Ciblée par des vendeurs à découvert, SES-imagotag chute de 55% à la reprise de cotation

La star du SBF 120, la société SES-imagotag, a décroché en Bourse dès la reprise de cotation de ses titres ce matin, après avoir été suspendu hier suite à la publication d'un rapport à charge par un fonds activiste qui a des positions vendeuses sur le titre. Dans un communiqué publié hier après midi, la société considère que ce rapport recèle de nombreuses inexactitudes et souligne que ses résultats sont audités et conformes à la réglementation.
Un contrat signé avec le géant américain Walmart a dopé le cours de l'action de SES-imagotag, spécialiste de l'étiquetage.
Un contrat signé avec le géant américain Walmart a dopé le cours de l'action de SES-imagotag, spécialiste de l'étiquetage. (Crédits : Reuters)

Le cours de l'action de SES-imagotag, une société française spécialisée dans l'étiquetage électronique pour la grande distribution, a presque été  divisé par deux à l'ouverture des marchés. Soit quelque 500 millions d'euros de capitalisation partis en fumée en quelques heures. Le titre avait été suspendu hier provisoirement en raison d'un afflux d'ordres de vente.

Alors que la valeur, qui avait intégré le prestigieux indice SBF 120 en décembre, après un parcours boursier exceptionnel (+600% en trois ans), une note publiée jeudi matin sur les réseaux sociaux par le fonds activiste Gotham City Research a brisé net cet élan boursier. Cette note détaillée d'une cinquantaine de pages accuse la société française d'avoir des rapports financiers « trompeurs, incorrects et déficients », entre 2020 et 2022. Les comptes de cette société sont pourtant audités par deux commissaires aux comptes réputés, Deloitte et KPMG.

En clair, Gotham City Research reproche à cet société spécialisée dans l'étiquetage pour la grande distribution de gonfler se revenus via des transactions commerciales fictives en pointant notamment les relations entre SES-imagotag et son principal actionnaire (à 32%), le fabricant chinois d'écrans plats BOE Technology.

La société conteste le rapport

« BOE est le plus important actionnaire, le plus important fournisseur, l'un des plus importants clients, un partenaire de coentreprise et présent au comité d'audit », relève le rapport avant de conclure sur un potentiel « de malversations financières élevé ». Pour le fonds spéculatif, le chiffre d'affaires de la société serait « exagéré » de 7 à 13% et le résultat brut d'exploitation serait également surévalué et il devrait être au moins deux fois moins élevé. La société a publié l'an dernier un résultat net de 18,7 millions d'euros.

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Dans un communiqué publié jeudi en fin d'après-midi, la société considère que ce rapport comprend « de nombreuses inexactitudes grossières et/ou incompréhensions, auxquelles la société répondra dans les prochains jours ». Elle rappelle que les comptes sont audités, que les opérations avec BOE n'ont pas d'impact sur les comptes consolidés et que la société table toujours pour un chiffre d'affaires de 800 millions d'euros en 2023 et une «rentabilité en amélioration substantielle».

Un track record persuasif

Gotham City Research critique aussi le contrat signé avec le géant américain de la grande distribution Walmart pour équiper plusieurs centaines de magasins aux États-Unis, ce qui a permis au titre d'accélérer sa hausse (+ 36% depuis janvier) pour atteindre une capitalisation de 2,6 milliards d'euros. Cette capitalisation a fondu à 1,15 milliard en début d'après midi, ce vendredi.Soit près de 1,45 milliard d'euros parti en fumée en quelques heures.

L'action avait auparavant largement superformé l'indice SBF 120, en gagnant 112% sur un an, contre 20% pour l'indice de référence. Pour le fonds, la valorisation de la société ne devrait pas dépasser 30 euros l'action, contre un cours de 166,8 euros au 21 juin et... 72 euros vendredi après-midi.

La cotation de l'action risque d'être douloureuse. Car Gotham City Research a acquis une certaine réputation pour débusquer les vilains petits canards de la cote. C'est lui en effet, raconte Les Echos, qui avait dénoncé en 2014 les artifices comptables de la start-up espagnole Let's Gowex, déclarée en faillite peu après.

Par ailleurs, Gotham City Research, via des fonds spécialisés, a également parié sur la baisse des titres Wirecard (Allemagne) et Steinhoff (Afrique du Sud), deux énormes scandales comptables. En tout cas, Dan Yu, le fondateur des Gotham City Research a le sens du timing : il a publié son rapport la veille de l'assemblée générale des actionnaires de SES-imagotag.

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Commentaires 5
à écrit le 25/06/2023 à 18:03
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Se mettre massivement vendeur, après avoir emprunté un max de titres auprès des grands dépositaires, et y aller vraisemblablement avec d’autres hedge funds, et déclencher le rallye à la baisse avec une étude à la vente qu’on a soi même écrite, si ce...

à écrit le 23/06/2023 à 18:35
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Et pas de réaction de l'Autorité des Marchés Financiers, ni des Commissaires aux Comptes concernés ? On ne la leur a peut-être pas demandée...

à écrit le 23/06/2023 à 8:02
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Banales manipulations de marchés venant de ces gens qui ont besoin de manipuler pour gagner toujours plus non ? Elle est tellement nulle leur économie financière...

à écrit le 22/06/2023 à 23:12
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Soit tous les contrôles internes et externes ont failli, et ils ont failli ensemble et à répétition (ce qui serait remarquable), soit l'entreprise est victime d'une tentative de déstabilisation. On va bien voir. Il ne doit pas être facile d'apparten...

à écrit le 22/06/2023 à 18:57
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"nombreuses exactitudes " !!! ne s'agirait il pas plutôt d'inexactitudes ?

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