Inventeur ou imposteur ? Le procès de l'informaticien se présentant comme le père du Bitcoin s'ouvre à Londres

Ce n'est pas la première fois qu'un nom émerge pour connaître l'identité du mystérieux Satoshi Nakamoto, le pseudonyme qui apparaît sur le document fondateur de la plus célèbre des cryptomonnaies. Mais cette fois, Craig Wright va devoir justifier ses dires devant ses détracteurs, les poids lourds du secteur dont la plateforme américaine Coinbase.
Le site de l'informaticien Craig Wright.
Le site de l'informaticien Craig Wright. (Crédits : Craig Wright)

C'est l'un des plus grands mystères de l'histoire économique de ces quinze dernières années. Qui a créé Bitcoin, le protocole informatique décentralisé à l'origine de la cryptomonnaie la mieux valorisée et la plus connue au monde ? Seul indice, un document dit « white paper » publié le 31 ocotbre 2008, au lendemain de la crise financière, signé par un certain Satoshi Nakamoto. Depuis les rumeurs vont bon train : s'agit-il en réalité d'un collectif d'ingénieurs informatique qui ont percé le mystère de la cryptographie permettant, cette fois, d'éviter la duplication d'un paiement ? Sont-ce les services secrets américains ? Satoshi Nakamoto existe-t-il vraiment ?

Un Australien de 53 ans, semble, lui, avoir la réponse puisqu'il se revendique comme le père du célèbre crypto-actif dont la valorisation atteint aujourd'hui 800 millions de dollars. Craig Wright l'affirme haut et fort, il est l'inventeur du bitcoin, l'outil censé notamment révolutionner le paiement numérique avec un système de transaction de pair-à-pair. Un grand registre en ligne sécurisé qui a inspiré les milliers d'autres crypto-actifs créées.

Cette affirmation qui lui vaut, aujourd'hui, une plainte de la part de la Crypto Open Patent Alliance (Copa), une association qui vise la suppression des brevets sur les technologies liées aux cryptomonnaies, et qui réunit des poids lourds du secteur comme la plateforme d'échanges Coinbase et la société Block, spécialisée dans les paiements numériques.

Le procès s'est ouvert lundi à Londres et devrait durer jusqu'à mi-mars. Présent dans la salle, l'informaticien et entrepreneur ne sera interrogé qu'à partir de mardi.

Surnommé « Faketoshi »

Craig Wright, qui a gagné auprès de ses détracteurs le surnom de « Faketoshi » (pour « faux Satoshi »), revendique un copyright sur ce document fondateur, ainsi que sur le code de cette cryptomonnaie.

Sur son site internet personnel, Craig Wright se présente comme un scientifique, informaticien et businessman. « M. Wright est l'un des premiers esprits à l'origine de ce que nous connaissons aujourd'hui sous le nom de technologie blockchain. Il a créé nChain pour libérer la technologie et son objectif, aujourd'hui préservé sous la forme de l'implémentation de référence du nœud Bitcoin SV et de Bitcoin SV », détaille sa biographie.

Sur le réseau X, il n'a de cesse de détailler sa paternité et de la défendre : « J'ai conçu le bitcoin et je l'ai dévoilé au monde. Cependant, en BTC, ils l'ont déchiré. J'ai choisi de renoncer au BTC parce que je ne permettrai pas qu'il existe sous une forme grotesque, à la fois dans son incarnation physique et dans ses connotations sous-jacentes », écrit-il.

Durant près d'un mois et demi, la Haute Cour de justice britannique s'attèlera à déterminer si M. Wright a oui ou non écrit le « livre blanc ».

« Un grand nombre de personnes du monde entier a demandé un accès à ce procès », a fait remarquer le juge en guise introduction, qui note également avoir reçu un e-mail samedi soir d'un individu se prétendant également Satoshi Nakamoto.

L'organisation accuse Craig Wright de mentir sur son identité, et d'avoir forgé et manipulé des documents qu'il a présentés pour prouver ses dires.

« Sur une période de près de dix ans, (M. Wright) a été fortement incité à prouver qu'il était Satoshi Nakamoto, mais a toujours échoué à en apporter la preuve », a déclaré l'un des avocats représentant Copa.

Dans les documents fournis par M. Wright, il note que le logiciel utilisé ne correspond pas à celui ayant permis de rédiger le "livre blanc" originel, selon les experts des deux parties, et y figurent des traces d'utilisation de l'intelligence artificielle conversationnelle ChatGPT.

L'issue de cette affaire déterminera celle d'une autre, opposant M. Wright à 26 développeurs, des individus aussi bien que des sociétés comme la plateforme Coinbase, qu'il accuse d'avoir enfreint ses droits de propriété intellectuelle.

(Avec AFP)

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Commentaires 3
à écrit le 06/02/2024 à 10:22
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Imposteur ou inventeur, les autres restent "des pigeons" ! ;-)

à écrit le 06/02/2024 à 7:47
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Ben oui maintenant que le bitcoin est devenue une référence financière ya plein de fric à prendre dessus !

à écrit le 05/02/2024 à 17:41
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La valorisation du bitcoin est proche de 800 milliards de dollars, et non pas 800 millions.

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