou des class actions.
Plus de 40 % des capitaux levés à Paris
L'enjeu, aujourd'hui, est de permettre à la place de Paris de rester sur le podium dans la compétition que se livrent les places financières sur les introductions en Bourse et les capitaux levés. Pour l'heure, le bilan est plutôt flatteur. La place française a ainsi drainé, au premier trimestre, 43% des capitaux levés sur les marchés actions en Europe, contre seulement 28 % pour la place d'Amsterdam, de plus en plus perçue comme la principale rivale de Paris.
Depuis le début de l'année, dix entreprises se sont fait coter à Paris (Believe, HRS, Affluent Medical, Aramis...) et trois SPACs, ces véhicules hybrides destinés à financer une acquisition, se sont également lancés sur Euronext Paris, qui rattrape ainsi peu à peu son retard par rapport à Amsterdam.
Mais surtout, entre 20 et 30 nouvelles introductions sont envisagées d'ici à 2025, pour l'essentiel des entreprises issues de la French Tech. « Attirer ces licornes pour une cotation à Paris représente pour nous le principal enjeu », souligne Arnaud de Bresson, délégué général de Paris Europlace. C'est d'ailleurs pour cette raison qu'un groupe de travail a été créé en avril dernier, animé par Philippe Henry, ex-responsable de la banque de financement d'HSBC pour l'Europe, et dont les principales recommandations viennent d'être dévoilées.
Droits de vote multiple
Plusieurs axes de réflexions sont ainsi proposés pour mieux accompagner les sociétés en forte croissance dans cet univers du Nextstage. Le rapport suggère ainsi de renforcer le rôle des fonds cornerstone à Paris, qui bénéficient d'une partie du capital mis sur le marché lors d'une introduction en Bourse. Il s'agit ainsi de multiplier les passerelles entre le monde du private equity et la place financière. Parmi les autres mesures envisagées figure également le principe d'une cotation sans appel au grand public pour accélérer les procédures, à l'image notamment de la cotation directe qui fait fureur dans le monde de la Tech aux Etats-Unis et à Londres.
Paris Europlace souhaite également davantage de mobilisation des investisseurs institutionnels lors des introductions en Bourse et que le label Tibi, qui engage à investir dans des sociétés françaises de technologies, soit bien respecté. Enfin, la place de Paris a lancé une réflexion avec le Haut comité juridique de la place (HCJP) sur les actions de préférence à droits de vote multiple, une demande forte des fondateurs des licornes qui souhaitent conserver un contrôle de leur société après une introduction. Pour l'heure, en France, depuis la loi Florange, seuls les droits de vote double sont autorisés.
Au total, ce sont près de 40 recommandations qui sont listés dans le rapport pour conforter le rôle de la place de Paris dans le financement de la quatrième révolution industrielle.
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